A l'inverse des vaillants colons qui prenaient jadis la mer en direction de ces contrées inexplorées regroupées sous le terme latiniste de Terra Incognita, les aventuriers que vous êtes ne seront pas totalement désorientés lorsqu'ils poseront le pied sur les territoires de FFXII. Car le monde d'Ivalice existe bel et bien, et ça nous le savons depuis que Yasumi Matsuno a baptisé cette contrée issue de son imagination dans le brillant Final Fantasy Tactics.
Ainsi, alors que chaque nouvel opus de la saga prend forme depuis toujours dans un univers totalement inédit, FFXII ancre son histoire et son déroulement en Ivalice, le monde que nous avions appris à découvrir par le biais de Final Fantasy Tactics puis de Final Fantasy Tactics Advance. L'auteur annonce donc son ambition de faire évoluer son univers au fil d'épisodes qui n'ont, pourtant, pas de liens scénaristiques entre eux. Malgré tout, les retrouvailles avec les contrées d'Ivalice garantissent le retour de ces peuplades caractéristiques que sont les Numous, les Bangaas ou encore les Vieras, que nous retrouvons avec le plus grand plaisir dans ce douzième chapitre de Final Fantasy.
Le ton, pourtant, n'est pas à l'euphorie, puisque les pays qui composent le vaste domaine d'Ivalice traversent les heures les plus sombres de leur histoire. Le soft s'ouvre d'ailleurs d'emblée sur des scènes fortes qui témoignent d'une ambiance de guerre entre les forces armées de l'Empire et les soldats rebelles.
Tout ça n'est évidemment pas sans rappeler le contexte d'un certain Star Wars, ce que confirment les premières cinématiques de conflits entre vaisseaux avec notamment ce fameux passage en vue cockpit qui oblige le joueur à se questionner sur les influences de l'oeuvre de Lucas sur FFXII. Toutefois, on se rend compte par la suite que ces clins d'oeil évidents ne sont que ponctuels, à l'image de l'ascension de la forteresse du désert habitée par des hommes des sables rappelant les célèbres Jawas.
Le jeu conserve donc sa propre personnalité, et réussit bel et bien à imposer une atmosphère influencée avant tout par des oeuvres tels Vagrant Story ou Final Fantasy Tactics. Un héritage qui se retrouve d'ailleurs au niveau de l'ambiance graphique et sonore du titre qui rejoint tout à fait l'état d'esprit des deux softs pré-cités, auxquels s'ajoute très largement FFTA. La patte de Matsuno est facilement reconnaissable dès lors qu'on touche à l'atmosphère de Final Fantasy XII. Il est question, avant tout, d'intrigues politiques, de lutte pour le pouvoir, de guerres entre royaumes, de trahisons et de complots ourdis dans l'ombre par d'inquiétants personnages.
On est donc bien loin des aventures romantiques ou des croisades héroïques que l'on a pu voir dans les autres volets, et ce changement est loin d'être désagréable. Ne vous laissez alors pas berner par les quelques scènes à l'eau de rose que vous croiriez déceler sur certains visuels, à l'image de la cérémonie du mariage vue dans l'introduction. Les attirances ne sont que suggérées et se révèlent d'ailleurs beaucoup moins prévisibles qu'on pourrait le croire. Elles ne sont en aucune façon mises en valeur dans l'histoire qui nous est narrée et qui se veut aussi sérieuse que peut l'être celle d'un monde sur le point de basculer dans le chaos.