Le jeu débute alors réellement, puisque vous pouvez faire ce qui vous chante : travailler pour des marchands souvent peu scrupuleux, faire le coursier pour des nobliaux blasés, devenir le champion d'un petit seigneur, partir seul à l'aventure, ou commencer d'emblée à réunir les morceaux du Bâton du Chaos. Le libre arbitre laissé au joueur est impressionnant. Les dialogues, bien que simplistes, sont soignés, et le jeu regorge de possibilités intéressantes bien que sans commune mesure avec le reste de la série : commander à boire ou à manger (alors que les besoins alimentaires ne sont pas gérés par le jeu), dormir dans une chambre d'auberge plus ou moins luxueuse, ergoter sur le prix d'un objet ou d'une chambre, discuter avec les passants, se tenir au courant des rumeurs de la Cour, etc. La surface de Tamriel, théoriquement gigantesque, se chiffre en millions de km² ! Cependant, dans les faits, vous vous rendez vite compte que seuls les environs immédiats des villes et des donjons sont intéressants, tout le reste n'étant qu'une plaine infinie, désespérément plate et vide. Pour se rendre d'un endroit à l'autre, il faut donc utiliser l'option de voyage rapide.
Ce n'est, hélas, pas la seule faille technique de ce premier Elder Scrolls, considéré comme l'un des jeux les plus buggés de l'histoire aux côtés de son successeur Daggerfall. Entre les collisions hasardeuses, les pertes de sauvegardes et les ennemis qui apparaissent ou disparaissent parfois sans raison à des endroits absurdes, c'est vite le bazar. Arena est de ces jeux qui s'essaient timidement à la 3D, et le résultat visuel en est parfois un peu rebutant. Monstres et PNJ sont de simples sprites ; bâtiments, donjons, couloirs, rues et villes sont systématiquement rectangulaires. Pourtant, ces désagréments s'oublient vite quand vous êtes plongé dans l'ambiance, rythmée par des musiques d'une qualité technique aujourd'hui dépassée, mais toujours aussi entraînantes et immersives. The Elder Scrolls : Arena a reçu un bon accueil critique à sa sortie, puisqu'il a été élu Jeu de Rôle de l'Année 1994. Ceci dit, son succès n'a pas été aussi spectaculaire que celui de ses suites, en raison de ses importantes limites techniques, mais aussi et surtout parce que le public était alors bien plus restreint. Il est encore joué aujourd'hui en dépit de ses évidentes lacunes (la fiche de personnage simpliste, les quêtes peu variées, le scénario classique et l'univers encore peu développé).
Seize ans après sa sortie, Arena compte encore une communauté de joueurs, réduite et principalement anglophone, mais existante. Bien entendu, on ne trouve plus le jeu dans le commerce régulier depuis bien longtemps, et on peut encore attendre avant qu'il ne tombe dans le domaine public. C'est pourquoi, à l'occasion des dix ans de la série, Bethesda a proposé sur son site le jeu en libre téléchargement. Le faire fonctionner sur une machine récente nécessite l'utilisation d'un émulateur, tel DOSBox, mais le jeu est relativement stable. Son installation demande par contre quelques manipulations. Pour la simplifier, un joueur répondant au pseudo d'Ancestral Ghost a créé un installateur automatique, qui propose en outre d'installer le PFA. Le PFA, abréviation de Projet French Arena, c'est un projet de traduction en français de ce premier épisode, qui n'est jamais sorti, à l'instar de Daggerfall, que dans la langue de Shakespeare. Il est donc possible de jouer à Arena, aujourd'hui, avec la plupart des textes du jeu entièrement traduits.