Raconter l'histoire de Nolan Bushnell revient peu ou prou à raconter celle de sa société : Atari. ça tombe bien, je l'ai déjà fait dans le dossier sur l'histoire des machines. Si je qualifie Bushnell de vulgarisateur, c'est parce qu'à l'image d'un scientifique qui met à portée de tous une connaissance élitiste, Bushnell est l'homme qui a réellement fait sortir le jeu vidéo des laboratoires ou des énormes machines coûtant des milliers de billets verts. S'il n'a pas inventé le jeu vidéo (n'oublions pas Ralph Baer), cet homme, né dans l'Utah en 1941, en a fait un loisir de masse, ce n'est pas un créatif, mais bien un businessman de talent. A l'âge de 15 ans, le petit Nolan commence à s'intéresser à l'électronique, intérêt qui finira par le conduire à suivre des études d'ingénieur. Il mettra 7 ans à obtenir son diplôme, multipliant les petits boulots en rêvant de se faire embaucher chez Disney. C'est durant cette période qu'il découvre le Spacewar de Steve Russel. Le jeu qui n'en n'est pas un et qu'on n'approche pas facilement. Spacewar n'a rien d'un produit grand public, la machine coûtant une petite fortune, sans parler de son aspect ludique. En 1970, Nolan Bushnell se met en tête qu'il est possible de reproduire le concept sur du matériel moins onéreux. il développe donc son Computer Space qui est un clone éhonté de Spacewar. Peu importe, il vend la bête qui sera commercialisée, marquant l'avènement des premières machines d'arcade. Un enfantement dans la douleur puisque Computer Space ne sera pas ce qu'on appelle un succès retentissant, la machine coûte cher et son exploitation ne remplit pas les caisses des acheteurs. L'affaire est toutefois lancée. Dans le même temps, Nolan fonde sa boîte, Atari en 1972 qui connaîtra la destinée tragique qu'on lui connaît après avoir été le phare dans la nuit du jeu vidéo naissant. Peu de temps après Computer Space, c'est au tour de Pong d'investir les bars avec cette fois une rentabilité nettement plus appréciable, même si cela vaudra à Bushnell un procès intenté par Magnavox qui exploitait le jeu sur la première console de jeu de l'histoire, l'Odyssey (voir ici). D'autres machines verront le jour rapidement, mais Bushnell a une idée fixe, concevoir une version domestique de Pong dans une console qui ne fait tourner que ce jeu (un Pong donc). Vendu à un prix inférieur à celui de l'Odyssey, Pong fait un carton. La prochaine étape consiste à commercialiser une console à cartouche, pouvant accueillir n'importe quel jeu. Le projet initial se nomme Stella, il est dirigé par celui qui deviendra le père de l'Amiga, Jay Miner. Faute de budget, le projet avorte mais à cette époque, en 1976, Warner rachète Atari et Busdhnell reçoit un investissement de 28 millions de dollars pour développer le projet de substitution, la VCS 2600, une histoire que je vous ai déjà narré. C'est à peu près à cette époque que les chemins de Bushnell et Atari se séparent. Malgré le succès commercial que remporte la VCS à son lancement en 77, la machine connaîtra quelques difficultés l'année suivante. Dans ces cas là, il faut toujours un bouc émissaire, ce sera lui. Warner n'apprécie pas sa décontraction et l'esprit qui règne chez Atari, bien trop insouciant à ses yeux pour une firme avec de telles ambitions. Nolan est donc congédié.
Poussé par un esprit d'entrepreneur forcené, il va se lancer dans une multitude de projets divers. On en recense une vingtaine (voire plus), dont Pizza Time Theater - un lieu où l'on pouvait jouer et manger des pizzas - ou encore Androbot, société pionnière des robots de divertissement qui ferma ses portes en 1984 après 2 ans d'activité. Son esprit de compétition ne se fera d'ailleurs pas uniquement ressentir dans le domaine professionnel puisque ce passionné de voile arrivera même à remporter, en 1983, la Transpac, une course de voilier à travers l'Atlantique et s'est aujourd'hui trouvé un nouveau défi : imposer l'usage de l'informatique comme outil pédagogique dans les écoles américaines.