Pour le 3 je n'en sais rien, je ne l'ai pas vu et je n'en ai pas l'intention, je m'intéresse simplement à l'objet "OSS" parce que les oeuvres qui modèlent un goût consensuel m'intéressent, en tant que phénomènes "socio-esthétiques" si je puis dire. Et j'estime qu'avec son succès OSS en fait partie.
Impossible donc de conférer une préférence. Simplement, le 1 m'a plutôt amusé sans l'avoir adoré - parce que la satire me paraît évidente bien qu'un peu grossière, j'ai du mal à regarder le 1 et à me dire qu'on peut utiliser Hubert comme figure d'identification. J'ai trouvé le 2 à la fois trop dans la redite (sur le plan technique) et à la fois beaucoup plus flou (sur le plan du discours) autour de l'identité du personnage qui devient pour le coup un vrai vecteur d'identification pour certains.
Il y a un signe qui ne trompe pas d'ailleurs, tout le délire memesque est en général basé sur le 2.
OSS en bouquin n'est pas une satire mais a déjà un caractère parodique et outrancier qui interdit de le prendre totalement au sérieux, c'est gaulois mais concon assumé genre tu peux trouver le personnage en slip tigre en train de chasser une meuf à l'arbalète dans un appart, c'est normal. Ce ton ne me gène pas parce que politiquement il est assez inerte. Le 2 qui sait plus vraiment s'il se fout de la gueule de son héros ou s'il en fait un bon français avec ses qualités et ses défauts supposés ça me gène déjà plus.
En résumé je dirais que voir le 1 m'aurait suffi pour avoir une production honnête.
Le 19 juillet 2021 à 20:15:54 Tikhey a écrit :
C'est tout l'opposé de Nicolas Bedos qui finit par donner raison, in fine, à son protagoniste (ce que ne faisaient jamais les deux précédents opus, qui le ridiculisaient). Ici, le politiquement incorrect existe donc dans un seul but : provoquer. L'humour du métrage en est forcément victime
La rage des gauchos
Quel enfer ces critiques qui parlent de "métrage" pour désigner un long-métrage/film.
Là c'est EL mais, pas plus tard que ce midi, j'en ai lu une sur Première qui le faisait aussi.
J'ai dû lire ça cinq six fois ce mois-ci.
Stoe, c'est dans quel bouquin, le passage que tu décris ?
Je n'en ai lu que quatre (sur... plus de cent) mais pas celui-ci.
Je comprends pas votre débat. Qu’on soit de droite ou de gauche. On rigole car le film est… drôle. Ces vannes sont drôles. Personne pense sincèrement qu’on peut reconnaître un juif avec son nez ou ses mains ni qu’une femme n’est bonne qu’à la cuisine. C’est juste drôle l’assurance qu’il a, voilà tout. C’est comme quand Connery met une main à une femme dans Goldfinger. Je rigole de l’absurdité du truc même si c’est fait au premier degré en 64’. Au premier ou au deuxième, osef, aujourd’hui c’est juste comique de voir ça.
Je ne sais plus honnêtement. Je n'en ai lu qu'un personnellement, et c'était il y a très longtemps, abandonné dans un pavillon de famille au milieu des affaires d'un grand-père, je pourrais pas te repêcher le titre.
J'ai retrouvé un passage mais ce n'est pas comme je m'en rappelle. J'ai probablement mixé deux souvenirs du bouquin, ou un souvenir de ça et de SAS. Mais consolation y a quand même un slip. Sauf qu'il tire sur bug. Et c'est la première apparition du perso dans le livre. C'est dans Carte Blanche pour OSS 117.
Des pas résonnèrent sur la loggia au-dessus de Bug. Immobile, silencieux, celui-ci attendit… Les pas tournèrent à l’angle de la maison.
C’était une femme. Une splendide créature en bikini dont les longs cheveux blonds descendaient en vagues sur le dos nu. Bug l’identifia tout de suite. Hubert, décidément, ne se privait de rien…
La femme disparut par une porte basse qui se referma derrière elle. Bug sortit de l’ombre et se dirigea vers l’escalier…
Un sifflement aigu, bref. Un choc d’une violence extrême. Son chapeau qu’il venait de soulever au-dessus de sa tête avec l’intention de s’en servir pour s’éventer lui fut brusquement arraché des doigts et vola à cinq mètres. Surpris, Bug se retourna d’une pièce, prêt à bondir. Un grand éclat de rire le rasséréna aussitôt. Simplement vêtu d’un slip en peau de léopard, Hubert Bonisseur de la Bath, alias O.S.S. 117, lança joyeusement :
— Hello ! Master B ! Quel bon vent vous amène ?
Pas encore remis de son émotion, Bug répliqua avec un geste méprisant de la main.
— Hi ! Vous jouez les Tarzan, maintenant ?
— Non, fit Hubert, les David !
Et brandit une fronde d’aluminium sous le nez de Bug qui fut saisi d’une terreur rétrospective.
— C’est avec ça que…
Il alla ramasser son chapeau et découvrit avec stupéfaction que la toile avait été traversée de part en part. La gorge sèche, il se retourna vers Hubert qui l’avait rejoint.
— Regardez, Bug ! On dirait un jouet d’enfant et c’est une arme redoutable… C’est un modèle spécial de John Milligan, en alliage d’aluminium. Elle pèse deux cents grammes et les élastiques font chacun trente centimètres…
Il ouvrit sa main droite, montrant une bille d’acier de treize millimètres de diamètre.
— Voilà le projectile. On peut bien entendu en tirer de plus petits. Regardez…
Il plaça la bille d’acier dans la poche de cuir, tendit les élastiques et visa un bidon d’huile placé au pied d’un mur à dix mètres de là.
— Je fais là une extension de quarante centimètres environ. Il y faut de la force…
Ses biceps saillaient durement. Il lâcha tout. Un sifflement. Un choc métallique, comme un coup de gong assourdi. Le bidon sauta en l’air…
OK, pas de souci.
Je finirai par retomber dessus un jour. Je m'en suis chopé trois autres chez un bouquiniste ce mois-ci, je les lirai cet été. Qui sait !
(en vrai, ma main à couper que ça sort de l'un des bouquins écrits par Jean Bruce et non de l'un de ceux - plus nombreux ! - écrits ensuite par sa femme)
Et ouais, je lis de la grande littérature, moi, monsieur.
Ah bien joué, cimer chef.
C'est bien l'un des opus de Jean Bruce, du coup.
OSS ça me fait marrer justement parce que c'est une caricature et que les gags sont drôles et bien trouvés.
Par exemple j'adore la blague sur DeGaulle et la dictature parce qu'elle est bien trouve pourtant je sais bien que sa présidence n'était pas du tout une dictature et je suis plutôt fan du personnage historique.
Puis le personnage de Dujardin est autant représentatif de l'époque qualité Coffin de la notre c'est ça qui est drôle.
Bah typiquement là on est en plein dans le flou qu'il me semble flotter autour du film.
Tu prends ça pour une vanne pure alors qu'à mon avis les créateurs ont voulu ouvertement suggérer que le gouvernement De Gaulle était un gouvernement autoritariste.
C'est pas le fait de dire que De Gaulle est un dictateur qui est censé être drôle là. C'est le fait que le personnage d'Hubert est censé rejeter avec force l'état décrit par la femme alors qu'il l'embrasse complètement.
Mais beaucoup là-dedans ne vont pas voir une charge contre le gaullisme. Ils vont voir en Hubert un patriote sympa d'une époque où on avait des couilles.
Peut être bien ouais mais bon au final peu importe, je dirais même que c'est encore mieux fait si chacun voit midi a sa porte.
Je vois pas bien où est le flou, le message est évident.
Pour qu'il y ait un flou, ça voudrait dire qu'il serait possible d'interpréter la scène comme donnant tort à Dolorès et raison à un type qui explique une seconde auparavant qu'une dictature c'est quand les gens ont des chaussures à fermeture éclair, ce qui est absurde, vous en conviendrez.
Non, le flou interprétatif il est autour du jugement que le spectateur, à partir de ce ressort comique compris, doit porter sur Hubert. Pas sur les enjeux du dialogue qui sont évidents dans l'écriture en décalage. Est-ce que c'est un con qui défend sans le comprendre un état fasciste mou, ou est-ce que c'est juste un type un peu beauf mais sympa avec qui on a envie d'être du bon côté du bâton.
C'est ça la ligne de crête qui sépare les deux visions de OSS 117. Et je trouve pas que les gens se rassemblent autour de ce personnage comme le proposent certains. Je pense que y a deux visions opposées qui coïncident dans le rire ou l'amusement mais pour des raisons contraires.
Je vois absolument pas en quoi ces visions sont opposées, au contraire même.
OSS117 c'est un type un peu beauf mais sympa qui défend sans le comprendre des idéologie auxquelles il ne pige rien, le conventionnaliste bas du front de base.
On le voit bien quand il se met gueuler "Allah Akbar" après 30 secondes de discours d'un imam ou quand il demande aux gars du MOSSAD quels sont les crimes de Von Zimmel, c'est un type ultra malléable qui adhère et sert sans se poser de questions. Potentiellement dangereux, sans être nécessairement un monstre.
Avec cette nuance-là pourquoi pas oui.
Mais j'ai pas l'impression que ceux qui utilisent beaucoup de répliques du personnage ou spam ses stickers à tout bout de champ - ceux qui sont dans le processus d'identification dont je parlais initialement - soient dans la lecture un peu de l'entre-deux que tu proposes.
Le 20 juillet 2021 à 22:01:16 :
Avec cette nuance-là pourquoi pas oui.Mais j'ai pas l'impression que ceux qui utilisent beaucoup de répliques du personnage ou spam ses stickers à tout bout de champ - ceux qui sont dans le processus d'identification dont je parlais initialement - soient dans la lecture un peu de l'entre-deux que tu proposes.
Après, et j'ose espérer, que ceux qui utilisent ses stickers savent pertinemment que ce personnage est un con/raciste et n'est absolument pas à prendre comme exemple. Personnellement, je ne suis même pas fan des films, surtout le second.
On est sur JVC, mais il y a des limites quand même.
N'est-ce pas ?
Le 20 juillet 2021 à 21:21:57 :
Bah typiquement là on est en plein dans le flou qu'il me semble flotter autour du film.Tu prends ça pour une vanne pure alors qu'à mon avis les créateurs ont voulu ouvertement suggérer que le gouvernement De Gaulle était un gouvernement autoritariste.
C'est pas le fait de dire que De Gaulle est un dictateur qui est censé être drôle là. C'est le fait que le personnage d'Hubert est censé rejeter avec force l'état décrit par la femme alors qu'il l'embrasse complètement.
Mais beaucoup là-dedans ne vont pas voir une charge contre le gaullisme. Ils vont voir en Hubert un patriote sympa d'une époque où on avait des couilles.
Faut quand même le vouloir pour le coup c'est une des blagues les plus appuyées je trouve
Rien que le "une dictature c'est quand les gens sont communistes déjà" ça rend le personnage tellement con que lorsque la blague sur de Gaulle arrive c'est dur d'y voir autre chose que le bouquet final de sa connerie
Le 20 juillet 2021 à 22:18:31 Niangtheking a écrit :
Le 20 juillet 2021 à 22:01:16 :
Avec cette nuance-là pourquoi pas oui.Mais j'ai pas l'impression que ceux qui utilisent beaucoup de répliques du personnage ou spam ses stickers à tout bout de champ - ceux qui sont dans le processus d'identification dont je parlais initialement - soient dans la lecture un peu de l'entre-deux que tu proposes.
Après, et j'ose espérer, que ceux qui utilisent ses stickers savent pertinemment que ce personnage est un con/raciste et n'est absolument pas à prendre comme exemple. Personnellement, je ne suis même pas fan des films, surtout le second.
On est sur JVC, mais il y a des limites quand même.
N'est-ce pas ?
Faisant partie des guignols spammant allègrement les stickers OSS, je me sens visé, donc je me permets de répondre : j'utilise ces stickers comme certains utilisent les stickers Risitas, Etchebest ou Macron. Pour le plaisir, parce qu'ils m'amusent, pour ponctuer mes posts. Un sticker OSS fait chez moi office de smiley, pas de bulletin de vote pour Hubert Bonisseur de La Bath. Aucune allégeance politique/idéologique au personnage dudit sticker.
Même topo quand j'utilise un sticker Brice de Nice, James Bond ou Joker. Ces trois-là ne s'entendraient pas vraiment, d'ailleurs.
EDIT : j'espère vous avoir rassurés
Que le personnage soit con c'est pas un problème, même réponse qu'au-dessus : tout le monde est conscient du fait que c'est un con. Mais y a des cons qui sont utilisés pour cristalliser des critiques, et ce sont des cons répulsifs, et y a des cons qui sont utilisés pour provoquer de l'empathie, et donc quelque part par là adhésion même distante.
Ce que je reproche au film, au 2 disons, c'est de partir de la première posture au niveau des intentions et d'arriver dans les résultats au moins à mi chemin voire franchement vers la seconde.
Je visais pas spécialement serval dont je ne connais pas les opinions politiques parce qu'il me semble qu'il en parle peu, mais de ce que tu dis, regardes, j'avoue que je ne t'imagine pas très à gauche sur l'échiquier politique. Je t'imagine plus facilement de la bonne vieille droite tête de veau. Mais je n'en sais rien fondamentalement, et on s'en fout un peu.