Final Fantasy, toute une culture dans un seul nom, celui d'une série qui berce les fans de RPG japonais depuis près de 15 ans ! Un monument du jeu que chacun respecte, même s'il ne s'intéresse guère à la discipline. Derrière le mythe se cache une équipe, et surtout un homme : Hironobu Sakaguchi. Dans les années 80, ce jeune étudiant aspire à devenir musicien, avant de découvrir que le talent lui manque pour devenir le compositeur qu'il rêve d'être. Revenant sur Terre, Hironubu commence à déserter les bancs de la Fac pour s'adonner à son autre passion naissante : le jeu, en l'occurrence le jeu de rôle via Wizard Ultima. Parallèlement, il découvre le monde merveilleux de l'informatique et de la programmation, le jeune homme se met alors à coder ses premiers jeux sur Apple, des jeux qui resteront à jamais dans l'ombre mais qui d'une manière ou d'une autre finiront par lui ouvrir bien des portes. Agé de 21 ans, il entre en 1983 à Squaresoft, filiale d'une compagnie donnant dans l'électricité. Hironubu espère bien pouvoir exprimer son talent et libérer ses ambitions artistiques influencées par sa passion pour le JDR et le cinéma. Il rêve d'un jeu fait d'une histoire solide, dans un univers crédible et présentée sous la lumière d'une réalisation hollywoodienne. Pour cela, il lui faudra attendre l'avènement du CD, support susceptible d'accueillir les énormes et grandioses scènes cinématiques des épisodes avancés de Final Fantasy. Mais avant d'en arriver là, Hironubu doit pour l'heure travailler sur des projets sans rapports avec ses envies, les débuts sont difficiles et les jeux édités par le groupe sur PC ne rencontrent pas vraiment de succès. Il travaillera plus tard sur des jeux d'actions confidentiels comme Rad Racers. Quand soudain, Squaresoft commence à sentir le roussi au milieu des années 80, la firme a besoin d'un projet ambitieux, il faut prendre des risques. En 1987, la firme est au bord du dépôt de bilan. L'acquisition en 1985 d'une licence de développement sur NES marquera certes le début d'une longue et tumultueuse histoire d'amour entre les deux géants, mais pour l'heure, les jeux sur NES lui coûtent bien plus qu'ils ne lui rapportent.
A ce moment, Hironobu Sakaguchi gravite dans les hautes sphères de Square tout en demeurant un producteur et un créatif acharné. Nous sommes en 1986, son nouveau projet devra avoir des conséquences extrêmes : sauver ou tuer Squaresoft. Quant à lui, il envisage une fois son travail achevé de quitter le milieu du jeu vidéo. Est-ce de là que vient le titre de son oeuvre qui est, vous l'aurez compris, Final Fantasy qui sortira au Japon en 1987. De son propre aveux, l'une des principales sources d'inspiration du gameplay du tout premier FF sera Dragon Quest, RPG culte (et d'ailleurs premier RPG console) né de l'éternel rival de Square, Enix. Une rivalité aujourd'hui défunte depuis que les deux sociétés ont fusionné pour devenir SquareEnix.
C'est dans ce contexte de grande tension et de pression que va naître l'une des séries phares du RPG, même si elle restera toujours, au Japon, dominée par celle d'Enix, Dragon Quest. En tout cas, le succès est considérable avec des ventes qui atteignent la barre des 1.5 millions d'unités ! Ce carton revient indéniablement à Sakaguchi, non seulement par ses qualités créatrices propres, mais également par sa capacité à s'entourer des bonnes personnes. Une qualité récurrente chez ce genre de génie.
C'est le début d'une véritable saga digne d'un téléfilm fleuve qui vous occupe toute une après-midi sur M6, la série des FF va partir à la conquête du monde avec déjà 12 volets (en comptant l'épisode X-2) et sans parler des opus annexes. Arrive alors le grand pari, celui du cinéma. Sakaguchi a toujours eu des ambitions cinématographiques, il compte bien les mettre à l'oeuvre en écrivant et en réalisant Final Fantasy : The Spirit Within, un film en images de synthèse inspiré de la série FF. Le film est techniquement stupéfiant et vient taquiner les ténors de l'image de synthèse que sont Pixar et Dreamworks. Le résultat étant d'autant plus saisissant que le film met en scène des personnages humains. En dépit des qualités du film, il fera un bide monumental au cinéma à travers le monde. Un coup très dur pour Square qui a engouffré dans ce projet des sommes considérables. La société aura du mal à s'en remettre.
De son côté, le géniteur du phénomène FF a, un beau jour de 2004, décidé d'aller voir ailleurs si l'herbe était plus verte. Ainsi, Hironubu Sakaguchi a-t-il quitté Square-Enix pour aller fonder son propre studio, Mystwalker. A l'heure où j'écris ces lignes, un accord a déjà été passé entre Mystwalker et Microsoft prévoyant le développement de 2 RPG sur Xbox 2.