Vers le milieu des années 90, Rare travaille sur un projet nommé Dream pour la Super Nintendo. Après avoir été annulé pour cause de retard de développement, le prototype finit par prendre forme et atterrit sur Nintendo 64 en 1998 sous le nom de Banjo-Kazooie. Narrant les péripéties rocambolesques d'un ours kinkajou paresseux et d'un oiseau rouge malpoli, ce jeu de plate-forme qui n'a absolument rien à envier à Super Mario 64 est l'occasion pour Grant Kirkhope de montrer son talent créatif. En effet, Banjo-Kazooie demeure le premier jeu sur lequel notre musicien a effectué l'ensemble du travail sonore, aussi bien les bruitages loufoques des personnages que les airs entendus dans les différents niveaux.
Concernant les musiques du jeu, Grant nous a servi une véritable « british touch » puisque beaucoup de ses créations puisent leur inspiration dans la culture enfantine anglaise. De ce fait, le thème lugubre de l'ère de jeu principale, Gruntilda's Lair, ressemble étrangement à la comptine de John Walter Bratton, Teddy Bear's Picnic écrite en 1907. Une nouvelle occasion, d'ailleurs, de prouver que Rare n'a jamais manqué d'humour.
Petite promenade dans la tanière de Gruntilda
Parallèlement, Grant Kirkhope déploie toute sa magie dans les autres mondes du jeu. Par exemple, pour insister sur l'aspect répugnant des Marais Moisis (Bubble Gloop Swamp), le quatrième niveau, il utilise un judicieux mélange de cuivres et de xylophone. Pour fournir une ambiance sombre et inquiétante au septième niveau, le Manoir du Monstre Malsain (Mad Monster Mansion), il n'hésite pas à ponctuer le son de l'orgue par des rires diaboliques ou des hurlements de loups. Bref, la recette s'avère à chaque fois extrêmement croustillante.