Avec une trilogie entière située dans la mythologie grecque (même bien plus si l’on compte les épisodes PSP et Ascension), beaucoup s’attendaient à ce que God of War s’inscrive dans un nouveau tryptique en pleine mythologie nordique. Seulement voilà, ça ne sera visiblement pas le cas et pour de bonnes raisons.
Avec God of War, sorti en 2018, Santa Monica a réussi un très beau tour de force : prolonger sa saga en transposant Kratos dans une autre mythologie tout en renouvelant totalement son style de jeu. Un opus qui a demandé un temps fou et un investissement risqué, humainement comme financièrement : autant dire que sa suite, Ragnarok, est attendu au tournant et que les espoirs qui reposent sur les épaules du Dieu Grec sont gigantesques.
Un jeu qui ne s’appelle pas Ragnarok pour rien
Pour ainsi dire, beaucoup pensaient donc que cette nouvelle “saga nordique” s’étendrait sur un modèle similaire que la précédente : comme l’explique néanmoins Cory Barlog, directeur du jeu de 2018 et producteur de sa suite, dans un podcast tenu par le YouTuber Kaptain Kuba, cette nouvelle série tiendra en seulement deux jeux et s’achèvera avec Ragnarok. L’animateur a effectivement demandé d’où venait cette idée… et elle est issue directement de l'esprit du développeur lui-même.
Ouais. Il y a plusieurs raisons à cela. La plus importante d’entre elles, c’est que… le premier jeu nous a pris cinq ans. Le deuxième, je ne sais pas exactement combien de temps il exigera au total, mais on peut dire qu’il nous prendra un temps similaire. Et si l’on songe à un troisième jeu avec le même schéma, on parle d’environ quinze ans pour raconter une seule et même histoire. J’ai le sentiment que c’est beaucoup trop tiré en longueur, comme si j’avais l’impression que nous en demandions trop pour boucler ce scénario. Ça semble vraiment… trop long.
Étant donné où en était l’équipe de développement et la progression d’Eric (le directeur de Ragnarok, ndlr) par rapport à ce qu’il voulait, j’ai pensé que nous pouvions vraiment finir tout ça dans cette deuxième aventure, vous voyez. Ce que l’on essaie de faire depuis le début, c’est raconter une histoire centrée sur Kratos et Atreus. Le noyau dur, le moteur même de l’histoire, c’est cette relation entre ces deux personnages.
La qualité au détriment de la quantité
Pourtant, les idées ne manquaient pas. Comme l’a indiqué Cory Barlog, il avait songé à des moyens de prolonger les péripéties, par exemple en faisant naviguer Kratos et son fils sur toute la mer nordique. “Ca aurait été génial, mais est-ce que c’est vraiment bénéfique et nécessaire ? Est-ce qu’on ne serait pas surtout en train d’éparpiller l’histoire, de trop l’étendre au point de perdre les motivations d’origine ?”
Santa Monica trouve donc judicieux d'étaler son discours dans deux jeux, ce qui s’avère largement suffisant, plutôt que d’aller trop loin dans l’écriture et de perdre la communauté. Un discours qui rappelle un peu celui de Neil Druckmann, réalisateur et coscénariste de The Last of Us Part II, qui avouait que si le titre avait pris autant de temps (sept ans), c’est bien parce qu’il fallait trouver des propos valables pour faire une nouvelle aventure qui se suffisait pourtant à elle-même. Pas la peine de faire des opus à tire-larigot si l’on n’a rien de pertinent à raconter, donc.
Pour rappel, God of War Ragnarok sortira en 2022 sur PS4 et PS5.
Source : Cory Barlog (via l'interview de Kaptain Kuba)