Dire que le remaniement des quêtes principales d'A Realm Reborn (ARR) était attendu serait un euphémisme. Nombreux sont les joueurs qui ont lâché l'affaire tant la montée jusqu'au niveau 50, et la centaine de quêtes qu'il faut ensuite compléter pour passer à l'extension Heavensward , peut paraître longue et redondante, la faute notamment aux multiples allers-retours imposés. "Au fil des extensions et des mises à jour, les compétences de l’équipe de développement se sont améliorées. La manière dont les quêtes d'A Realm Reborn ont été conçues est différente de ce que nous faisons maintenant. Cela a généré de la frustration en quelque sorte au sein de l’équipe. Nous avons mis deux ans et demi pour concevoir A Realm Reborn, soit une période de temps très courte pour créer un jeu. Il fallait alors établir et suivre des lignes directrices très claires pour la création du contenu, comme faire en sorte que chaque quête dure environ neuf minutes, même si le joueur passe tous les textes", raconte Naoki Yoshida.

Grâce au patch 5.3, progresser dans cette partie du jeu sera bien plus agréable et fluide : "nous avons identifié les quêtes que nous pouvions retirer (environ 13% au total, NDLR) sans empêcher les joueurs de croiser certains PnJ importants de l’histoire, et celles à conserver que nous avons optimisées, en réduisant le nombre d'étapes requises pour les compléter (se déplacer à tel endroit, parler à tel PnJ...). Nous avons aussi augmenté le gain d'XP de ces quêtes. Le but est de soulager le fardeau du joueur", explique le producteur et réalisateur.

Autre changement : il sera possible d'utiliser des montures volantes dans les zones d'ARR à partir du niveau 50 (après avoir complété une certaine quête). En somme, un gain de temps considérable pour les nouveaux joueurs, qui pourront se concentrer sur l'histoire principale et progresser sans avoir à compléter des quêtes annexes pour grappiller de l'XP. Notez que Yoshida n'écarte pas la possibilité de réaliser une refonte d'une ampleur similaire pour l'épopée des extensions Heavensward et Stormblood à l'avenir.

Nous en avons profité pour aborder la question du gameplay à bas niveau, que certains, notamment les habitués des MMO, peuvent juger ennuyant à cause du faible nombre de compétences à gérer. "C'est un sujet complexe. Il faut prendre en compte les néophytes des MMO. On ne peut pas mettre trop de choses compliquées aux débuts du jeu, le gameplay doit être assimilable petit à petit. Puisque c’est un MMO, nous voulons que les joueurs aient l’impression de gagner en puissance quand ils montent en niveau. Écouter uniquement les retours des vétérans qui sont déjà habitués à gérer beaucoup de touches et d’actions n'est pas forcément une bonne idée, il faut trouver un bon équilibre, et c’est ce que nous essayons de faire", estime Yoshida à ce sujet. Il faut donc prendre son mal au patience, car si le gameplay tarde à se dynamiser, il n'y a pas vraiment le temps de s'ennuyer dans les combats à haut niveau.

L'essai gratuit étendu jusqu'au niveau 60

Les plus pressés qui souhaitent immédiatement se frotter au contenu de la dernière extension en date peuvent toujours dégainer la carte de crédit et acheter des objets permettant de passer l'épopée ou d'obtenir un personnage haut niveau d'office, à la manière des "sésames" de World of Warcraft . Yoshida ne recommande toutefois pas leur utilisation : "nous mettons tant d'efforts pour proposer une super histoire, nous voulons donc que les joueurs plongent dedans et qu'ils la découvrent intégralement. Nous aimons bien comparer FF XIV à une série TV, chaque extension pouvant être considérée comme une nouvelle saison", présente-t-il.

Pour inciter les joueurs à y jeter un œil, Square Enix a mis en place une offre d'essai permettant de jouer gratuitement sans limite de temps jusqu'au niveau 35. Avec la sortie du patch 5.3, ce cap sera augmenté jusqu’au niveau 60. C'est ainsi tout le contenu du jeu de base et d'Heavensward (y compris les quêtes des patchs 3.1 à 3.56) qui seront accessibles sans rien avoir à débourser, pour un total de treize jobs et six races jouables, et une bonne centaine d'heures de jeu en perspective. "L’histoire d'Heavensward a très bonne réputation. Nous avons pensé que c’était la meilleure approche, de permettre aux joueurs d’essayer le jeu, et s’ils l’apprécient et souhaitent continuer, ils peuvent s’abonner", explique Yoshida.

Il défend par ailleurs fermement ce modèle par abonnement, condition sine qua non pour proposer des mises à jour conséquentes et régulières : "certains peuvent penser que le coût d’entrée d’un jeu à abonnement est trop élevé, mais à partir du moment où vous payez et que vous achetez les extensions, vous avez accès au même contenu que tout le monde, et nous pouvons ainsi nous concentrer sur le fait de créer du contenu amusant. Dans le cas d'un free-to-play, les développeurs doivent proposer des microtransactions pour générer des revenus, et si vous jouez sans rien dépenser, progresser vous prend énormément de temps. Pour FF XIV, un modèle de ce genre n’aurait aucun sens compte tenu de notre philosophie et de ce que nous voulons offrir aux joueurs", juge-t-il.

Presque sept ans après sa renaissance inespérée et le lancement d'ARR, le MMO compte désormais 20 millions de joueurs inscrits, comptes d'essai compris (Square Enix ne divulgue pas le nombre de joueurs actifs et d'abonnés). C'est quatre millions de plus par rapport au mois de juin 2019, qui a vu la parution d'une extension saluée par les joueurs et la critique, Shadowbringers . Yoshida et son équipe comptent bien entendu poursuivre sur cette lancée, avec encore "énormément d'idées et de projets" à mettre en place. En attendant de découvrir ce qu'ils réservent pour l'avenir, il y aura de quoi faire grâce au patch 5.3, avec en figure de proue la conclusion de l'arc Shadowbringers et la deuxième partie du raid à 24 joueurs NieR Automata .