CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + populaires
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • RetourHigh-Tech
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS
Forum
  • Accueil
  • Actus
  • Tests
  • Vidéos
  • Images
  • Soluces
  • Forum

Sujet : [Story] Haute Pression

DébutPage précedente
1234
Page suivanteFin
[jbt] [jbt]
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 16:55:59

______|_ Haute Pression _|______

      • Episode 1

Yvon Kempeneers enrageait.
On était vendredi soir, il était près de vingt heures et il était toujours assis derrière son bureau de la Défense.
Cela faisais deux ans que son métier lui sortait par tous les trous. Directeur commercial d'un équipementier spécialisé dans le football, c'était encore plus pénible, après quinze ans de carrière, que la mine où l'usine. C'est du moins ce qu'il se disait. A tel point que le seul fait d'enfiler sa chemise et de nouer sa cravate le matin provoquait chez lui des montées de suc gastrique, des relents de bol alimentaire, l'amenant parfois à vomir à jeun, avant de prendre le volant.

Son boulot le minait.

Depuis que sa liaison avec sa secrétaire avait tourné court, les journées lui semblaient interminables. Il n'avait plus d'idées, plus le gout d'en trouver, plus l'énergie d'avoir du gout. Il se sentait usé, c'était tout. Et l'usure dans un bureau où l'on adule les battants, les winners, c'est encore pire que la mort. Parce qu'on est bien vivant pour assister à son propre enterrement.

Yvon Kempeneers regarda l'horloge. Il avait rendez-vous avec un ami, ancien collègue étant passé chez le concurrent. Ils devaient se rejoindre après le boulot : il ne pouvait décemment pas se présenter avant 21H30. Ce serait désastreux pour son image. Il ne pouvait pas non plus passer une heure de plus à regarder l'horloge et à cliquer sur les icônes de son iBook : ce serait fatal pour son moral. Il décida donc d'aller boire un verre au pub juste à côté du bureau, puis de reprendre la voiture et d'aller se garer pas loin des Halles, puis de marcher jusqu'à l'hôtel en prenant le temps.
C'était une grande première.
Ça faisait des années qu'il ne s'était plus déplacé à pied en ville.
Enfin, si, entre les parkings et les restaurants, il empruntait bien un trottoir de temps à autre.
Mais une vraie balade à travers la ville, ça devait remonter au temps de ses études à la Sorbonne, quand il prenait les transports en commun, quand il bouffait dans des sandwichs gras dans le Jardin du Luxembourg. Il se sentit presque joyeux à l'idée d'utiliser ses jambes. Mais ce fut une impression fugace, le nuage gris flottait au dessus de sa tête ne se dissipa que quelques instants. La zone de dépression reprit le dessus dès qu'il fut entabouretté au coin du bar. Une bière chassait l'autre.

Il en vida trois.

C'était des pintes plates, sans mousse, pareilles à sa vie terne : brunâtre, sans remous et sans saveur. Le barman lui offrit un whisky, c'était un autre tempérament. Il sentit l'alcool descendre dans ses jambes, et réchauffer ses tempes. Il regarda l'heure. Il n'avait plus le temps de le prendre. Sa marche à pied serait pour une autre fois, il fallait qu'il se dépêche. Il aurait juste le temps d'arriver si il roulait pied au plancher et laissait sa voiture au voiturier.
Dés qu'il fut assis derrière le volant et qu'il libéra les chevaux de son Audi intérieur cuir, il détesta le monde qui défilait de l'autre coté des vitres. Il râlait sur la vieille qui traversait la rue sans se presser, les feux lui paressaient interminable et les rues dégueulasses. Il donnait des coups d'accélérateurs en attendant le verdissement des signaux tricolores, prenait ses tournant trop larges, fonçait dans les lignes droites.
Dans son autoradio, le best of de Guns & Roses envoyait des cheveux sales et des riffs de guitare à travers tout l'habitacle.

      • Episode 2

Yvon Kempeneers déboucha de la rue des Saints Pères à bout de nerf.

Il vira vers la droite, rejoignit les quais de Seine, serrant le volant à deux mains. La nuit descendait mais pas encore assez bas pour qu'elle chasse définitivement le jour.

Il faisait chaud.
Trop chaud.

Depuis le début de juillet, trop chaud. Grâce à la clim de son Audi, Yvon n'en souffrait pas le moins du monde et contribuait, bien volontiers, à rendre les étés de plus en plus insupportables pour l'ensemble de la planète. Un peu plus de CO2, un peu moins, on ne voit pas la différence. Par contre 22 degrés dans un siège en cuir, c'est la température idéale et ça n'a pas de prix. Yvon roulait un maximum en surface. La crainte des bouchons et de vieux restes de claustrophobie lui interdisaient d'emprunter les tunnels. Mais la surface ne le détendait pas pour autant. Malgrès l'heure avancée, il dut ralentir à plusieurs reprise. Boulvard Henri IV, il appuya un bon coup sur le champignon, quelque part entre une librairie qu'il fréquentait avant et la Bastille, dans ce no-pieton's land ou les voitures se partageaient le bitume avec les bus. Il dut ralentir quelques centaines de mètres plus loin. Devant lui, une vieille R5 tortuait sans carapace. Une plaque 44, le conducteur cherchait sans doute son chemin, roulait trop lentement au goût d'Yvon, qui lâcha des appels de phares. La Renault indiqua son intention de tourner à gauche dans la rue Saint Antoine, clignotant avec le soulagement que l'on peux exprimer en s'éloignant d'un chauffard.
Yvon accéléra un bon coup, doubla la renault par la droite et se pencha pour faire comprendre au provinciale tout le mépris qu'il portait mais il n'en eut pas l'occasion.

Un choc sourd et soudain emplit l'habitacle de l'Audi.

Il vit le corps décoller du bord du trottoir, traverser le champ de vision du pare-brise et rebondir sur le capot de la voiture.

Il freina à bloc, coupa le moteur, sortit en nage.

Il venait de renverser un homme.

Le pauvre gars semblait sous le choc, vacillait sur ses jambes. C'était pourtant un fameux gaillard : bien bati, cheveux courts, belle chemise noire. La voiture était arrêté sur un passage piétons il ne fallait pas la laisser là. Yvon réfléchit aussi vite que ses neurones le lui permettaient. IL n'y avait pas de témoins direct, les voitures filaient sans s'arrêter. Personne non plus sur les trottoirs. Etonnant en plein mois de juillet à Paris. Le jeune homme n'était pas mort, son état ne semblait pas exiger de soins médicaux. Yvon avait bien plus des 0,5 mg autorisés d'alcool dans le sang. Il venait de provoqur una ccident impliquant un piéton, engagé sur un passage protégé qui plus est. On lui retirerai son permis, il allait devoir s'expliquer.
Ca ne l'arrangeait pas du tout.
Le temps pressait.
Il s'entendit prononcer les mots « Ca va ? Vous n'avez rien ? »

[jbt] [jbt]
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 16:58:45
      • Episode 3

Le jeune homme fit signe de la tête.
Un demi sourire.
Il avait l'air en état.
_ Montez, vous serez mieux à l'intérieur, je vais bouger la voiture.
Il aida le grand type à prendre place sur le siège passager, referma la portière et fit le tour de l'Audi. Les voitures vrombissaient sur le boulevard. Les phares, par paires, trouaient la nuit qui en devenait orange. Il s'assit derrière le volant, boucla sa ceinture. Il ne sentait plus l'effet de l'alcool.
Les évènements l'avaient dessaoulé.
Sur le siège passager, le jeune homme ronflait comme un bienheureux.

Yvon ne s'attendait pas à ça. Il ne pouvait pas déplacer la voiture et déposer le jeune homme comme ça, endormi, sur un trottoir parisien. Il était de toute façon trop lourd pour qu'Yvon le déplace. Quand il l'avait invité à monter, il avait l'intention de. De quoi au juste ? Il ne savait plus bien. Discuter ? Le dédommager ? De le ramener chez lui ? Yvon souffla un bon coup. Il fallait qu'il se calme. Les choses allaient s'arranger. Il n'y avait pas mort d'homme.

Quoique.

Tout d'un coup, Yvon sentit son sang se glacer. Pourquoi ce mec visiblement sain de corps s'endormait-il comme une masse ? Ce n'était pas naturel. A moins que l'alcool ? Yvon se pencha pour respirer l'haleine du garçon, fut bloqué par sa ceinture, reprit le mouvement plus lentement. La bouche était ouverte, Yvon fut dégouté par la lourde respiration qui sortait entre les lèvres à flots réguliers. Il respira un bon coup, ne sentit rien du tout. J'ai bu moi même, pensa t-il. Je ne sentirai rien, de toute façon. N'empêche, il n'avait pas l'impression que le gars avait bu. Souffrait-il de troubles du sommeil ? Impossible à savoir ! Subissait-il tout simplement le contrecoup du choc ? Beaucoup plus probable. Les mains d'Yvon était moite. Si ça se trouvait, le mec était en train d'y passer sur son siège passager. L'Audi l'avait percuter sur son flanc, avait touché un organe vital, là, à l'intérieur, et comme une poule décapitée, ce type avait juste donné l'impression de continuer à être en vie par réflexe, et maintenant, il marchait vers la lumière ...

Putain de merde ...

C'était encore pire que la faute grave et le retrait de permis ! Le coeur d'Yvon battait à un rythme effréné, comme une paire d'essuie-glaces sous une pluie torrentielle. C'était absurde. Il n'est pas mort. Il était endormi, tout simplement. Rien ne s'était passé. Yvon contrôla sa respiration. Un vieux truc de yoga hérité de sa femme bien avant le divorce. Il fit descendre l'air jusque dans ses pieds, ferma les yeux, compta jusque dix-sept et les rouvrit doucement. Le monde était toujours là. Le mec ronflait, un sourire sur les lèvres entrouvertes. Tout aurait pu être bien plus grave. L'Audi aurait pu le tuer, le paralyser à vie, mais non, il avait juste été bousculé, et tout allait bien se passer. Si Yvon réagissait de façon organiser et adulte, bien sûr.

Par où commencer ?
Qui était ce mec ?
Un fort gaillard, des cheveux courts, un nez droit, des sourcils épais, une mâchoire carrée entourée par des joues pleines, un jeans bleu impeccable et une chemise noire. Ca ne l'aidait pas beaucoup. Du parfum aussi, un truc boisé, où marine, peu importe, au fond, il n'y connaissait rien. Il réflechit à toute vitesse. Quand on sent le parfum, c'est qu'on a quitté son chez soi et qu'on va quelque part. En public. Un vernissage, un diner, une soirée ...

Un coup de klaxon réveilla Yvon.

Il n'avait pas bouger la voiture, il était toujours sur le boulevard. Il démarra le moteur et mit l'Audi en mouvement.

Où allait-il ainsi ? Il ne savait pas.

      • Episode 4

Il bougeait parce que son immobilité attirait l'attention. Il pensa à rentrer chez lui mais cela lui parut indécent. On n'emmène pas de force un inconnu chez soi pour s'assurer qu'il va bien. Un rapt, c'est plutôt l'assurance que les choses tournent mal. Le plus sage eût été de foncer vers un hôpital, il y en avait un à deux pas. Mais Yvon n'avait aucune envie de se retrouver sous les néons à patienter près d'un lit en métal froid.
Je pourrais le déposer n'importe où, au fond, il ne m'a presque pas vu, à peine un instant, il n'y a pas de témoins, il n'aura qu'un souvenir approximatif de ma tête et de la voiture, rien de compromettant et l'affaire se tassera, c'est sans doute le plus simple, le moins risqué, conclut-il, fier de son raisonnement.
Le plus lâche aussi.
Yvon n'avait aucune envie d'être lâche.
Il valait mieux attendre que le jeune homme se réveille. Il quitta le boulevard, tourna en rond jusqu'à trouver un stationnement. Il rangea l'Audi le long du trottoir, rue de Sévigné, à l'ombre du musée Carnavalet, et coupa le moteur. Alluma la radio. Il y avait un air de jazz, clarinette, saxophone, batterie légère. Ne manquait qu'un Martini pour s'imaginer au bar d'un palace italien. Ce n'était pas le moment de se laisser aller. Il allait devoir expliquer beaucoup de chose à son passager, s'il ne voulait pas l'effrayer à tout jamais. Il se pencha vers la droite. Le type ronflait toujours. Sa respiration était lourde, lente, elle s'arrêtait pas moments et le cœur d'Yvon, entrainé par le même mouvement, se figeait sur place.
Et s'il mourrait, là, sur le fauteuil en cuir, hein ?
Yvon avait besoin d'air.
Il sortit du véhicule et la chaleur lui tomba dessus comme si elle n'avait attendu que ça depuis des heures. La canicule à Paris rends les gens fous. On a besoin de pluie, on a besoin de fraicheur. Nous ne sommes pas fait pour des étés pareils. Il se pencha sur le capot, il y avait une bosse. Pas très visible, mais une bosse tout de même. Ca n'arrangeait pas les histoires. Il alla et vint deux où trois fois sur le trottoir puis se dit qu'on pouvait très bien l'observer, se demander ce que cet homme d'un age respectable foutait avec un mec endormi dans sa voiture, un mec format armoire à glace qui dort comme un bébé, c'est louche.

N'importe qui jetant un œil sur la scène, se posera des questions.

Sa déambulation immobile attirait l'attention.

Il rentra.

Le jazz continuait à la radio. Une voix chaude était venue s'ajouter aux instruments. C'est absurde, se reprit-il, tout va bien. Je ne vais pas passer ma nuit dans la voiture à attendre que ce mec se réveille, sous prétexte que je l'ai effleuré avec mon pare-chocs. Je vais le déposer ici, au pied du mur, non, je vais l'amener aux urgences, c'est plus prudent, j'aurai du commencer par là, je n'aurai rien à me reprocher, j'aurai au moins la conscience tranquille. Ca sera mieux ainsi.
Yvon tourna la clef de contact, le moteur ronronna. Au même instant une mélodie s'éleva dans la voiture. Le thème de Chips, une série que Kempeneers avait suivie avec son fils ainé des années plus tôt. Christophe. Aujourd'hui il devait avoir une dizaine d'année de moins que ce type, sans doute. Ca faisait combien de temps qu'il n'avaient plus regardé une émission de télé ensemble ? La mélodie continuait, c'était la sonnerie d'un portable, celui du ronfleur. Mais le mec ne réagissait pas. Il était endormi plus que profondément. La sonnerie n'arrêtait pas. Au troisième refrain, Yvon tendit le bras, attrapa l'appareil à la ceinture du gars et regarda l'écran : un combiné de téléphone clignotait, entouré du prénom « Fred ». Yvon hésita deux secondes, inspira profondément, décrocha.
_ Qu'est c'que tu fous, Joe ? Hurla celui qui devait être Fred. Ca fait une demi-heure qu'on t'attend, on est à la bourre !

Kariwin Kariwin
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 16:59:12

PREUMS + JE SUIS

[jbt] [jbt]
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 16:59:39

je laisse d'éventuels retardataires digérer déjà ca :ok: :(

killerdezouk killerdezouk
MP
Niveau 20
27 janvier 2010 à 17:03:29

Ah Enfin !! Je me demandais ou elle était passé cette story, je la cherchais y'a quelque jour sans le retrouver :(

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:08:50

Ptain je crois que je l'avais ratée :-(

Je lis ça cash :(

Dj-paul Dj-paul
MP
Niveau 9
27 janvier 2010 à 17:13:50

je suis évidemment :fier:

MidOM MidOM
MP
Niveau 56
27 janvier 2010 à 17:19:28

moi aussi je suis!

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:21:49

Ah nan je l'avais pas ratée en fait :(

Heavy_Grosse Heavy_Grosse
MP
Niveau 5
27 janvier 2010 à 17:30:05

Haute pression :(

Kewlox :cool:

[jbt] [jbt]
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:30:35

Ok le trépané, si t'es pas capable d'avoir la puissance cérébrale pour lire plus de 2 lignes, passe ton chemin, faut un Qi minimum ici.

PS : tes remarques débiles, tu te les roules en cône et tu te les enfonces dans le rectum :(

Weissounet Weissounet
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:32:06

Et il va jouer à FM ? :hap:

Très belle story. :cool:

i-have_a-dream i-have_a-dream
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:32:39

je suis :ok:

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:39:09

Ouais ouais, il commencera à entraîner vers l'épisode 19. Au rythme d'un épisode toutes les 3 semaines, à vos calculettes :hap:

en_douceur en_douceur
MP
Niveau 6
27 janvier 2010 à 17:42:11

mis dans mes marques pages :cool:

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 17:48:00

Moi aussi je t'aime :coeur:

[jbt] [jbt]
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 20:18:50
      • Episode 8

Elle avait glissé entre le siège passager et la portière, la grande enveloppe crème déchirée à la va-vite. Yvon la saisit avec fébrilité. Il y avait une adresse. Il jeta un coup d'oeil aux environs : personne ne faisait attention à lui, ce Monsieur Tout le Monde en costard cravate debout à côté de sa voiture respectable. Il glissa l'enveloppe sous le pan de son veston et courut vers le bureau.
La matinée fila comme un bas de femme. Yvon ne pensait qu'à l'adresse.
A l'enveloppe.
A l'adresse sur l'enveloppe.
Il l'avait dissimulé dans le tiroir du bas de son bureau. Il ne pouvait s'empêcher d'en relire le nom : Joe Bartim, 27 rue Richomme, Paris 18e. Il avait trouvé son malheureux bonhomme. Il avait même entre les mains, ou plutôt entre les planches de son bureau, un excellent prétexte pour retrouver le mec, pour sonner chez lui, et prendre de ses nouvelles. Aviron Bayonnais. Ca intriguait tout de même Kempeneers.
Après deux heures à faire semblant de travailler, il s'enferma dans les toilettes avec l'enveloppe. Il parcourut la lettre qui s'y trouvait et se jeta sur le second tas de feuilles reliées entre elles par un élastique.
C'était plus que de la curiosité.
C'était poignant, comme un ventre vide, tiraillant comme une coupure au pied.
C'était plus fort que lui, il fallait qu'il lise.
Il resta aux toilettes une heure et demi.
Il avait lu d'une traite.
Il était bouleversé.

_ Tu te rends compte, expliquait-il à Jean Michel : j'ai failli écraser un putain de coach ! Ce qu'il a fait en Finlande, c'est limite du génie !
_ Ouais mais il est refusé par Bayonne...
_ Que des branleurs, la bas. Je te dis qu'il est très bon !
_ Tu t'y connais en foot, toi, maintenant ? Tu abandonne le merchandising ?
_ Ta gueule , putain ! Reste sérieux, deux minutes ! Pour voir un mec doué, faut pas sortir de Harvard. Tu crois qu'il faut s'y connaître en effets spéciaux pour prendre son pied avec Star Wars ? Ou être compositeur pour apprécier Tchaïkovski ?
_ Tchéco quoi ?
_ Je savais que t'étais qu'un crétin …
_ C'est toi qui est un peu trop sérieux, ces derniers temps, Yvon. Tu as mauvaise mine. Tu devrais baiser, à mon avis. Ca te soulagerai. Et laisse tomber ton entraîneur en cavale, ça ne te mènera nulle part. Tu as des nouvelles des tes mômes, ces derniers temps ? Tu devrais les appeler, tu sais …
_ J'ai été bluffé par cette lettres. Le mec raconte ce qu'il a réussi à faire dans un club moisi de Finlande. Putain, rends toi compte un peu. Partir du jour au lendemain pour un pays inconnu, prendre les rennes d'un club miteux et aller en UEFA, défier le grand Milan AC, passer pas loin de la mort, secouer le monde footballistique finlandais avec une affaire de dopage … Ca m'a touché ! Et ça m'a donné une idée …
_ Pour une fois que tu piques pas celle d'un autre …
_ T'es lourd. Je me suis dit que ce serait plus simple pour moi que pour lui de convaincre un président. Il doit pas y connaître grand chose.
_ Alors que toi t'y connais strictement rien.
_ Ouais, peut être, mais je connais des gens qui connaissent des gens qui …

Pour la troisième fois, ce matin, Yvon composait le numéro. Il l'avait trouvé sur le web. Une fois qu'on a un nom et une adresse, trouver un numéro de téléphone devient un jeu d'enfant. Une nouvelle fois il tomba sur le message « Orange, bonjour. L'abonné que vous cherchez à joindre n'est pas disponible pour le moment, merci de laisser votre message après le bip sonore ».
Kempeneers raccrocha. Il ne savait pas quoi dire. Il était tellement excité depuis ce matin, depuis qu'il avait reçu cette lettre enthousiaste, la première réponse positive après une volée de refus polis. Un bon club, en Espagne, qui ne cachait pas son plaisir : « Votre candidature a suscité beaucoup de débat dans notre conseil d'administration, et le récit de vos aventures en Finlande nous a énormément plu. Nous aimerions vous rencontrer pour mieux vous connaître. »

Maintenant il fallait retrouver son Joe Bartim, pour lui annoncer la bonne nouvelle.

      • Episode 9

Les semaines avaient passé. Yvon avait entrepris seul les démarches de prospection. Il avait photocopié le récit en quinze exemplaires, rédigé une belle lettre d'accompagnement, putassière mais pas trop, avec l'aide d'un de ses rédacteurs publicitaires. Il avait un peu forcé sur le pathos, sans pour autan dépasser les limites du vraisemblable.
Joueur de foot prometteur, grave blessure, fin de carrière précoce.
Ça il l'avait trouvé sur le net et à la Bibliothèque Nationale, dans la rubrique sport de quelques journaux de province archivés.
Chômage, alcoolisme.
Ça il l'avait inventé de toutes pièces.
Chance inespérée, le pied remis sur la pédale. Un club Finlandais. Turku. 3 ans là bas, Deux titres de champions de Finlande, quelques exploits en UEFA et un échec à la dernière minutes pour atteindre les groupes de la Ligue des Champions, dopage, aussi, accusé à tord, mais trainé dans la boue quand même, un problème au coeur, enfin.
Ça il l'avait lu dans le récit de l'enveloppe.
L'inter Turku était son seul club de sa carrière. Ce point là n'était pas faux, se dit Yvon en écrivant la lettre. Mais maintenant qu'une réponse était positive, il se rendait compte qu'il n'en savait rien. Il ne lisait pas le finnois,et Joe Bartim avait disparu en pleine nature pendant une année. Cela tritura un peu l'expert en communication, mais bien moins que son principal dilemme, depuis que la lettre enthousiaste lui était parvenue : d'un côté, il était impatient d'annoncer au coach renversé que son récit était renversant, de l'autre il redoutait le moment ou il devrait expliquer comment sa candidature s'était retrouvée entre les mains d'un club en Espagne, et pourquoi Yvon en l'avait pas restituée quand il l'avait découvert.
C'est vrai qu'il se posait lui même la question et que Jean Michel ne se lassait pas de lui poser. Les remords avaient dû peser pour beaucoup dans sa décision : il voulait à la fois disparaître totalement de la vie de Bartim et rattraper l'impossible.
Compenser le coup de volant imbécile par le coup de pouce capital.
Il voulait réussir un petit miracle.
Un cadeau qui ferait plaisir. Mais au moment d'entrer en contact avec le mec, Yvon braquait.
Ca expliquait les quatre appels sans laisser de message.

Six bientôt.

Et au septième, il finit par laisser sur le répondeur, la trace suivante :

« Bonsoir, je suis Yvon Kampeneers, vous ne vous souvenez sans doute pas de moi, mais j'ai une excellente nouvelle pour vous et votre CV. Rappelez moi au plus vite »

Il laissa ensuite son numéro de portable et attendit avec anxiété.

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 20:27:12

:bave:

Sam-Winchester Sam-Winchester
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 20:33:47

c'est une FIC ou une story, parce qu'en tant que FIC, je suis :bave:

nico1218 nico1218
MP
Niveau 10
27 janvier 2010 à 20:37:46

Vraie story = fic hein :(

DébutPage précedente
Page suivanteFin
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
Infos 0 connecté(s)

Gestion du forum

Modérateurs : Evilash08, Vortex646, Tomy-Fett, Leirok, ]Faustine[, Latios[JV], Remysangfamy
Contacter les modérateurs - Règles du forum

Sujets à ne pas manquer

  • Aucun sujet à ne pas manquer
La vidéo du moment