Child of Eden, un titre qui résonne encore comme porteur d'originalité et de fraîcheur conceptuelle depuis sa première présentation à l'E3 2010. Mais surtout un titre qui doit encore émoustiller ceux qui ont eu l'honneur d'expérimenter le dernier jeu signé Mizuguchi. En effet, Child of Eden attire autant qu'il surprend et sous ses airs de feu d'artifice expérimental digne d'une rave party se cache en réalité l'une des expériences les plus intenses de la décennie. Présenté comme étant « multi-sensoriel », il exploite avec davantage de puissance l'état de transe dans lequel Rez pouvait nous mettre, et fait se rapprocher avec encore plus d'intimité le monde de l'art et du jeu vidéo, en usant de la synesthésie.
Lumi, première humaine née dans l'espace lors du XXIe siècle, centre l'attention d'une équipe de scientifiques vivant au XXIIIe siècle. A travers ses chansons, elle transmettait ses émotions, ses rêves et son admiration pour cette planète qu'elle ne voyait finalement que de l'extérieur. Le « Projet Lumi », dirigé par les scientifiques, vise à reconstituer artificiellement la perception qu'elle a pu avoir de la Terre, durant sa vie spatiale. Pour recouvrir ce souvenir, ils décident d'utiliser Eden, un réseau intelligent qui stocke la totalité des mémoires humaines. Malheureusement, un mystérieux virus se propage à l'intérieur d'Eden et menace de corrompre la présence de Lumi. Désormais, c'est à nous que revient la tâche de purifier le réseau et libérer Lumi.
De l'aveu de Tetsuya Mizuguchi, Child of Eden est le successeur spirituel de Rez. Seulement, il tient au fait qu'il ne s'agit pas d'une suite directe, même s'il entretient avec lui des concepts communs. En effet, que ce soit par cette même présence d'Eden,(en laquelle toute l'humanité confie son histoire), par le virus qui la contamine, ou simplement par l'originalité même du jeu qui tend vers le voyage hallucinatoire, les liens entre les deux expériences sont probants.
[VIDEO 0 INTROUVABLE]
Si Rez avait eu une communauté de fervents admirateurs, son accueil critique fut clairement mitigé. Pour ce qui est de Child of Eden, la donne a changé et le titre reçoit des avis plus que positifs de la presse spécialisée lors de sa sortie en juin sur Xbox 360. Parallèlement, espérons que le dernier né de Q Entertainment jouisse d'un public moins de « niche » que celui de Rez, car avec le savoir-faire du studio, la participation d'Ubisoft en tant qu'éditeur et la présence de Kinect, le jeu a tout pour plaire au plus grand nombre. Vous le savez, il ne tient qu'à vous d'en faire une réalité…
Néanmoins, il est évident que l'héritier de Rez rendra totalement indifférents certains joueurs, qui n'y verront qu'une redite d'un shooter au gameplay simpliste. Ils n'auront pas tout à fait tort car avec le recul, Child of Eden conserve presque à l'identique les mécaniques de jeu de Rez. Il serait d'ailleurs inutile de les détailler ici car hormis l'apport d'un tir secondaire et d'un niveau de plus qui s'apparente à un mode défi, le jeu n'innove pas grandement en termes de gameplay et de contenu. Maintenant, il faut bien comprendre que Child of Eden n'est pas qu'un simple rail shooter en vue subjective où l'on doit tirer en rythme. Il n'est pas un simple challenge à surmonter non plus, mais véritablement une expérience à vivre. Durant des années, nous avions l'habitude de parler du gameplay en tant que fond et colonne vertébrale d'un jeu. Mais ici, c'est désormais le son, l'image et les émotions véhiculées qui font la base de Child of Eden. Synesthésie expérimentant plaisirs auditifs, visuels et tactiles, un voyage sensoriel peu commun que nous tenterons de décrire dans les lignes qui suivent…