Shadow of the Colossus est dans la droite lignée d'Ico en termes de finesse du character design et d'excellence des couleurs. Même si la palette est moins printanière que celle d'Ico, le marron-gris représente avec brio la désolation du paysage parcouru. La poésie en devient donc mélancolique et apporte une nouvelle vision du romantisme. Les plaines s'étendent à perte de vue, de même que les déserts silencieux et les montagnes escarpées. De sombres forêts sont également de mise où sont exploités à merveille les effets de lumière filtrant à travers les feuillages. Pour le plaisir des yeux, il est jouissif aussi d'admirer le travail effectué sur l'aspect des colosses. Ils représentent tous un animal en particulier, mêlé à des monceaux de terre, du gazon en guise de poils et des engrenages mécaniques en tant qu'articulations. Sanglier, aigle, poisson, serpent, ours, gorille, éléphant... Un véritable zoo colossal métamorphosé dans une ambiguïté de la forme et une poésie de l'apparence. Finalement, malgré ses tares techniques minimes (textures qui brillent, petits ralentissements), l'expérience visuelle est des plus impressionnantes et donne vie à un rêve, qui aura poussé la Playstation 2 dans ses derniers retranchements.
La partie sonore, quant à elle, est simplement parfaite, car elle nourrit toute l'ambiance du jeu et dirige d'une main de maître les émotions véhiculées durant l'aventure. Les sons environnants taquinent notre esprit voyageur en alternant entre cris d'animaux, souffle du vent, galop d'étalon et silence oppressant. Les musiques symphoniques sont à tomber par terre et inciteront tout bon mélomane à se procurer l'OST composée par Kow Otani. Tantôt d'une tristesse désespérante, tantôt d'une fureur encourageante, elles accentuent avec majesté la nature chimérique du concept Shadow of the Colossus.
The Sunlit Earth