Je vais présenter et défendre ici une des positions les plus timbrées de la philosophie contemporaine : le réalisme modal de David Lewis.
(I) Les contre-factuels
Notre monde existe d’une certaine manière avec toutes ses particules et ses lois de la nature, mais il aurait pu être différent. Les constantes de la physique auraient pu être différentes. Si César n’avait pas franchi le Rubicon, il n’aurait pas précipité la chute de la République. Si j’avais joué les bons numéros, j’aurais gagné au loto. Si je n’avais pas raté mon train, je ne serais pas en retard. Ces possibilités sont des propositions dites contre-factuelles. Nous les utilisons couramment. Elles décrivent des événements qui auraient pu se réaliser.
Ces contre-factuels posent un problème en terme de vérité. Il est assez simple de dire si la proposition « J’ai loupé mon train » est vraie ou fausse. Pour vérifier si elle est vraie, je dois vérifier si je suis dans le train ou pas. C’est mon vérificateur. Si je n’y suis pas, la proposition est vraie. La proposition contre-factuelle « Si je n’avais pas raté mon train, je ne serais pas en retard » semble vraie de manière très intuitive. Quel est le vérificateur dans ce cas ? Ça semble beaucoup plus obscur.
(II) La théorie des mondes possibles
La théorie des mondes possibles permet de rendre plus claire la manière dont on vérifie la valeur de vérité des propositions. Elle permet de rendre compte de la logique modale. Cette théorie nous invite à penser que notre monde constitue une manière dont les choses auraient pu être, mais que d’autres mondes parallèles au nôtre auraient pu exister et que dans ces mondes parallèles les choses auraient pu être différentes. Ainsi, il y a un monde possible où je n’ai pas loupé mon train et où je ne suis pas en retard. Ce monde possible est le vérificateur du contre-factuel « Si je n’avais pas raté mon train, je ne serais pas en retard ». A noter que le « je » dans cette proposition n’est pas réellement moi. On dit que c’est ma contre-partie, c’est mon équivalent dans ce monde possible.
Les mondes possibles de cette théorie sont des mondes isolés. Il n’y a pas de passage entre les différents mondes possibles. Pour la plupart des philosophes, les mondes possibles sont des constructions mentales qui sont des outils puissants pour rendre compte de la vérité de propositions modales. Ils sont aussi utilisés dans les expériences de pensée.
Cependant, quelques philosophes comme David Lewis soutiennent que ces mondes possibles existent réellement. Qu’ils ne sont pas juste des constructions de notre esprit. C’est ce qu’on appelle le réalisme modal. Selon cette théorie, le monde possible où ma contre-partie est président de la République existe vraiment et notre monde à nous est aussi réel que cet autre monde. De même pour le monde possible où les animaux peuvent parler. Idem pour le monde possible où les cygnes sont bleus.
Le réalisme modal soutient que tout ce qui pourrait exister existe réellement dans un autre monde (dit monde possible) et qu’il existe donc une infinité de mondes possibles. En clair, notre monde est un monde possible parmi tant d’autres. Notre monde possible est dit actuel, car nous sommes dedans (c’est le nôtre). Quelles sont alors les raisons de soutenir cette thèse ?
(III) Les arguments en faveur du réalisme modal
Selon David Lewis, le réalisme modal n'est pas logiquement prouvé. Mais pour lui le réalisme modal est la seule position intellectuellement satisfaisante au regard des théories concurrentes. Sans reprendre tous ses arguments, je vais présenter ici trois grands arguments en faveur de cette théorie :
(III.1) Le réalisme modal est utile
Le réalisme modal est pratique pour rendre compte des contre-factuelles et de la modalité en général. La proposition "Si César n’avait pas franchi le Rubicon, alors il n’aurait pas précipité la fin de la République romaine" est vraie car il y a vraiment un monde où César ne franchit pas le Rubicon et où il ne précipite pas la fin de la République romaine et est vraie car dans le monde possible le plus proche de nous où César ne franchit pas le Rubicon la chute de la République n’est pas précipitée.
Le réalisme modal permet ainsi de rendre compte de la vérité de propositions contre-factuelles par la comparaison de deux mondes de mêmes nature (le nôtre et le monde possible proche de nous). Comme ce sont des entités de même nature dans les deux mondes, la comparaison et la détermination de la valeur de vérité sont aisées. Mon raisonnement contre-factuel correspond à un état de fait dans un monde possible proche. Alors que si le monde possible n’existe pas réellement, il semble moins clair comment la vérité de la proposition contre-factuelle est assurée.
David Lewis expose d’autres raisons qui sont listées ici https://en.wikipedia.org/wiki/On_the_Plurality_of_Worlds#Chapter_1_-_A_Philosopher's_Paradise Pour lui, le réalisme modal est une théorie plus économe que les autres avec des pouvoirs explicatifs plus grands.
Une théorie peut être utile, mais de là à la soutenir il y a tout de même un pas à faire. Pour Lewis, il n’y a rien d’extravagant à cela. Les mathématiciens acceptent l’existence de nombreux objets abstraits car ils leurs sont utiles pour leurs recherches. Pour Lewis, les mondes possibles jouent un rôle similaire en philosophie.
(III.2) Le réalisme modal respecte le mieux le principe de parcimonie (rasoir d’Occam)
David Lewis soutient que tous les choses les plus extravagantes existent réellement dans d’autres mondes. Ainsi, il existe réellement dans un monde possible des girafes sur Mars qui parlent coréen. Ca suppose d’admettre l’existence d’une quantité incroyable de phénomènes, ce qui ne semble pas très parcimonieux.
Pour Lewis, c’est tout le contraire. Le réalisme modal est le plus parcimonieux pour lui. Il y a deux manières de comprendre le principe de parcimonie :
Selon lui, la parcimonie qualitative doit être préférée à la parcimonie quantitative. Par exemple, il est plus simple de dire que le bruit que j’entends dans la forêt est causé par des petits animaux que je n’arrive pas à voir plutôt que de dire que c’est un fantôme. Postuler l’existence d’un petit animal, cela revient juste à ajouter un animal à la liste des animaux que je connais. Alors que postuler l’existence d’un fantôme (par essence immatériel) qui arrive à faire du bruit, ça semble aller à l’encontre du principe de parcimonie.
Du point de vue quantitatif, la théorie de Lewis échoue. Mais du point de vue qualitatif, c’est un succès. En admettant que les mondes possibles existent réellement, je n’ai pas besoin de postuler l’existence de choses abstraites pour expliquer les raisonnements contre-factuels. Nous postulons déjà que notre monde existe. Lewis nous dit qu’il ne fait qu’ajouter d’autres mondes. C’est-à-dire d’autres choses de la même qualité. Il est plus parcimonieux de soutenir qu’il existe plus de choses du même type, plutôt que soutenir qu’il existe des choses d’un type nouveau.
Lewis va même plus loin. Il ne soutient qu’une chose : il y a des mondes possibles. Si je soutiens qu’il n’y a qu’un monde (le nôtre), je dois aussi soutenir qu’il y a un mécanisme qui fait qu’il ne peut pas y avoir d’autres mondes. Encore un point pour lui pour la parcimonie, puisque je suis obligé de soutenir deux choses. Du point de vue de la parcimonie ontologique, le réalisme modal est supérieur.
Conclusion
Le réalisme modal est donc une théorie extravagante par la quantité d’entités que cela suppose, mais elle est plus raisonnable que les autres théories concernant la qualité des entités existantes. De plus, cette théorie permet de rendre compte de problèmes et développements philosophiques à la manière des mathématiciens.
En devenant réaliste modal, vous serez donc armés pour passer pour des fous furieux lors des repas de fin d’année. Et si tout cela ne vous a pas encore convaincu, voici quelques applications de la théorie de David Lewis pour la vie de tous les jours :
Références
https://plato.stanford.edu/entries/david-lewis/#6
http://daalv.free.fr/Master-2011-2012/LMPHI%20155%20-%20Anglais%20philo/Lewis-David-(1986)-On-the-Plurality-of-Worlds.pdf
https://en.wikipedia.org/wiki/On_the_Plurality_of_Worlds
http://www.philosophye.com/2017/06/everybody-wanted-to-know-what-i-would.html
Je trouve pas ça du tout timbré, sauf si on considère que l'infini est un concept de timbrés, car selon moi ce n'est qu'une conséquence logique de l'infini. En effet, si l'infini existe, alors une infinité de mondes existe aussi nécessairement
Le 17 décembre 2017 à 22:23:20 JvcElbatej2 a écrit
1) Parce que je suis assez sûr qu'un infini n'est pas actualisable. Trop de paradoxe qui en sorte, donc dans la mesure où le réalisme modal fait appel à un infini quantitatif, pour moi c'est à jeter.
2) Problème de l'ordre: pourquoi on est-tombé dans un univers qui i) analysable et ii) assez ordonné? Ca devient complètement absurde où on pourrait tout à fait tomber dans la demi-seconde dans une modification totale des lois de la nature, et se retrouver dans le monde d'Harry Potter par exemple. Pourquoi ce n'est pas le cas?
1) Qu'est-ce que tu appelles un infini actualisable ? Exemples de paradoxe ?
2) Parce que tout est possible, dont le fait que des mondes quasiment identiques se succèdent à l'infini
@ JvcElbatej2 : Dans son bouquin David Lewis consacre un chapitre pour réfuter les paradoxes de sa théorie. J’ai pas lu la littérature à ce sujet, mais ça me surprendrait qu’on puisse formuler le réalisme modal de manière à éviter les paradoxes.
Par contre, je suis d’accord sur le fait que l’infini quantitatif est à jeter. Il y a quand même quelque chose de complètement fumeux dans le fait de refuser l’abstractionnisme et d’accepter à côté l’existence de toutes les choses qui me passeraient par la tête. La parcimonie qualitative au détriment de la parcimonie quantitative, c'est bien. Mais il y a certaines limites au bout d'un moment.
Sur ton second point, la réponse me semble assez simple pour Lewis. Tous les mondes possibles existent. Il se trouve juste que toi et moi on se retrouve dans le monde qui n’est pas celui d’Harry Potter. Après tout, notre monde actuel parait complètement dingue pour des êtres humains dans un monde possible pas trop éloigné du nôtre. Après le débat est similaire à celui qui concerne les multivers.
Si le réalisme modal de Lewis, on pourrait à tout instant observer des trucs grotesques: genre mon bureau qui se transformerait spontanément en lapin, car la possibilité existe. Et ce serait comme ça tout le temps.
N'est-ce pas aussi logiquement possible que nous soyons dans un univers où cela ne soit jamais le cas? Je comprends que le nombre possible de monde où c'est le cas est quantitativement bien supérieur, mais si le réalisme modal est vrai, alors notre univers (ordonné, intelligible) doit exister. Si des formes de nous existent dans un univers chaotique, alors pour eux le réalise modal est évident.
Par contre, en parcourant le wiki sur le réalisme modal, il y a un aspect que je ne comprends pas:
5. Possible worlds are unified by the spatiotemporal interrelations of their parts; every world is spatiotemporally isolated from every other world.
https://en.wikipedia.org/wiki/Modal_realism
Je ne vois pas bien ce que Lewis voulait dire par ça.
Le 18 décembre 2017 à 01:15:19 JvcElbatej2 a écrit :
Si on pouvait avoir un nombre infini d'objet, on pourrait construire ce livre. Mais ce livre ne peut pas exister.
Prends un livre classique entre tes mains déjà : tu peux le toucher et le voir. Pourtant cet objet qui te semble unique est lui-même composé de plusieurs milliards d'atomes, eux-mêmes composés d'un nombre de particules élémentaires que je te laisse imaginer. Et ce qui serait vraiment paradoxal, c'est que ça s'arrête là.
En effet, aussi petite qu'une particule élémentaire puisse être, on pourrait toujours diviser mathématiquement sa taille. La réalité est donc divisible à l'infini. D'ailleurs, si ça n'était pas le cas, ça poserait un problème de parcimonie, parce que ça reviendrait à expliquer d'où vient le dernier élément insécable, et surtout pourquoi il est insécable, et on verrait Dieu ressurgir dans les débats.
Concernant la deuxième réponse, je ne comprends pas votre histoire d'infini quantitatif et d'infini qualitatif, il n'y a aucune raison de distinguer deux types d'infini, puisque dans l'absolu il n'y en a qu'un. Il faut bien comprendre que tout est possible ET que toutes les possibilités existent en même temps, donc leur probabilité d'existence est toujours de 100%.
Donc si toutes les nanosecondes tu tombes dans un univers différent, les chances de tomber dans un univers quasiment identique au précédent sont de 100%. Après je suis d'accord que celles de tomber dans un univers complètement différent sont également de 100%, mais dans un tel cas tu disparais direct puisque tes conditions d'existence ne sont plus respectées.
Soit on existe tout de même consciemment et indépendamment dans un grand nombre d'univers parallèles sensiblement identiques au nôtre, soit, compte tenu de la sensibilité aux conditions initiales, il n'y a toujours qu'un seul univers où notre existence est possible. Dans le premier cas, j'aurais très bien pu ne jamais écrire ce texte dans un univers parallèle où c'eût été la seule chose qui change de notre univers actuel, et on évoluerait alors dans une réalité indépendante de la nôtre sans même s'en rendre compte
Le 18 décembre 2017 à 10:39:20 AMD66 a écrit :
Par contre, en parcourant le wiki sur le réalisme modal, il y a un aspect que je ne comprends pas:5. Possible worlds are unified by the spatiotemporal interrelations of their parts; every world is spatiotemporally isolated from every other world.
https://en.wikipedia.org/wiki/Modal_realism
Je ne vois pas bien ce que Lewis voulait dire par ça.
Je pense qu'il veut juste dire qu'ils existent tous dans l'espace-temps mais qu'ils sont tous indépendants
Le réalisme modal n'implique t'il pas justement que nous existions à la fois dans ces univers chaotiques et ici?
Je te parle de théorie parce que c'est justement une théorie, purement métaphysique qui plus est, donc on ne peut pas la prouver. C'est comme si je te demandais de prouver l'existence de Dieu, donc c'est assez ironique que tu me reproches de ne rien prouver.
Toujours est-il que supposer l'existence de Dieu pour expliquer l'univers ne fait que déplacer le problème puisqu'il faut maintenant expliquer Dieu. Et la seule façon de l'expliquer pour ne pas tomber dans une régression à l'infini des causes, c'est de considérer que Dieu est le néant et que notre univers en soit sorti spontanément.
Il y a ainsi deux grandes hypothèses sur la nature de la réalité :
-soit il y a un début, qui implique le néant mais qui n'implique pas forcément une fin, donc qui n'exclut pas l'infini
-soit il n'y a pas de début, ce qui implique l'infini mais n'exclut pas une fin pour autant, donc un néant
Pour moi ça revient plus ou moins au même, et les notions d'infini et de néant se confondent, ce sont deux faces d'une même réalité que j'appellerai infinéant.
Ensuite, considérons l'être, c'est-à-dire tout ce qui est, tout ce qui a une existence réelle. Et supposons que le nombre de configurations possibles de cette réalité soit illimité, et qu'elles existent toutes en même temps. Alors j'existe bel et bien dans chacune de ces configurations, mais pas forcément sous une forme consciente comme maintenant. Et quand c'est le cas, j'ai toujours l'impression que c'est la seule version de la réalité.
Cette théorie implique que le temps et la conscience n'existent pas, ce seraient des illusions
Si une infinité de possibilité existe, la proportion P(A|B&C)/P(~A|B&C) n'est-elle pas impossible à déterminer?
JvcElbatej2, il n'y a aucun problème à parler de probabilité sur un ensemble infini.
On peut tirer aléatoirement un nombre réel entre 0 et 1, alors la probabilité d'avoir tiré 0,42539 ou tout autre nombre est nulle, par contre on peut établir des résultats du type : La probabilité de tirer un nombre entre 0 et 0,5 est de 1/2.
On pourrait donc très bon considéré qu'à chacun des mondes possible soit associé un "poids", comme tu dis, qui soit un nombre réel entre 0 et 1.
Concernant ton troisième argument, je ne vois pas bien pourquoi, je te cite :
il y a bien plus de mondes où C et ~A tiennent.
Pourquoi tous les mondes possibles ne seraient-ils pas tous bien ordonnés (ou au contraire tous chaotique) mais avec des ordres différents?
La probabilité de "tirer notre monde" est nulle, oui, et ça n'a pour moi rien d'étonnant. Et si l'on me demande de choisir un nombre entre 0 et 1 que je choisis 0,421346 alors il y avait une probabilité nulle que je choisisse ce nombre, et pourtant je l'ai choisi.
Bref, je ne vois pas en quoi les probabilités viennent finalement argumenter contre l'existence des mondes possibles. On peut admettre qu'ils existent tous de façon équiprobable, et que cette probabilité est nulle ce qui n'est pas équivalent à dire que ces mondes sont impossibles. (On pourrait, avec un bon choix de modèles de probabilités, déclarer que tous les évènements qui se sont un jour produit dans notre monde avaient une probabilité nulle de se produire, ce qui ne les a pas empêché de se produire)
Sinon, pour ta dernière question, disons qu'intuitivement ça me parait être le cas. Tu peux ne pas être d'accord, bien entendu. Mais a priori, je peux imaginer d'avantage d'univers bordélique qu'ordonné. On pourrait aussi se baser sur un raisonnement inductif: au sein de notre monde, parmi un ensemble de configurations d'éléments, il y a plus de possibilités chaotiques qu'ordonnées. Par conséquent, au sein d'un ensemble de monde, ça devrait être pareil.
Cela me paraît assez peu philosophique. Pourquoi il y aurait-il "plus de possibilités chaotiques qu'ordonnées" ? Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire?
Tu essaies de faire des mathématiques avec des éléments philosophiques, alors je te réponds en mathématiques.
Mathématiquement, quelque chose peut être de probabilité nulle et pour autant être possible.
Que dois-je dire de plus? Après, je ne saisis pas non plus tous tes propos, donc il y a peut être une nuance qui m'échappe.
Le 18 décembre 2017 à 20:04:22 JvcElbatej2 a écrit :
Le 18 décembre 2017 à 19:58:14 Jooord a écrit :
Sinon, pour ta dernière question, disons qu'intuitivement ça me parait être le cas. Tu peux ne pas être d'accord, bien entendu. Mais a priori, je peux imaginer d'avantage d'univers bordélique qu'ordonné. On pourrait aussi se baser sur un raisonnement inductif: au sein de notre monde, parmi un ensemble de configurations d'éléments, il y a plus de possibilités chaotiques qu'ordonnées. Par conséquent, au sein d'un ensemble de monde, ça devrait être pareil.
Cela me paraît assez peu philosophique. Pourquoi il y aurait-il "plus de possibilités chaotiques qu'ordonnées" ? Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire?
Prenons un exemple: si tu lances les bâtons du mikado, il y a bien plus d'états où les bâtons sont les uns sur les autres que d'états où ils sont alignés en file, ou mis les uns à côté des autres.
C'est ça l'idée.
Mais en quoi un état aligné est-il plus ordonné qu'un autre?
Ca me rappelle un peu les exercices soit-disant de logique du type :
Complétez la suite logique :
1 - 3 - 5 - 7 - 9 - ...
Qui ne répondrait pas 11, comme s'il était plus logique qu'il vienne ensuite plutôt qu'un autre. Pourtant, mathématiquement, il n'a pas plus de raisons que d'autres de venir à la suite.
Le 18 décembre 2017 à 20:08:55 JvcElbatej2 a écrit :
Non, c'est l'inverse: je fais de la philosophie avec des maths. Et les mathématiques disent qu'on a un élément indéfini. Ce qui voudrait dire qu'un tirage dans un ensemble infini en actuel devrait aussi être indéfini, mais ce n'est pas le cas puisqu'on est bien là.
Le 18 décembre 2017 à 20:08:55 JvcElbatej2 a écrit :
Non, c'est l'inverse: je fais de la philosophie avec des maths. Et les mathématiques disent qu'on a un élément indéfini. Ce qui voudrait dire qu'un tirage dans un ensemble infini en actuel devrait aussi être indéfini, mais ce n'est pas le cas puisqu'on est bien là.
Je suis mathématicien, et je peine à comprendre ce que tu appelles un "élément indéfini" dans notre contexte.
Mais en quoi un état aligné est-il plus ordonné qu'un autre?
Ca me rappelle un peu les exercices soit-disant de logique du type :
Complétez la suite logique :
1 - 3 - 5 - 7 - 9 - ...Qui ne répondrait pas 11, comme s'il était plus logique qu'il vienne ensuite plutôt qu'un autre. Pourtant, mathématiquement, il n'a pas plus de raisons que d'autres de venir à la suite.
On a aujourd'hui une définition mathématique de l'ordre, cela s'appelle la complexité de Kolmogorov ou complexité aléatoire. Cette mesure se fait par la taille du plus petit algorithme qui produira un état. Plus elle est petite, plus l'état est ordonné. Dans le cas des mikados, l'algorithme produisant les bâtons alignés sera plus petit qu'une configuration désordonnée.
Le 18 décembre 2017 à 20:14:44 JvcElbatej2 a écrit :
@JooordOn le définit l'ordre, comme je l'expliquais au début:
"Je suis dans un univers ordonné", où il faut comprendre ordonné comme le fait de posséder les deux caractéristiques suivantes: i) L'univers obéit à des lois naturelles, càd régulières et ii) Ces mêmes lois peuvent être découvertes s'il y a des observateurs dans l'univers.
Tu tournes en rond, quand tu parles de lois "naturelles, cad régulières". Qu'est-ce que ces qualificatifs veulent bien dire?
Je sais aussi faire des mathématiques vu que je suis étudiant en sciences appliqués.
Par "élément indéfini", j'entends, c'est pas très rigoureux mais ça suffit pour dire ce que je veux, que la probabilité de tirer cet élément vaut zéro. Désolé si j'ai pas été assez clair.
Ok, mais encore une fois, le fait que la probabilité tiré soit nulle n'équivaut pas à l'impossibilité de l'évènement, donc je ne comprends toujours pas ce qui ne va pas.
Le 18 décembre 2017 à 20:45:45 quadroctet a écrit :
Mais en quoi un état aligné est-il plus ordonné qu'un autre?
Ca me rappelle un peu les exercices soit-disant de logique du type :
Complétez la suite logique :
1 - 3 - 5 - 7 - 9 - ...Qui ne répondrait pas 11, comme s'il était plus logique qu'il vienne ensuite plutôt qu'un autre. Pourtant, mathématiquement, il n'a pas plus de raisons que d'autres de venir à la suite.
On a aujourd'hui une définition mathématique de l'ordre, cela s'appelle la complexité de Kolmogorov ou complexité aléatoire. Cette mesure se fait par la taille du plus petit algorithme qui produira un état. Plus elle est petite, plus l'état est ordonné. Dans le cas des mikados, l'algorithme produisant les bâtons alignés sera plus petit qu'une configuration désordonnée.
Il y a en pas mal des tentatives de définir la notion d'ordre et d'aléatoire en mathématiques, celle de la complexité est la plus avancée, mais il reste encore beaucoup de problèmes, dont celui de définir correctement ce qu'on entend par algorithme. Avant on passait par des machines de Turing, mais depuis les théorèmes de Gödel on se dit que ce n'est pas le meilleur modèle.