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Page Dossier Richard Garriott : Lord British

Richard Garriott : Lord British
Connu aussi bien pour son talent que pour ses excentricités, Richard Garriott fait un peu figure de légende vivante du jeu vidéo pour avoir créé et développé le roi des RPG, Ultima. Fils d'un astronaute, Richard Garriott voit le jour en 1961 à Cambridge mais c'est à Houston aux USA qu'il grandira et à Austin qu'il pratiquera son don. Précoce, il fait preuve de ses talents dans sa jeunesse puisqu'à l'âge de 15 ans il se lance dans la création de jeux de rôle sur papier. Dans les années qui suivent, il profite de son job dans un magasin d'informatique (ComputerLand) pour coder en BASIC son premier véritable RPG inspiré de l'univers Heroic Fantasy sur Apple II, ce après avoir déjà conçu d'autres jeux qu'il offre gracieusement à ses amis. Après avoir bouclé son soft à l'âge de 19 ans, il le nomme Akalabeth. Composé de simples lignes blanches sur fond noir, Akalabeth peut être vu comme la première pierre de l'édifice Ultima. Le titre conduit le joueur à suivre une aventure ponctuée de quêtes qui lui sont confiées par un certain Lord British, seigneur du royaume luttant contre le Gardien. Lord British n'est autre que Richard Garriott lui-même qui trimballe ce surnom depuis des années. Un pseudonyme qui lui fut attribué à l'université en raison de son goût immodéré pour le "beau parler", nul doute que ses origines anglaises ne sont pas non plus étrangères à ce sobriquet. Aujourd'hui encore, Lord British est un nom aussi reconnu que celui de Garriott, qui en tira d'ailleurs un certain parti, posant en photo dans un accoutrement de lord médiéval, l'une de ses nombreuses excentricités. Probablement la moindre.

Impressionné par le talent de son jeune employé, le patron de la boutique lui propose de vendre son jeu et investit quelques dollars afin de le dupliquer sur disquettes, emballant le tout dans des sachets plastiques. A peine une dizaines d'exemplaires trouvent acquéreur mais un seul aura suffi à lancer une carrière et une saga culte. Un seul exemplaire, preuve que les événements tiennent à peu de choses. Il se trouve en effet qu'une disquette finit par atterrir entre les mains de California Pacific Computers qui offre à Garriott d'acheter les droits de ce qui est considéré comme Ultima 0 par son créateur. En 1979, le jeu sort et se vend à 30 000 unités. Une performance plus qu'honorable pour l'époque. L'année suivante, Garriott, qui vit encore chez ses parents, se remet au travail et se lance dans le développement d'Ultima en compagnie de Ken Arnold. Ultima 1 sera distribué en 81 par California Pacific Computers. Un mythe prend forme. L'année suivante, c'est avec Sierra qu'il signe la distribution d'Ultima 2, la petite histoire voudrait que se soit le seul éditeur ayant accepté d'ajouter dans la boîte une carte du monde du jeu en tissu. Mais il ressort insatisfait de sa coopération avec l'éditeur, pour des raisons financières principalement, ce qui le poussera à créer sa propre société avec son frère (Robert), son père et un ami répondant au nom de Chuck Bueche. C'est la naissance d'Origin Systems. Le monde du jeu doit quelques bases immanquables à Origin Systems, outre la saga Ultima, on ne pourra passer à côté de Wing Commander, Times Of Lore, Privateer ou encore System Shock. Mais revenons à notre propos et à l'année 1982. Le jeune studio/éditeur planche sur Ultima 3 qui poursuit l'avancée et l'innovation tant sur le plan de la technique que sur celui du gameplay.

Comme vous le voyez, à l'époque, le rythme des sorties de jeu était pour le moins effréné. Rencontrant un succès sans cesse grandissant, Origin Systems retourne au boulot mais pas avant d'avoir signé un contrat avec celui qui est déjà presque un géant de l'édition, Electronic Arts. Ultima 4 voit le jour et commence à sérieusement se développer. Le jeu est devenu encore plus subtil et fait intervenir des compétences inattendues comme la compassion, qui se développait selon votre comportement face à un ennemi blessé, votre usage du mensonge, ou encore le vol. Le système de sort et de combat se complexifie également jusqu'à devenir un véritable standard toujours en vigueur. Le rythme de parution des épisodes d'Ultima ne faiblit pas, pas plus que son succès. Il me serait impossible d'entrer dans les détails de chacun des opus, la chose demanderait un dossier à elle seule. Alors quitte à voir mon chez moi incendié par les fans, je ne m'attarderai pas sur chaque sortie pour passer directement à la prochaine étape importante de la vie de Lord British et d'Origin Systems. En 1993, Garriott accepte de vendre la société à Electronic Arts, ce qui lui permet d'accroître son activité sans pour autant entraver le travail sur la série ou sur les autres produits Origin Systems. Le prochain projet d'envergure du studio prouvera une nouvelle fois son avance sur son temps et son caractère pionnier puisqu'il s'agira ni plus ni moins que du premier véritable MMORPG, le vénérable Ultima Online sorti en 1997. Criblé de problèmes techniques, il n'en sera pas moins un succès planétaire et le premier jet d'un nouveau genre de jeu. Pour Garriott, le but était de concevoir un soft dans lequel la coopération primait sur l'affrontement, un univers où ceux qui travaillent ensemble vont plus loin que les loups solitaires obsédés par l'envie de cogner sur tout ce qui passe à portée de glaive.

Tout va bien dans le meilleur des mondes pour Garriott, jusqu'au jour où ses rapports avec Electronic Arts vont se détériorer. EA décide de lui couper les vivres et annule certains de ses projets dont Ultima Online 2 ainsi qu'un mystérieux projet X. Il décide alors de quitter Origin Systems et part fonder - en compagnie de son frère - une nouvelle boîte en 2000, Destination Games, dont l'avenir est de développer des MMORPG. Un an plus tard, le studio entre en partenariat avec une société encore méconnue mais qui ne tardera pas à exploser sur le marché du jeu online, NCsoft. Destination Games devient la filiale américaine de l'éditeur coréen, prenant en charge une partie du développement et du support de Lineage aux USA.

Actuellement, Richard Garriott a donc sous sa coupe le développement du prochain MMO de NCsoft, Tabula Rasa, dont on se plaît à croire qu'il s'agit de l'héritage perdu du fameux projet X annulé par Electronic Arts.

En dehors de ses talents exceptionnels, Richard Garriott fait partie de ses quelques créateurs à la personnalité forte, attirante, mais discrète. En dépit de son caractère un peu excentrique, Garriott n'a jamais péché par excès d'orgueil ou fait montre d'un ego surdimensionné. On lui accorde donc un capital sympathie en tout point comparable à un Miyamoto ou à un Molyneux. Mais l'homme possède un petit brin de folie qui n'est pas sans rappeler celui de Richard Branson. Richard Garriott a en effet participé à des expéditions diverses, en Antarctique ou aux fonds des océans. Il est également en possession d'un véhicule lunaire et son manoir qui fait figure de véritable maison hanté, truffée de passages de secret est le théâtre de fréquents jeux de rôle. En somme, un homme comme tout le monde. Non ?

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Sommaire Dossier
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  • Warren Spector : le dieu dans la machine
  • Sid Meier : pluraliste
  • David Cage : particule errante
  • Hironobu Sakaguchi : fantaisiste inspiré
  • Eric Chahi : il rêvaaaiiit d'un autre monde !
  • Alexey Pazhitnov : Tetris, mensonges et vidéo
  • Nolan Bushnell : le vulgarisateur
  • Michel Ancel : le Mal, c'est le marché
  • Hideo Kojima : caméra, console, aller et retour
  • Gunpei Yokoi : prend un Yokoi dans ta poche
  • John Romero : I wanna be a video game star
  • Yu Suzuki : F.R.E.E. as a bird
  • Trip Hawkins : non, je ne suis pas VRP chez Ultra Brite
  • Shinji Mikami : seul dans le noir ?
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