" On peut prouver tout et son contraire selon l'angle et la croyance pris, un peu comme la métérologie, l'alimentaire, la pharmacologie."
C'est ce qu'on appelle un paradigme, et c'est ce qui fait que les sciences ne sont pas des religions au sens commun du terme. Et c'est pareil pour toutes les sciences, que ce soit les sciences "dures" ou les sciences sociales (l'économie notamment, qui contrairement à ce qu'on pourrait croire est bien une science sociale car elle traite bien des rapports sociaux). Le développement historique des sciences se fait sur base d'un long processus où les paradigmes se confrontent, se renouvellent et se succèdent.
D'ailleurs, l'appellation de sciences "dures" est peu pertinente, voir totalement fausse, car on aurait bien du mal à voir en quoi la chimie serait une science "dure" et pas les sciences sociales. En fait, le gros problème actuel de la légitimité des sciences sociales, c'est qu'elles traitent de sujets "communs"/"humains" (les rapports sociaux et les phénomènes qui s'y rapportent), avec la langue commune! Or ce qui fait la spécificité des sciences "dures", et qui les légitime aux yeux des profanes, c'est leur sémiologie linguistique qui n'a rien à voir avec le langage commun: les mathématiques, principalement. Il ne viendrait à l'idée de presque personne de couper la parole à un mathématicien pendant qu'il énonce une démonstration théorique sous prétexte qu'on ne comprend rien à leur charabia algébrique incompréhensible pour les profanes!
Donc pour les sciences sociales trouvent une légitimité, il faut qu'elles se trouvent une sémiologie linguistique qui puisse la distinguer du langage commun.
-La science économique, étant donné qu'elle traite de rapports sociaux quantifiable, a cru bon de céder à la tentation de la mathématisation totale. Les individus faisant figure d'autorité dans la structure scientifique ont donc pris ce chemin, réduisant la science économique a de pure calcul mathématique, se légitimant ainsi par rapport à la langue commune. Le problème, c'est que l'économie, même si elle traite beaucoup de quantité, ne peut absolument pas se réduire à de simples chiffres.
-Les autres sciences sociales (anthropologie, sociologie, science politique,...) n'ont pas autant affaire à des objets quantifiable que la science économique, et elle ne peuvent donc absolument pas céder à une mathématisation globale. Durant le XXième siècle, elles ont développé leurs méthodes autour du travail statistique et du dégagement empirique des phénomènes étudiés, et c'est ce qui les a affirmé en tant que science à part entière. Mais comme dit plus haut, cela ne suffit pas pour produire toute la différence possible permettant une légitimation de leur sémiologie linguistique, celle ci étant trop proche du langage commun.
Quelle solution donc pour la légitimation des sciences sociales? Autre que part une mathématisation globale qui revient à nier le problème? Frederic Lordon apporte beaucoup d'éléments de réponse dans son livre "la société des affects". Les sciences sociales pourraient parfaitement trouver une légitimation en se faisant "langue de concepts", mais cela doit se faire un prix d'une réconciliation entre la philosophie et les sciences sociales, car c'est la philosophie qui est la première productrice que concepts, que le travail empirique des sciences sociales ne peut pas produire.
Après oui, les sciences sont de toutes façons des "agencements de croyances plus ou moins fondées". Les objets de sciences sont inévitablement analysés à partir de la perception personnelle des chercheurs. Mais ça n'en fait pas des religions.
Et oui les sciences sociales (dont l'économie) sont totalement liées à la politique, la politique et les rapports sociaux étant eux mêmes leurs principaux objets d'étude. Ainsi, la mathématisation de la science sociale de l'économie a été instiguée "par le haut" car elle arrangeait bien ceux qui tiennent la place de dominant à l'intérieurs les rapports sociaux liés au capitalisme. Cela permettait d'ignorer et de cacher de nombreuses contradictions inhérentes à ce mode de production, que la science économique "littéraire" mettait en évidence.
Je rejoins l'analyse de kotaro, je suis arrivé exactement a la même conclusion.
J'irai même plus loin :
La science économie est en tous point la plus politisé des sciences, si bien que son objet ne pourra jamais se limiter a la manière dont la pensée économique dominante se l'est approprier.
Elle est beaucoup plus normative que positive (contrairement a la sociologie par exemple).
Les sciences dite "dure" ne sont pas non plus épargné par les paradigmes divergents et les manipulations politiques.
Toutes entreprises scientifiques est fondamentalement subjective.
Quant a Bourdieu, il choisit, pour l'avoir lut, une sémantique complexe, couplé a de longues phrases interminables dont on perd aisément le fil.
Pour ma part, je pense que c'est absolument délibéré. Bourdieu, l'objet même de sa sociologie est sur la domination, donc, a ses yeux, le champ scientifique est un espace de domination, il ne s'agit pas de dire le vrai, mais de faire reconnaitre comme vrai, légitime, incontestable, un courant de la science, par le rapport de forces entre scientifiques ou tous simplement en distillant la violence symbolique dans l'ensemble de ses oeuvres.
A savoir faire reconnaitre le haut degré "d'intellectualité" aupres de ses pairs.
Slevin_, j'attends à ce que tu me le montres pour les sciences qui reposent sur le rasoir d'occam. Les sciences dures ne considèrent rien comme vrai. En math on pose des postulat (on peut poser comme postulat que la terre est carrée, aucun problème) et par dessus ça on battit des modèles en ne faisant intervenir que la déduction logique (et c'est tellement grammatical qu'un ordi peut vérifier les preuves en question, ça ne fait pas appel au bon sens en aucune façon, juste à l'exactitude formelle).
Là où il y a acte de foi (et je pèse mes mots) c'est lorsqu'on fait de la science appliquée, c'est-à-dire lorsqu'on a foi dans la supposition que notre modèle reflète la réalité.
Et cette foi peut être infondée, comme on en a l'exemple avec la physique newtonienne. Il n'empêche que le modèle newtonien existe toujours et qu'il n'a pas changé depuis Einstein: c'est un modèle, il existe dans son propre univers.
Justement, il y a de nombreux cas ou la science économique pèche pas son irrespect des méthodes élémentaires de la science.
Je ne serai pas exhaustif, mais on pourrait écrire un pavée sur le caractére téléologique des postulats dominants.
Sauf qu'un phénomène humain ne peut être exprimer en mathématiques.
Du moins, les modèles économiques sont bien souvent faux dans leurs hypothèses originelles. La micro économie est un exemple criant, il n'y a pas de mesures de l'utilité, pas plus qu'un individu n'est capable de délimiter strictement une valeur quantifiable a ses affects.
En bref, relis le topic, un certain nombre d'intervenants ont été assez synthétiques.
De toute manière le premier caractère scientifique d'une démarche c'est quel est réfutable, qu'elle s'inscrit dans une logique perpétuelle, qui ne considère pas ses apports comme vérité incontestable et inaliénable, mais comme connaissances d'un temps donnée, déterminé logiquement, qui en appel a toujours être dépassé.
L'économie est plus une science humaine qu'une science " dure ". Ca me fait rire de voir tous les modèles que l'on développe en économie, littérallement bardés d'exceptions à la règle, basés sur des suppositions bancales, et qui au final si ils sont trop complexes, ne représentent plus rien de similaire à la réalité...
Libéralisme > all
En déplaise aux constructivistes
Du moins, les modèles économiques sont bien souvent faux dans leurs hypothèses originelles. La micro économie est un exemple criant, il n'y a pas de mesures de l'utilité, pas plus qu'un individu n'est capable de délimiter strictement une valeur quantifiable a ses affects.
Ça me fait penser à une critique d'une certaine extrême-gauche contre l'école néo-classique : "il est ridicule de supposer que l'homme est un être rationnel qui agit toujours en fonction de ses intérêts".
Hors personne n'a jamais dit ou pensé ça dans l'école néo-classique. A chaque fois que j'entend quelqu'un critiquer la mathématisation et la rationalisation de l'économie sous cet angle je suppose qu'il ne sait pas de quoi il parle.
http://fr.wikipedia.org/w/wiki/Anticipation_rationnelle
Ah bon ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rationalit%C3%A9_%C3%A9conomique
Je suis pas trop sûr...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Efficience_du_march%C3%A9_financier
Comment dire....
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quivalence_ricardienne
Il y a comme un problème...
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Muth
Tu ne sais même pas ce qui fait ton école
Le concept "d’homo-œconomicus" (le sujet qui agit rationnellement dans la sphère économique) n’appartient pas à l’école néo-classique. Au contraire même. Elle est très critique et rejette sévèrement ce concept utilisé abondamment par des écoles économiques interventionnistes tel que le keynésianisme.
Tu racontes n'importe quoi... L'homo economicus est un concept néoclassique fermement rejeté par Keynes, qui qualifie les agents d' "esprits animaux". Les néo-keynésiens, qui sont des néo-classiques au passage, on rejeté cette partie de l'oeuvre de Keynes. Le keynésianisme ne fait strictement aucune hypothèse sur les comportements individuels, contrairement à l'école néo-classique qui insiste sur les fondements microéconomiques de son analyse T'as strictement aucun idée de quoi tu parles c'est énorme.
Lucas, Luth, Barro et les autres, ceux qui ont inventé l'homo economicus de toutes pièces, et la rationalité nostradamus qui va avec, sont tous des néo-classiques....
Comme le prouvent d'ailleurs mes liens ci-dessus. Si c'est pour débiter des âneries, pas la peine de venir commenter sur ce topic 0k823...
vous avez tous les deux raison et tous les deux tord
les néo-classiques n'ont jamais prônés la rationalité du sujet mais la rationalité des échanges
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mais ceux qui critiquent ce concept c'est l'école autrichienne pas l'école néo-classique
1 point pour kota
le keynésianisme de Keynes ne prone pas la rationalité du sujet
1 point pour kota
mais le néo-keynésianisme c'est à dire tel qu'il est pratiqué aujourd'hui OUI, c'est même la principale différence avec le keynésianisme "classique" et l’apport macro de Clower et Leijonhufvud
1 point pour 0k
L'homo economicus la CPP et tous ces trucs qu'on tente de faire passer pour des concepts libéraux c'est honteux, c'est l'école néo classique, c'est l'école structuraliste, l'équilibre walrasien ( qui était socialiste)
Or l'école autrichienne de Mises Hayek et surtout Lachmann c'est la critique de ce modèle soit disant parfait qui prend pas en compte l'ignorance humaine, sans remettre en cause complètement comme Stiglitz and cie la rationalité des acteurs économiques. C'est la révolution subjectiviste, et cette école est si particulière qu'il est impossible de la mettre juste comme ça, dans le même sac que Walras et Jevons comme juste étant issue de la révolution marginale
"1 point pour 0k "
0 poit pour Giny. Les agents maximisateurs d'utilité, les anticipations rationnelles, ça te dit quelque chose ? Rien à voir avec les échanges, se sont des hypothèses comportementales individuelles. Et ce sont les bases des modélisations néo-classiques.
" 1 point pour 0k"
0 points pour Giny. les néo-keynésiens ne sont qu'un courant du keynésianisme. les post-keynésiens, les keynésiens dits "du chapitre 12" et autres sont également des keynésiens qui ne rejettent pas des pans entiers de la pensée de keynes. Les néo-keynésiens sont beaucoup plus proches de Hicks, c'est-à-dire, d'un néo-classique opposant de Keynes que de Keynes lui-même. Ils adoptent d'ailleurs la synthèse Hicksienne de Keynes, le modèle IS/LM, qui de la bouche même de son concepteur n'a strictement rien à voir avec la Théorie Générale. Donc bon...
De même, les néo-keynésiens perpétuant les traditions walrasiennes que Keynes a rejeté dans son oeuvre (et dont il a démontré le caractère faux), il est assez douteux de les appeler keynésiens en premier lieu.