Depuis le 13 août 2020, date clé durant laquelle Epic tentait de contourner le système de paiement d'iOS et sa commission de 30 % avec une méthode de paiement direct dans Fortnite, de grands noms semblent forger une alliance contre Apple.
Microsoft a publié il y a quelques heures "10 principes pour le Microsoft Store sur Windows". Une déclaration qui survient en plein conflit entre les géants Epic et Apple, dont le procès se tiendra en mai 2021 . Sans faire directement mention de ce dernier, l'entreprise indique s'appuyer sur les idées de Coalition for App Fairness, une nouvelle alliance regroupant Epic, les sociétés mères de Tinder, Spotify, Deezer, Basecamp, ou encore Blix, vouée à dénoncer les pratiques commerciales imposées par Apple et Google.
Aujourd'hui, nous adoptons 10 principes - s'appuyant sur les idées et le travail de la Coalition for App Fairness (CAF) - pour promouvoir le choix, assurer l'équité et favoriser l'innovation sur Windows 10, notre plateforme la plus populaire, et notre propre Microsoft Store sur Windows 10.
Sur certains points, la position de Microsoft se veut contraire à celle d'Apple, refusant de "bloquer les app stores concurrentes" ou les applications selon le modèle commercial décidé par le développeur. "Notre app store facturera des frais raisonnables", indique t-il encore plus loin. Les quatre premiers principes sont ainsi voués à préserver une "liberté de choix, de concurrence et d'innovation" sur Windows 10.
- Les développeurs auront la liberté de choisir de distribuer leurs applications pour Windows par l'intermédiaire de notre boutique d'applications. Nous ne bloquerons pas les app stores concurrents sur Windows.
- Nous ne bloquerons pas une application de Windows en fonction du modèle commercial d'un développeur ou de la manière dont il fournit du contenu et des services, notamment si le contenu est installé sur un appareil ou diffusé depuis le cloud.
- Nous ne bloquerons pas une application de Windows en fonction du choix du système de paiement à utiliser pour le traitement des achats effectués dans son application par un développeur.
- Nous donnerons aux développeurs des informations sur les interfaces d'interopérabilité que nous utilisons sur Windows, comme indiqué dans nos principes d'interopérabilité
- Chaque développeur aura accès à notre app store tant qu'il répondra à des normes et des exigences objectives, notamment en matière de sécurité, de confidentialité, de qualité, de contenu et de sécurité numérique.
- Notre app store facturera des frais raisonnables qui reflètent la concurrence à laquelle nous sommes confrontés de la part des autres app stores sur Windows et ne forcera pas un développeur à vendre dans son application ce qu'il ne veut pas vendre.
- Notre app store n'empêchera pas les développeurs de communiquer directement avec leurs utilisateurs par le biais de leurs applications à des fins commerciales légitimes.
- Notre app store proposera nos propres applications selon les mêmes normes que celles des applications concurrentes.
- Microsoft n'utilisera aucune information ou donnée non publique de son app store concernant l'application d'un développeur pour lui faire concurrence.
- Notre app store sera transparent en ce qui concerne ses règles et politiques et ses possibilités de promotion et de commercialisation, les appliquera de manière cohérente et objective, notifiera les changements et mettra à disposition une procédure équitable pour résoudre les litiges.
Le géant prend également le temps de développer le principe n° 6, qui offre aux développeurs la possibilité de décider ce qu'ils veulent vendre ou non dans leurs applications.
Par exemple, en tant que développeur d'applications, nous avons parfois été frustrés par d'autres magasins d'applications qui nous obligent à vendre des services dans nos applications même lorsque nos utilisateurs ne les attendent pas ou ne les veulent pas et que nous ne pouvons pas le faire de manière rentable.
Une large coalition formée contre Apple
Cette déclaration décrite comme une première étape, gagnerait selon Microsoft à prendre la direction d'un débat public sur la manière d'équilibrer équitablement les intérêts des développeurs et des propriétaires de plateformes. En août, alors qu'Apple avait pour projet d'empêcher l'accès d'Epic aux outils de développement sur iOS, l'entreprise publiait déjà une déclaration allant dans le sens de ce dernier ; celle-ci indiquait l'importance cruciale du moteur Unreal et que le retirer "porterait préjudice aux créateurs de jeux et aux joueurs".
Suivant cette nouvelle publication, la Coalition for App Fairness a publiquement félicité la décision de Microsoft, évoquant une étape "cruciale" pour l'uniformisation des règles imposées aux développeurs. De son côté, Tim Sweeney , CEO d'Epic, décrit cette dernière comme "merveilleuse à voir".
Créer une norme de conduite cohérente sur toutes les plateformes prend du temps. Le feedback est essentiel et nous applaudissons les progrès réalisés par Microsoft. La Coalition for App Fairness collaborera étroitement avec Microsoft pour s'assurer qu'à mesure que ses principes évoluent, ils continuent à avoir un impact positif sur l'ensemble du secteur. - Coalition for App Fairness
Rappelons qu'en parallèle, au mois d'août dernier, Microsoft clôturait son test pour xCloud sur le système iOS, indiquant qu'"Apple était la seule plateforme polyvalente qui empêchait les consommateurs de profiter des services de cloud gaming et d’abonnement à des jeux comme le Xbox Game Pass". La marque à la pomme avait alors expliqué que les développeurs doivent soumettre leurs jeux individuellement afin d'intégrer le store.
Mais selon l'ancien directeur de l'App Store, Phil Shoemaker, la raison serait que le propre service d'abonnement d'Apple, Apple Arcade, représente un concurrent direct. Il évoque des directives "arbitraires" et "discutables" ; des propos relatés dans un rapport publié par les démocrates de la Chambre des Représentants , qui stipule qu'Apple a autorisé sa propre application (Apple Arcade) dans sa boutique "même si elle viole les directives existantes". Un document désapprouvé par Apple, qui déclarait à Business Insider mercredi dernier ne "pas détenir de part de marché dominante" et avoir construit un endroit sûr et fiable pour les utilisateurs.
De leur côté, les abonnés du Game Pass Ultimate disposant d'un appareil Android peuvent profiter du service xCloud depuis le 15 septembre. Cette semaine, Phil Spencer aurait finalement trouvé le moyen de contourner les restrictions mises en place, grâce à une "solution basée sur un navigateur internet".
Une coalition se soulève contre Apple et Google