Shadow of the Colossus est la quintessence de l'action-aventure, car il mêle avec malice les deux fondamentaux du genre. D'un côté est représentée l'exploration avec les voyages à cheval, de l'autre est symbolisée la fièvre de la véhémence avec les combats contre les colosses. Les premières phases servent de transition entre chaque affrontement. Vous contrôlez votre fidèle destrier et galopez sur de vastes distances, en direction des bêtes divines. Pour vous repérer, l'épée du héros indique avec un faisceau lumineux le chemin à suivre. Il est bien entendu possible de se déplacer à pied et d'user de son habileté à l'arc. En guise de détail, quelques interactions amusantes peuvent être découvertes, comme siffler Argo, se tenir debout sur lui lorsqu'il est au galop, attraper les serres d'un aigle qui passe ou encore chasser des lézards. Des actions paradoxalement minimalistes face aux tête-à-tête avec les colosses, qui constituent tout de même l'aboutissement des passages à cheval. Chaque géant est étudié pour être terrassé d'une façon unique et nécessite donc un certain temps de réflexion et d'observation avant de grimper sur lui. Et en effet, il vaut mieux y réfléchir à deux fois, car foncer dans le gras d'un titan de trente mètres de haut avec une épée de cinquante centimètres, ce n'est jamais salutaire. Certains doivent être attirés avec l'arc, d'autres sont énervés par des éléments du décor, mais vous devez tôt ou tard les escalader pour dénicher leurs points faibles. Ces derniers sont signalés par des marques sur leur corps, que vous devez transpercer de votre épée. En cas de perte d'équilibre (n'oublions pas qu'ils sont vivants), il est possible de s'accrocher à leur fourrure, en surveillant l'endurance du héros, symbolisée par une jauge de fatigue.
Encore une fois, le game design sert le concept du jeu, et vice versa. Le principe part de la solitude d'un jeune garçon en quête de son amour perdu. Le monde dans lequel il évolue est vide, non civilisé et défraîchi. Seuls les colosses, Argo et quelques rares animaux sauvages constituent la vie avec laquelle il peut entrer en contact. Cette relation est d'ailleurs symbolisée par le toucher, sens universel qui permet de lier les êtres vivants avec simplicité. Wanda grimpe sur les créatures mythologiques, voyage sur le dos d'Argo et s'accroche aux oiseaux pour constamment être en harmonie avec son environnement. La mort de chaque colosse est ainsi mise en scène avec tristesse, la dure loi de la nature ne pouvant être contournée. Enfin, il faut relever l'invraisemblable puissance qui est donnée à Wanda, ce lilliputien qui vainc un à un ses ennemis. Jamais une telle possibilité ne nous aura été accordée dans un jeu vidéo, celle de venir à bout des plus grandes puissances de la nature, grâce au seul pouvoir de l'amour.