Les suites de Joannès

Chapitre de bonne facture

• • • Episode 13

J'avais donc appris, à ma grande surprise, que je n'étais que convoqué pour un poste de préparateur. Le sale boulot, ingrat, dont personne, mis à part les coachs, ne se soucie. Et encore, les entraineurs savent qu'un bon préparateur fait une bonne équipe, maintient ses gars en forme et leur permet de s'améliorer, mais se gardent bien de le crier haut et fort. La gloire est une chose personnelle, égoïste. J'ai fais comme tout le monde à Turku, il en sera de même ici.
Mais bon, un job étant un job, et mon banquier étant un homme dont j'avais atteint la limite de la patience, qui, au passage ferait passer un moine tibétain en pleine contemplation pour un anarchiste bouillant de Mai 68, j'allais accepter. Je nourrissais le secret espoir d'un jour arriver à me refaire la cerise, de faire mes preuves, de sortir du lot, d'attirer le regard d'un club en mal de coach, et qui donnerait sa chance à un préparateur physique ayant glané quelques titres dans le froid finlandais. Des comptes de fée se sont écrit pour moins que ça. Puis merde, ça paraît jouable. Suffit juste de suivre les actus du foot et de savoir envoyer un CV par mail. Et le temps ici est pas franchement dégueulasse. J'étais en manque de soleil, après trois années à vivre une nuit par hiver, et une autre cloîtré dans mon 28m² parisien.

Le président m'avais donné rendez vous le lendemain pour signer mon contrat, devant, disait-il, quelques journalistes. Je voyais la scène d'ici, 3 pigistes, apprentis scribouillards, dépêché ici par le site internet du club, le canard local et une agence de presse et deux autres pour les sites de fans. Pas franchement ce qu'on peux appeler des journalistes.
Mais bon.
J'avais commencé à chercher un appartement, si possible avec vue sur mer, et les hôtels espagnols n'aimaient pas les chats. La ville en elle même était sympa, mais j'avais préféré attendre la tombée de la nuit pour me lancer dans la recherche du lieu parfait pour oublier ma condition misérable de trentenaire sans le sou, célibataire et en manque de cul. Il me fallait un rade où la bière est bonne mais pas trop chère, et ou la clientèle féminine ne se limite pas à la grosse tenancière. Vers 23 heures, après avoir sorti le chat de la valise ou je l'avais planqué pour niquer ce gros con d'hôtelier j'avais trouvé le lieu parfait. Je l'ai su dés que j'avais passé le pas de porte. Le sol était une forme de dallage imitation pavé d'ancienne rue. Une cabine téléphonique rouge londonienne à laquelle on avait viré les portes et le fond et qui servait de porte donnais le ton pub anglais. Un haut bar de bois, rayé par la multitude de pintes qui avaient été vidées par mes futurs compagnons de beuverie, donnais sur des tireuses, actionnées par des jeunes mecs énergiques. Devant des gros tabourets en bois, une barre de fer. La légende veut que cette barre servent aux poivrots à accrocher leurs ceintures, pour ne pas tomber une fois que l'alcool a fait son œuvre. Le fond de la salle était occupé par un billard, un jeu de fléchettes et les chiottes. Dans la salle, des petites tables, parfois avec des canapés. La population de mon nouveau foyer d'accueil est jeune, mais pas assez pour ne pas connaître les grands noms du rock que sont Van Halen ou les Guns. Et surtout, y a de la demoiselle.
C'était parfait.
A peine accoudé au bar, ma bière fraîche servie, une de ces charmantes demoiselles était venue me tenir compagnie. Ni trop belle, ni trop moche, le genre de qui tu peux tomber amoureux si elle te regarde un peu trop fixement. Une robe bleue qui fait ressortir son bronzage (sans les marques de bretelle, la coquine) des dents blanches parfaitement alignées, des yeux noirs à faire fondre les glaçons, j'avais même pas englouti ma seconde bière qu'elle me filait son numéro et me proposait de l'accompagner en boîte.

J'avais suivi son groupe de pote avec joie, content de me faire des amis si rapidement. Ils parlaient tous un anglais acceptable, et mes cours d'Espagnol du lycée me revenait beaucoup plus facilement que je ne l'aurai cru. Mon baragouinage Franco-Anglo-espagnol passait, et la bouteille de vodka que j'avais généreusement offert aussi. Alors que tout le groupe se déhanchait sur le dancefloor, tandis que j'observais de loin ma belle inconnue, mon regard capta celui du plus silencieux de la troupe, qui me fixait. Il avait un comportement chelou, en ne parlant presque pas, ne riant pas à mes blagues pourtant extrêmement brillantes, et me toisait depuis le bar. S'il voulait faire connaissance avec mes phalanges, il n'avait juste qu'à le dire, c'eut été plus simple. Mais la jolie Anita m'avait sorti de mon combat de regard avec ce mec, pour m'inviter à danser.

Quand le soleil me tira de mon sommeil, avec Anita dans les bras, le déroulement de la soirée me revint en mémoire. Et l'heure du rendez vous au club aussi. Je m'éclipsais discrètement, enfilant mon jean sans faire le moindre bruit. Je m'expliquerai plus tard avec Anita, là j'avais pas trop le temps. C'est en enfilant maladroitement ma chaussette que j'avais vu le cadre. Anita, sur un voilier, dans les bras d'un mec velu, avec une grosse chaine en or qui disparaissait sous la masse de poils, et des bagues qui valent aussi cher que ma fidèle twingo à chaque doigt.
« Bordel de merde, j'y cois pas, putain de nom de dieu ... »

Quel suspens
Continue

gogogo

Owi

Screen d'Anita

Espece de pervers

• • • Episode 14

« PUTAIN ! MAIS DANS QUELLE MERDE NOIRE JE ME SUIS MIS, MOI, BORDEL DE NOM DE DIEU !!! »

« C'est mon père, sur la photo » m'avait annoncé fièrement Anita. Connasse, je me doute que c'est pas ton mac, avais-je pensé bien au fond de moi. Ce mec sur la photo, c'était son père, soit. Mais c'était surtout mon nouveau boss. Le patron du club, le big boss, le fromage de tête, celui qui allait me verser mon salaire et à qui je devrais rendre quelques comptes si malencontreusement ses joueurs se blessent lors de mes entraînements. Putain fais chier, je suis le roi pour me foutre dans des merdes impossibles, moi.

J'avais expliqué à Anita que j'étais sous les ordres de son père, elle n'avait pas compris que je parlais du club de foot, tout d'abord, et je n'avais pas voulu savoir de quelle entreprise mafieuse elle voulait parler, mais ça confirmais mon impression de départ. Là, c'était plus une tête de cheval que j'allais retrouver dans mon pieu, mais ma queue, et j'y étais beaucoup trop attaché pour prendre le moindre risque concernant son intégrité. J'avais fuit par la fenêtre, comme dans les films. Le temps de passer à l'hôtel pour me changer, et j'arrivais au centre sportif pour y parapher mon merveilleux contrat de quatre ans. Mais au moment ou j'allais entrer dans la salle, un coup de fil :

_ Allo ?
_ Mr Bartim ? Ici Yvon Kampenners, vous vous rappelez ?
_ Oui, merci vous avez manqué de me tuer, j'vous signale, on oublie rarement la gueule du mec qui vous enfonce son capot dans le ventre... Quoique si, ca arrive souvent, à la réflexion... Au fait, vous ai-je déjà remercié pour le job ?
_ C'est pour ça que je vous appelle...
_ Si c'est pour me dire de pas baiser la fille du patron, que je soupçonne d'être un mafieux notoire, trop tard...
_ Hum, Euh Oui, non, ce que je voulais vous demander, c'est de ne pas signer le contrat ...
_ Vous vous foutez de ma gueule, c'est ça ?
_ Non, vous vous mépre...
_ Je sais, c'est une caméra cachée !! Non mieux, vous êtes un mec que mon ex a engagé pour me pourrir encore plus la vie !! Vous direz à Charlène que c'était pas la peine j'y arrivais très bien tout seul !
_ Non écoutez moi ! Il ne faut pas signer ! Enfin vous faites bien ce que bon vous semble, mais si j'étais vous …
_ Mais putain ! Vous m'offrez une belle opportunité, c'est quoi ce bordel ! Je peux me relancer, là. Je sais ce que je fais, je sais que je pourrais y arriver ! Et y a aucun club qui voudrais d'un mec comme moi de toutes façons !
_ Si ! Un …
_ Ben voyons, et quoi encore ? Je préfère être préparateur dans un club de Première division d'un grand championnat qu'être coach d'une équipe moisie de 3e division autrichienne...
_ Anglaise.
_ Quoi Anglaise ??! Coach physique dans un club moisi de D3 brittone, à choisir, le soleil, je préfère.
_ Non Entraineur.
_ Et puis merde de toute façon je vous emmerd.... Pardon ? Je crois qu'on a été coupé, j'ai pas entendu le mot après entraineur.
_ Parce qu'il y en a pas. J'ai une offre devant moi de la part du club de Leeds. Ils comptent sur vous pour revenir au plus haut niveau.
_ Euh, Leeds. LE Leeds ? Celui de Canto, Hassebaink, Woodgate et Keane ? Ce Leeds ?
_ Tout à fait. Vous pouvez être là bas demain ?

En même pas quelques minutes je passais d'un avenir lointain et difficile dans le monde du football à la possibilité d'inscrire mon nom en grandes lettres auprès d'un ancien grand club Anglais. L'occasion était trop belle, nom de dieu, j'avais pas l'embarras du choix. La perspective de me faire émasculer par un mafioso parce que j'avais retourné sa progéniture, le soleil et la mer, un job de merde, où des bières, de la pluie et une équipe à moi tout seul. Le temps de dire au président que je refusais finalement son offre, et de lui annoncer également que j'avais pris sa fille en levrette toute la nuit, et j'étais déjà loin. Angleterre, perfide Albion, apprête toi à connaître un nouveau frenchie. J'arrive.

J'avais encore une fois traversé l'Europe de part en part sans m'arrêter. Le repos c'est pour les tarlouzes et les faibles. Leeds, putain, Leeds !! Coacher en Angleterre, c'est comme ne pas se faire choper en détournant des fonds pour un politicard. C'est comme travailler à Wall Street pour un trader. C'est comme chopper sur la piste de danse pour un mec moche. Le pied, bordel. Le putain de pied. De ce que j'en savais le club en avait fini de payer les pots cassés et ses dettes, les comptes étaient de nouveau sains et le groupe pas mauvais. Dans 3 ans, je pouvais être en Premiere League, à me frotter aux Arsenal, Chelsea et autre Manchester United.
Enfin.

Leeds

Pas mal , continue

Merci.

• • • Episode 15

« Donc les mecs, répondez moi... Qui va avoir les couilles d'aller boire un verre ce soir ? Qui ? Toi, est ce que tu vas avoir le courage de regarder les supporters ce soir, en buvant ta bière ? Et toi Jermaine, t'aura le courage de sortir de chez toi ? T'as rien fait sur cette mi temps rien. T'as des boulevard derrière toi, ils sont occupés à compter les brins d'herbe, et tu joues statique, putain ! Y a pas un mouvement en attaque, PAS UN ! C'est du foutage de gueule les mecs. Rappelez vous le quart de finale contre Chelsea... Qu'est ce qui avait fait la différence ? Le mouvement ! On récupérait la balle à 30 mètres de nos buts, et tout le bloc remontait avec le porteur, en écartant bien le jeu. Pourquoi aujourd'hui vous passez directement au centre ? Vous savez qu'ils ont des déménageurs au milieu, que le combat physique est perdu d'avance ? Alors passez sur les côtés, surtout à gauche ! Vous écartez le jeu, Ce connard de Vahid ne s'y attends pas. C'est pas tout les jours qu'on joue une finale de coupe de la Ligue les mecs, alors vous ne les lâchez pas. Pour ceux qui sont avec moi depuis deux ans, depuis la League One, vous vous rendez compte ? A qui c'est donné la chance de vivre deux montée, de jouer le plus grand championnat du monde, et de remporter un trophée pour la première saison en Premier League ? Montrez tout ce que vous avez les mecs, je veux voir des morts de faim sur le terrain, de mecs prêt à crever sur le pré ! »

Petit discours motivant. Je regagne mon banc avec le sourire. Putain, quand j'y repense, moi le petit entraineur de merde, j'suis sur le banc à Wembley, y a 80 000 mecs qui me jugent en ce moment, et j'ai onze gamin sur le terrain. Quel putain de chemin. On m'avait prédis une branlée contre Manchester City en finale, mais je tiens bon. Même si je sais que les gars sont capable de plus, je sens que le miracle est proche. Le président me regarde. A ses côtés je vois le futur président, ce connard prétentieux qui a annoncé à toute la presse que j'allais sauter dés le rachat officiel.
Enfoiré, va.
J'ai bien l'intention de te la mettre profond.

J'étais donc arrivé à Leeds, ou Yvon m'attendais, en présence du président qui avait envie de me voir à l'œuvre. J'avais toute les conditions pour bien bosser. Les mains libres au niveau du staff, j'avais eu le temps et les moyens de me constituer une équipe digne de ce nom. Au niveau de l'effectif, il fallait renforcer la défense, clairement, et il manquait un ailier droit digne de ce nom. Mon choix c'était porté sur un jeune de l'AS Rome, Antunes, qui avait accepté très rapidement de me rejoindre. Tant que j'étais en Italie, j'avais ramené dans mes valises un milieu défensif, Davide Bottone. Pour prendre le flanc droit, j'avais aperçu un belge qui correspondait à mes attentes, Jamaïque Vandamme. Seul recrue non voulue, on m'avait apporté Neil Mellor, soit disant trop fort pour la L1. Quoiqu'il en soit, cette première saison à la tête de ma nouvelle équipe avait permis de remonter en Championship, en finissant second. Mes méthodes n'avaient pas encore portés leurs fruits, et physiquement, on a eu un gros coup de moins bien entre Janvier et Mars, ou on avait flirté avec les non barragistes. J'avais pris confiance dans ce groupe, et je voyais déjà quels points je devais améliorer pour réussir à me maintenir en Championship.

J'avais fait mon marché dans les grands clubs de Première League. Une première pour moi, plus habitué à négocier des contrats avec des mecs libres à la fin de matchs de quartiers, ou des matchs de détection. Là j'avais le droit aux rendez vous dans des grands restaurants, avec les grands entraineurs, pour voir si il me laissait négocier avec leur joueur. Le premier à me recevoir était Arsene Wenger, Je voulais Sylvestre, il ne jouait plus, a à peine 34 piges. Il deviendrait le patron de ma défense. Accord trouvé au moment du café. 275 000 boules et un contrat de deux ans. Le lendemain, j'avais rendez vous avec Abramovitch. Nemanja Matic, en prêt. Oui ? Sans indemnités ? Banco. Liverpool. N'Gog. Prêt avec option d'achat. Banco. Allo le Stade Rennais, combien pour Deroff ? 75 000 ? Ca marche. Equipe prête, en avant les histoires. 46 matchs plus tard, on était champion, avec plus de 100 points, 107 buts inscrits. N'Gog et Jermaine Beckford avaient été fabuleux. En même pas deux ans, j'allais tâter de la Premiere League, rêve de nombre d'entraîneur plus doué que moi.

C'est à ce moment là que le président m'avait convoqué.

_ Monsieur Bartim, laissez moi vous présenter Peter Lorimer, le futur président. Son groupe Ecossais veux parier sur l'avenir et j'ai envie de prendre ma retraite.
_ Bonjour, Monsieur Bartim. Vous faites du très bon travail ici, mais j'ai l'intention de faire retrouver à Leeds son lustre d'antan. Pour ça, je pense que José Manulez, mon ami, entraineur de Murcia, serait meilleur que vous.

Ok, C'est franc, au moins.
Enculé.

J'avais raté les deux derniers

En effet,

Toujours aussi énorme, j'avais pas lu les 2 derniers

Je viens de me lire le tout
Il faut une suite

Ps: Tu m'as donné envie de jouer avec Leeds

Nom de dieu, des lecteurs, j'y croyais plus