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Sujet : [OS] Shamroc

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Niveau 10
02 février 2014 à 10:17:53

OneShot – Shamroc

Le vieil homme se réveilla au beau milieu de la nuit, alerté par les bruits de pas venus du couloir. Dans le noir absolu, il tâta le mur au-dessus de sa tête et chercha du bout des doigts l’interrupteur afin d’aller vérifier. Faisant cela il tendit l’oreille et il lui fut confirmé que quelqu’un marchait en effet dans sa maison, d’un pas léger comme s’il ne voulait pas se faire remarquer.
Lourdement il se leva de son lit après avoir allumé sa lampe de chevet, ses vieux os ne lui permettant pas plus de vigueur. Il entra ses pieds dans ses chaussons et se dirigea vers la porte sous laquelle filtrait un trait de lumière.

Que pouvaient-ils faire debout à une heure pareille ? La question traversa sa tête au moment de sortir de sa chambre mais il n’eut guère plus le temps de se la poser.
« Je n’arrive pas à dormir. »
La petite fille levait les yeux dans sa direction et plongeait dans les siens ses larges pupilles d’un bleu enchanteur. Ses petits cheveux blonds lui tombaient en pagaille tout autour de la figure et le vieil homme remarqua qu’elle était troublée de ne pas trouver le sommeil.

« Et ton frère ? demanda-t-il tandis qu’il se baissait pour la prendre dans ses bras.
– Aussi. Il m’a demandé de venir te chercher.
– Il te l’a demandé ? répéta le vieil homme en lui souriant. Alors comme ça vous êtes à son service, mademoiselle.
– Pas du tout ! riposta la fillette en riant. On a tiré à la courte-paille et il a gagné. Tu sais, reprit-elle en murmurant à son oreille, je pense qu’il a triché.
– C’est odieux ! »

Cette réponse exagérée les fit rire en cœur et le vieil homme la serra un peu plus contre lui. Il se dirigea en même temps vers la chambre des deux enfants qui se trouvait à l’autre bout de la maison. Tout autour les murs craquaient face au vent qui soufflait ardemment cette nuit-là, sans doute l’une des raisons qui venaient troubler le sommeil des deux enfants.
« Donc vous n’arrivez pas à dormir, reprit-il tandis que la petite avait posé sa tête contre son épaule, pourtant il se fait tard.
– Oui mais on a essayé ! Mais le sommeil ne veut pas…
– Quand le sommeil ne veut pas autant ne pas le brusquer en cherchant à le forcer. Il faut laisser ce dernier venir à nous, c’est tout. »
Cette leçon de morale n’était sans doute pas la plus belle qu’il eut à faire de sa vie mais il en fut plutôt fier sur le moment.

Légèrement il poussa la porte de leur chambre, préférant ne pas y mettre trop de rigueur au cas où le garçon se soit rendormit entre temps, même s’il n’y croyait pas vraiment. Et comme prévu ce dernier se tenait assit sur son lit et semblait attendre avec impatience le retour de sa sœur. La voyant accompagnée du vieil homme, celui-ci sauta de joie et courut vers la porte pour se serrer contre sa jambe.
« Merci d’être venu ! s’exclama-t-il.
– Je ne pouvais pas dire non à une si jolie petite fille.
– Tu aurais pu envers moi ? répondit l’enfant d’un air résigné.
– Bien sûr que oui. »

Répondant cela le vieillard tenta de réprimer un fou rire. Le visage décomposé du petit qui ne semblait comprendre sa blague l’amusait au plus haut point et il aurait aimé qu’il ne s’en rende pas si rapidement compte, ce qui le fit évidemment marmonner dans sa barbe.
Pendant ce temps sa petite sœur était descendue des bras du vieil homme et s’était assise sur le bord de son lit, le fixant comme si elle attendait quelque chose de sa part. Comprenant de quoi il était question l’intéressé se posa près d’elle et lui demanda ce qu’elle désirait.
« Une histoire papi, s’il te plaît. »

Son frère, qui semblait être de mèche dans l’élaboration de ce plan consistant à le faire raconter l’un de ses récits d’aventures sur les coups de minuit, cessa de bouder et se précipita sur le lit, s’asseyant de l’autre côté de son grand-père. « S’il te plaît, papi ! Je veux une histoire aussi ! »
Devant l’entrain des deux gamins ce dernier ne pouvait répondre non. Inventer des histoires était l’une de ses plus grandes passions et il ne pouvait que difficilement refuser cet honneur à quelqu’un lorsqu’on lui demandait, encore moins lorsqu’il s’agissait de ses deux petits-enfants, ces anges desquels il acceptait tout.

« C’est d’accord, répondit-il avec un sourire qui les fit sauter de joie. Néanmoins, ajouta-t-il, je me dois d’ajouter une condition à tout cela. Je veux que vous me disiez l’histoire que je vais vous raconter. »
Les deux petits, qui ne s’étaient jamais attendu à se voir imposer une telle condition, se mirent à réfléchir à la réponse qu’ils pourraient donner à leur grand-père. Il ne fallait pas la donner à la légère et risquer de perdre cette opportunité qu’ils avaient. Il était rare que le vieil homme les laisse rester debout à une heure pareille lorsqu’ils venaient en vacance chez lui.
Après une concertation à l’écart de leur grand-père, les deux petits revinrent vers lui.

« Nous voulons que tu nous raconte ta plus belle histoire, lancèrent-ils en cœur avant de se rasseoir à ses côtés. »
Cette décision fit sourire le vieillard qui n’attendait que cela. Il les prit par les épaules d’un air chaleureux et les serra tous deux dans ses bras.
« Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me fait plaisir, leur lança-t-il durant cette étreinte. Cela fait des années que je vous garde cette histoire sous la main et je vais enfin vous la raconter avant que vous ne rentriez chez vous.
– On ne part que dans deux jours papi, répondit la fillette, tu as tout ton temps et…
– Tais-toi ! Tu voudrais qu’il se taise et garde son histoire pour demain ? »

Le vieil homme se mit à rire devant l’entrain des deux petits et leur demanda de se calmer d’un signe de main.
« Ne vous en faites pas, je vais la commencer ce soir. Je pensais le faire demain mais je pense qu’il me faudra plus d’une soirée pour vous parler du Shamroc.
– Du Shamroc ? répétèrent en cœur les deux petits, question à laquelle il opina d’un signe de tête.
– Le Shamroc, en effet. Celui dont parlent les légendes et que l’on connaît aussi sous le titre de dragon de lierre ou de gardien de la forêt.
– Une forêt comme celle dans laquelle tu habites ?
– Pas comme celle dans laquelle j’habite ; celle-là même ! »
Les deux enfants répondirent en cœur par une exclamation et fixèrent d’un même regard plein d’étoiles le visage de leur grand-père.

« Maintenant faites silence, je vais vous parler d’une vieille histoire dont je suis le personnage. Tout cela risque de me prendre du temps, soyez patients. »

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Niveau 10
02 février 2014 à 10:18:18

***

J’avais quinze ans au moment d’entamer mon voyage pokemon aux côtés d’un gentil Vipélierre qui est encore mon ami aujourd’hui. Vous le connaissez simplement sous le nom de Majaspic et il vient parfois me rendre visite. Il était mon pokemon au départ, mon plus grand allié sur les routes et le seul en lequel je pouvais avoir totalement confiance pour récupérer les badges des arènes.
Maintenant il est en liberté dans la forêt car nous en avons décidé ainsi il y a quelques années. Je préférais le voir heureux auprès de sa famille que de le garder à mes côtés. L’Homme n’est que trop possessif sans que j’en fasse autant.

Mais ce n’est pas notre préoccupation pour le moment. Où en étais-je ? Mon voyage pokemon, le début de mes aventures ; c’est exactement cela.
Sachez tout d’abord que je ne suis pas allé bien loin dans cette entreprise. Ne vous attendez pas à entendre parler des combats de votre grand-père contre les champions d’arènes ; je n’ai qu’un seul badge que je garde en souvenir. Si vous le désirez alors je vous le montrerais demain matin, il est rangé dans l’un des tiroirs du salon.

Devenir un grand dresseur n’était pas ma principale ambition, je venais d’un petit village de quelques habitants et personne ne comptait vraiment sur ma gloire ou ma fortune. Les gens me savaient trop sensible pour atteindre de tels sommets, trop fragile aussi peut-être. Quoi qu’il en soit je dois avouer qu’ils avaient raison.
En quittant ma maison je pensais surtout à découvrir le monde. Mes parents étaient pauvres et je n’avais jamais eu l’occasion de voyager bien loin. Le voyage pokemon était mon seul recours pour découvrir le monde était ce voyage.

J’ai traversé une gigantesque plaine en sortant de mon village. J’ai vu courir de superbes oiseaux dans les grandes herbes, fasciné. C’était pour moi un rêve de voir la nature s’épanouir de cette façon.
Cette plaine est merveilleuse et j’y retournerais volontiers si elle était encore là. Mais depuis les hommes ont construit une grande autoroute qui la dévore de part en part. Les Dodrios qui s’y prélassaient dans le temps ont migré vers des endroits bien plus sereins et je ne pense pas que ce soit intéressant de s’y promener.

Mais je préfère ne pas m’attarder là-dessus, j’ai mal en y pensant. Une fois cette plaine dépassée je suis arrivé dans une grande ville, la première que je voyais de ma vie et ce après des journées de marche. C’est ici que j’ai obtenu mon premier et unique badge de ma vie.
Je n’y suis pas resté très longtemps. Une fois passée la surprise de voir de si grands bâtiments cette ambiance m’a rapidement lassé. Les gens couraient dans tous les sens sans raison, jetaient des regards froids à leurs voisins et se moquaient des autres.

Mais j’ai aussi rencontré votre grand-mère dans cette ville et rien que pour cette raison je ne peux en blâmer l’existence. Elle était aussi en train de procéder à son voyage et nous sommes tous de suite tombés amoureux.
Je l’ai rencontré durant mon match à l’arène et je me souviens encore de son regard lorsqu’elle m’a félicité pour ma victoire. Elle venait de remporter son combat contre le champion et était restée pour voir le mien. Nous sommes allés boire un café deux rues plus loin et c’est dans cet endroit que nous avons décidé de poursuivre notre voyage ensemble.

Elle était magnifique, cela va sans dire. Une chevelure brune comme on en voit que rarement qui encadrait de superbes yeux bleus, un peu comme les tiens d’ailleurs, je pense que tu tiens ton regard de celui de ta grand-mère. Chacun de ses mots provoquaient en moi un incontrôlable bonheur et poursuivre mon voyage à ses côtés était un honneur.
Malheureusement pour nous celui-ci n’allait pas durer très longtemps puisque la forêt que nous nous apprêtions à traverser deviendrait notre toute dernière étape.

En y entrant nous avons ressenti un plaisir immense que nous avions perdu en ville, identique à celui qui me traversait alors que je découvrais les grandes plaines non loin de mon village. Le vent venait frémir doucement dans les feuilles des arbres, les secouant et faisant parfois tomber l’une d’elle sur notre visage. Un petit sentier traversait les bois en ligne droite mais nous ne voulions l’emprunter, préférant les chemins plus secrets et l’aventure qu’ils nous promettaient.

Nous avons exploré la forêt de fond en comble et elle nous inspirait un véritable bonheur, nous promettant des milliers de choses. Sa suavité, ses promesses d’amour ; tout en elle me ravissait et j’avais envie d’y passer ma vie. Les chemins secrets nous guidaient vers des familles de petits pokemons qui se cachaient entre les racines d’un chêne, guettant l’arrivée des êtres humains qui venaient parfois s’aventurer dans le coin à notre image. Étrangement aucun ne semblait effrayer par notre présence, ils en semblaient même réjouit. Nous passions parfois quelques jours avec eux, jouant entre les branches des arbres, vivant de fruits et d’eau de ruisseau. Cette vie n’était pas celle à laquelle j’aspirais, elle en devint néanmoins rapidement celle dont j’avais inconsciemment rêvé pendant des années.

Aux côtés de votre grand-mère nous avons construit cette maison au fond de la forêt, un repaire dont personne à part moi et votre mère ne connaît aujourd’hui le secret. Les pokemons venaient nous voir tous les matins et le bonheur était à notre porte à chacun de nos réveils. Nous étions les hommes les plus heureux du monde et le voyage avait complètement quitté notre tête.
Les badges que nous possédions furent bientôt enfermés dans le tiroir dans lequel ils se trouvent encore aujourd’hui.

Mais ce bonheur ne pouvait durer éternellement car la haine de l’Homme est grande. Celui-là en veut toujours plus et la cupidité le pousse souvent dans ses pires retranchements. C’est grâce à l’égoïsme et au désir que nous avons rencontré pour la première fois Edward Stone et c’est par ces vices que nous l’avons affronté.
L’histoire de notre cabane au fond des bois étaient arrivée aux oreilles de grands entrepreneurs et ces derniers n’étaient pas d’avis que nous restions. Edward Stone avait racheté la forêt dans laquelle nous nous étions établit et il nous ordonna un matin de la quitter sur le champ, nous proposant en échange une somme généreuse que nous avons évidemment refusé.

Mais cet homme n’était pas de ceux qui se laissaient faire et il ne voulait pas nous laisser faire sans opposer une vive résistance. Pour lui cette partie de la forêt devait être rasée afin de la remplacer par un parc d’attraction dans lequel nous serions autorisés de venir gratuitement durant un an.
Votre grand-mère s’était moquée de lui face à cette proposition. Elle ne voulait pas l’argent, ce n’était sûrement pas pour accepter un billet pour jouer dans un parc d’attraction.

Évidemment Edward Stone nous promit de se venger et de revenir rapidement se venger, nous promettant de raser la forêt, que l’on soit à l’intérieur ou non. Ce parc devait lui rapporter des milliers et ce n’étaient pas deux adolescents qui allaient lui barrer la route.
Et il est effectivement revenu. Deux semaines après le premier arbre tombait et la forêt mourrait doucement. Les pokemons venaient nous voir, nous suppliant de faire quelque chose mais votre grand-mère resta clouée au lit. Elle était malade et crachait du sang.

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Niveau 10
02 février 2014 à 10:18:51

***

« Il se fait tard, vous devriez commencer à dormir. »
Les deux enfants protestèrent face à la décision de leur grand-père mais celui-ci resta ferme, ils devaient se reposer, d’autant plus que cela leur permettra d’être en forme pour le lendemain. Il comptait bien terminer cette histoire.
« Demain soir je reprendrais l’histoire et tout vous sera révélé. Il ne m’en reste qu’un morceau et ce ne sera plus très long.
– Et le Shamroc ?
– Patience. Il viendra rapidement dans cette histoire même s’il y est déjà. Vous ne le voyez tout simplement pas.
– Et pourquoi tu le vois toi ? riposta la petite fille.
– Parce que je suis un vieillard et que je le connais depuis longtemps. »

Les deux enfants restèrent sur leur faim mais n’eurent pas le loisir d’entendre la suite le soir même. Le vieillard ne le désirait pas et il les laissa se reposer après avoir déposé un baiser sur leur front. Une fois au fond de son lit, il remit toutes ses idées en place afin de poursuivre son histoire dans les meilleures conditions le lendemain.
La nuit fut calme et les deux enfants dormirent comme des bébés. Ils furent même levés avant leur grand-père et en profitèrent pour fouiller dans les tiroirs du salon.

Il ne fallut pas longtemps aux deux aventuriers pour dénicher le badge dont leur avait parlé le vieil homme la veille, attestant la véracité de son histoire dont il ne doutait pas une seconde, leur seul désir étant d’admirer cette relique provenant de la jeunesse du vieil homme. Assis autour de la table de la cuisine, les deux petits admiraient l’objet de l’histoire qu’ils avaient entendu, tant et si bien que leur grand-père les trouva dans cette position à son réveil.
« Il est super ! lui lança son petit-fils.
– Vous ne pouviez pas vous en empêcher, répondit le vieillard en souriant, cela ne m’étonne pas de vous. La curiosité est aussi l’un de mes défauts, je ne vois pas pourquoi vous en seriez exempts. »

Mais néanmoins il ne s’attendait pas à ce que cette découverte vienne mettre en péril son récit lorsque sa petite-fille lui posa une question qui vint le perturber. « Où est celui de grand-mère ? Tu as dit hier qu’il était avec le tien dans ce tiroir. »
En effet il l’avait dit et il aurait du mal à revenir sur ses paroles une fois prononcées, ces deux enfants étaient têtus et ils ne démordraient pas aisément. Il n’avait donc qu’une seule solution pour leur faire entendre raison. S’asseyant avec eux autour de la table, le vieil homme reprit le cours de son récit.

***

Les arbres tombaient petit à petit et les machines de chantier d’Edward Stone dévoraient la forêt avec ardeur. Cette vision m’était terrible mais je ne pouvais pas me dresser face à ces hommes, ils étaient plus nombreux et plus puissants que moi.
Pendant ce temps votre grand-mère avait contracté une terrible maladie. Elle saignait et crachait parfois de grosses giclées de sang que je devais nettoyer avec terreur, non pas parce que la vue de ce liquide me répugnait, mais parce que la simple idée de voir mourir cette femme pouvait me terrasser. J’avais peur de la perdre et à juste raison.
La forêt mourrait, elle mourrait. Leurs destins semblaient parallèles et je ne savais comment les en sortir.

Je passais mes journées à son chevet, entendant au loin mugir les dents des machines qui venaient se repaître des bois dans lequel nous avions établis nos rêves. Elle s’évanouissait, en pleurait et me suppliait par moment de faire quelque chose. Nous vivions des nuits terribles de réconfort, les douleurs de celle que j’aimais semblant s’épanouir après le crépuscule, dans le silence auquel nous n’avions pas droit en plein jour.
Elle me serrait dans ses bras, pleurait toute les larmes de son corps et chacun de ses baisers était une lame que l’on m’enfonçait en plein cœur.

Un jour n’y pouvant plus j’ai quitté la maison dans laquelle nous vivions pour me rendre dans le fond de la forêt, désireux de prendre l’air et de trouver une solution au problème que nous vivions. Au loin les machines d’Edward Stone continuaient de détruire tout ce qui nous était cher. Je n’avais pas peur pour votre grand-mère, je savais qu’elles étaient encore loin de chez nous et qu’elle ne craignait rien. En revanche je ne devais pas m’absenter bien longtemps.
Elle resta seule durant trois jours.

***

« Et pourquoi ?
– Vous le saurez plus tard, répondit le vieillard en tendant le doigt vers la fenêtre de laquelle filtrait un flot de lumière, je refuse de vous parler alors qu’il fait un temps merveilleux dehors. Je vais demander à Majaspic de veiller sur vous pendant que vous jouez. »
Malgré les protestations des deux enfants le vieil homme resta intangible et resta ferme sur ses positions. Il voulait qu’ils prennent un peu l’air avant d’entendre la suite, cela ne pouvait leur faire que du bien et les deux petits finirent par accepter sa décision.

Une fois dehors ils se livrèrent à mille jeux comme ils en avaient l’habitude, leur préféré restant celui de deux explorateurs perdus au cœur d’une jungle sauvage. Au-dessus de leurs têtes trônaient un merveilleux Majaspic qui avait un temps laissé sa famille et répondu à l’appel de leur grand-père afin de les surveiller.
Alors qu’ils couraient au beau milieu des arbres, leur chemin les mena à un endroit plus dégarni que le reste de la forêt. Ils pensèrent immédiatement à Edward Stone et à son envie de conquérir la demeure de leur papi.

« Tu penses que c’est ici qu’ils ont fait les travaux ? demanda la fille à son frère qui secoua la tête.
– Les arbres sont trop grands, ils ne peuvent pas avoir repoussé si rapidement après tout ça. On ne doit pas être au bon endroit. »
La petite fille acquiesça et ils se mirent d’accord sur cette réponse. Néanmoins les deux petits ne semblaient pas convaincus puisqu’ils s’enfoncèrent dans cette partie de la forêt afin d’en observer chaque recoin et peut-être de découvrir un indice sur l’histoire du Shamroc.

Ils ne mirent ainsi pas très longtemps avant de dénicher la pierre qui se dressait entre les arbres et sur laquelle s’étalaient quelques mots, un semblant d’épitaphe que la petite fille s’empressa de lire.
« Pour toi Edward qui fut mon ennemi, je chante ta mort autant que j’haïssais ta vie. Tout cela n’était pas obligé et pourtant tout eut lieu. Repose en paix. »
Elle sauta de joie en lisant cette phrase malgré son ton lugubre, se vantant auprès de son frère qu’elle avait raison en pensant qu’ils étaient au bon endroit. Mais ce dernier ne semblait pas partager son enthousiasme, pointant du doigt la date qui s’étalait sous ce que venait de lire sa sœur. Alors celle-ci cessa de s’exclamer et la regarda du même regard incompréhensif.

« Edward Stone est mort il y a au moins deux cents ans. »
Ils restèrent toute la matinée à s’imaginer de quelle manière il était décédé et pourquoi l’histoire que racontait leur grand-père était un mensonge.
« Il a sûrement une raison pour se mettre comme personnage de son histoire. Attendons ce soir de savoir la suite. »

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Niveau 10
02 février 2014 à 10:19:18

***

En effet Edward Stone est mort il y a plus de deux cents ans. Son décès fut terrible et je n’espère à personne de finir ses jours à sa manière. Malgré ses défauts c’était un homme comme tout le monde et je regrette aujourd’hui les évènements qui ont secoué la forêt il y a des années.
J’avais quitté la femme que j’aimais afin de trouver une solution à ce problème et je ne trouvais rien digne de nous sauver. La forêt se mourrait et je restais sans rien faire. Chaque seconde que je passais sur cette terre me semblait être un affront à la santé de celle dont j’étais tombé fou d’amour. Il fallait que je sauve tout le monde mais rien ne semblait m’en donner la possibilité.

Puis je suis arrivé à une source chaude au cœur de la forêt, un endroit sur lequel je tombai par hasard et dont je n’avais jamais soupçonné l’existence. Des vapeurs exaltaient les pokemons des alentours et redonnaient à mon cœur quelques espoirs.
Mais ce n’est pas la source qui me convainquit de l’issue de ce combat mais la rencontre avec le dragon de lierre qui se cachait en ce lieu. Ce dernier semblait attendre patiemment ma venue et il me parla pendant des heures des souffrances de la forêt, faisant preuve à chacun de ses mots d’une sagesse infinie dont aucun homme n’était capable.

Je lui expliquai pendant des heures la souffrance de ma femme et celle de la forêt, de l’entreprise destructrice d’Edward Stone et la folie des hommes qui aspiraient à devenir maître de la forêt. Je découvris que le dragon de lierre n’était pas insensible à cette douleur et qu’il saignait au fond de lui comme ma femme saignait à l’extérieur. Sa souffrance était la même mais ne s’exprimait pas de la même façon. Il aimait ce monde sur lequel il veillait depuis des années et ne voulait le voir mourir.
En lui racontant tout cela, je le fis entrer dans une colère terrible qui le propulsa au-dessus de la source chaude en laquelle j’avais fait sa rencontre.

La rage du Shamroc était déchaînée et elle le poussa jusqu’au chantier d’Edward Stone, jusqu’à ces hommes qui persistaient à détruire tout ce que nous avait offert la nature et ce qui leur était nécessaire à la vie.
Malheureusement ils ne comprirent que trop tard l’erreur qu’ils venaient de faire et le dragon de lierre les détruisit en voulant protéger la forêt. Les machines explosèrent en tous sens et les arbres coupés écrasèrent d’un bond ceux qui leur avaient fait cet affront. Beaucoup d’ouvriers périrent dans cette bataille. Sans parler d’Edward Stone qui fut lui aussi déchiré par les flammes et les lianes tranchantes du dragon légendaire.
L’entrepreneur n’était sur les lieux que par un pur hasard et il aurait sans doute pu échapper à cette folie. Venu pour un rendez-vous avec les chefs de chantier il trouva la mort. Je sais que le dragon s’en voulu de l’avoir tué comme il pleura sur toutes ses victimes. La mort progressive de la forêt l’avait rendu fou mais au fond il ne valait pas mieux que ceux qui la dévoraient.

Il grava quelques années plus tard le nom d’Edward sur une stèle en l’honneur de sa mort dont il se repentait.
En revenant à la source il me trouva au même endroit, tétanisé. Il me remercia de l’avoir aidé à se rendre compte de la peine de la forêt et me demanda de rentrer chez moi, qu’il couvait ma demeure et la bénissait.
Une fois dans cette maison je retrouvai ma femme. Elle allait mieux et me remerciait pour mon aide, ne m’en voulant pas de l’avoir laissée seule pendant quelques jours. Je lui racontai sans attendre ma rencontre avec le Shamroc et cette histoire berça nos nuits pendant des années, bien après la naissance de votre mère.

***

Le lendemain les deux enfants repartirent mais non sans désirer en savoir plus sur la rencontre de leur grand-père avec le fameux Shamroc, dragon légendaire et gardien de la forêt. Il leur expliqua tout ce qu’il savait à son sujet mais évita au maximum la question de temporalité qui revenait le plus souvent. Les petits voulaient savoir la raison pour laquelle il n’y avait qu’un seul badge dans le tiroir mais aussi pourquoi Edward Stone était mort il y a deux cents ans.
« Tu n’as rien dit de plus, papa ? demanda sa fille à l’écart en venant chercher les enfants pour la fin des vacances.
– Rien du tout. J’ai inventé en grande partie car ils ne sont pas encore en âge de tout comprendre et cela paraîtrait trop invraisemblable.
– Je n’y croyais pas non plus la première fois. Je te remercie vraiment de ne pas avoir étalé le sujet. »

Il la salua d’un signe de tête et l’embrassa avec tendresse.
« J’ai hâte de vous revoir toi et les enfants, vous me manquez quand je suis seul.
– Maman est avec toi, tu n’es jamais seul. »
Un sourire se dessina sur son visage et sa fille en fit tout autant. Ce fut sur ces mots qu’ils se dirent au revoir et se séparèrent. De l’arrière du véhicule qui était venu prendre les enfants à la lisière de la forêt, sur la seule route qui passait près de cette dernière, les deux petits faisaient de grands signes de main à leur grand-père qu’ils ne reverraient que dans quelques mois.
« On se reverra très bientôt, reprit le vieil homme avec amusement, fils et fille de la nature. »

Le soir il s’isola, revenant à la solitude dont il était toujours l’éternelle victime, mangeant face à un badge que les enfants avaient découvert la veille. Non il n’avait pas le second car ce dernier n’existait pas. Sa femme, il l’avait rencontré ici et pas dans la ville qu’il avait effectivement visitée et dans laquelle il avait remporté ce badge.
C’était dans ce lieu qu’ils avaient vécu leur amour et nulle part ailleurs. Á l’époque il ne savait pas encore qui il était, vivant dans une illusion qui se brisa dès son entrée dans la forêt.

« J’avais décidé de découvrir le monde des hommes mais je n’y suis pas resté longtemps, se dit-il tout bas, la seule ville que j’ai eu l’occasion de voir ne m’a pas totalement convaincu. Je suis rapidement retourné me cacher dans la forêt. »
Mais à l’époque il croyait en la bonté des hommes, chose qu’Edward Stone avait voulu remettre en question et l’avait poussé à faire de terribles choses.

Il se leva de table et se dirigea vers la salle de bain dans laquelle il regarda son reflet dans son miroir. Sa jeunesse l’impressionnait, l’image de vieillard qu’il donnait aux enfants n’étant que temporaire jusqu’à temps qu’ils soient assez âgés pour tout comprendre. Il se révèlerait lorsque serait temps pour leur grand-mère de prendre forme humaine pendant quelques temps avant de revenir à son hibernation d’une centaine d’années. Il avait vraiment eu de la chance de tomber au bon moment la dernière fois, sans quoi il ne l’aurait jamais rencontré et se serait peut-être établit dans une autre forêt.

Il laissa tomber son regard sur sa main qui se recouvrait d’écaille tandis qu’il reprenait sa forme originelle. Un peu de lierre courait à son dos.

FIN

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:19:58

Il va sans dire que les deux messages sans intérêt postés entre mes posts seront supprimés.

Merci à tout ceux qui auront la patience de lire. :coeur:

ololz_plagiat ololz_plagiat
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:20:24

Mais... :-(

rayanoche rayanoche
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Niveau 10
02 février 2014 à 10:20:41

On peut enfin écrire ? :noel:

Je vais lire :hap:

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:22:29

Désolé mais les messages entre les posts surtout pour un smiley ou tout bouffent un peu la présentation du truc.
Enfin si Jvc autorisait les longs messages on en serait pas là. :(

rayanoche rayanoche
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:25:11

"disiez l'histoire que vous voulez" ? Je suis pas sur que c'est une faute, je paries le contraire :hap: Je vais continuer à lire

Lusso123 Lusso123
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:29:21

God ! :hap:

rayanoche rayanoche
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:40:44

J'ai tout lu, mais j'ai pas compris la fin :question:

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:41:46

Merci. :ange:

Pourtant elle est pas difficile et j'ai relu plusieurs fois pour que l'on comprenne. :oui:

rayanoche rayanoche
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:42:45

Si je comprend bien, c'est pas un humain ?

Pifeuil Pifeuil
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:43:20

C'est une private joke avec Damien ou rien à voir ?

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 10:44:17

C'est un défi, écrire un OS sur la base de son pseudo. :oui:

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 11:07:28

:up:

Eevil Eevil
MP
Niveau 11
02 février 2014 à 11:09:34

c ki shamrock?N??1 :(

Beuredecahouete Beuredecahouete
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 11:12:16

A chaque fois que je vois son pseudo ça me rappelle Shamrodia de RDA

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 11:21:24

Merci eevil pour ce message construit.

Xabab2 Xabab2
MP
Niveau 10
02 février 2014 à 11:41:35

:up:

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