Pour mieux comprendre à quel point Resident Evil 4 marque un virage à 180° dans la série, revenons rapidement sur les épisodes les plus significatifs afin de survoler les quelques évolutions qui sont intervenues au fil du temps. Cette liste s'attarde donc sur les opus centraux de la saga, en laissant de côté les épisodes parallèles des séries Survivor et Outbreak.
Resident Evil
Si Resident Evil a facilement trouvé son public, c'est en partie grâce à son scénario, simple en apparence mais terriblement efficace. Pourtant le tout donne dans le déjà-vu, le concept de base étant directement issu de Alone In The Dark. D'ailleurs, si Capcom a toujours plus ou moins démenti s'être inspiré de l'œuvre française, on retrouve pourtant de nombreux ingrédients issus du jeu de Frédéric Reynal comme le manoir isolé, la possibilité de jouer avec deux personnages, l'ambiance "thriller fantastique" mâtinée d'action, etc. Pour la petite histoire, sachez que vous y jouerez le rôle de Jill Valentine ou de Chris Redfield (membres de l'équipe S.T.A.R.S) enquêtant sur de mystérieuses disparitions. Ces derniers vont très vite devoir se réfugier dans un manoir perché sur les collines d'Arkley, surplombant la ville de Raccoon City, afin d'échapper à une horde de chiens zombifiés. La suite de l'intrigue vous fera visiter la bâtisse recèlant d'innombrables pièges mais aussi de bien lourdes vérités. On aura beau crier au plagiat, quel jeu ! Une technique impressionnante pour l'époque, des scènes d'anthologie, des passages à vous faire frémir (la première apparition du Hunter !), Resident Evil avait tout pour plaire, hormis un gameplay déjà daté pour l'époque.
Note 1 : Précisons que le jeu sortira dans deux versions, l'originale et une Director's Cut sur PSone. Quid de cette dernière ? Et bien en plus de trouver un CD démo de Resident Evil 2, nous avions cette fois droit à la scène d'introduction non censurée. En somme, la séquence reprenait de la couleur, retrouvait certaines scènes coupées au montage (comme la mort de Joseph Frost) et l'ami Chris Redfielf se permettait même d'en griller une petite à la fin de sa présentation. Enfin, le joueur aura droit à quelques petites surprises supplémentaires durant le jeu à l'image de la rencontre vous opposant à un Forest Speyer bien mal en point.
Note 2 : Pour fêter l'arrivée de la série sur GameCube, Capcom a eu la bonne idée de sortir un remake de son bébé. Doté d'une fantastique introduction en CG, de nouveaux graphismes, de lieux et ennemis supplémentaires, de cadrages plus dynamiques et de bruitages ahurissants, ce nouveau cru de Resident Evil reste encore à ce jour un des meilleurs épisodes de la saga. D'ailleurs, si vous désirez constater la différence entre l'original et son remake, je vous renvoie aux images ci-dessus.
Resident Evil 2
Resident Evil 2 conserve les mêmes règles que son illustre aîné tout en y apportant quelques ajouts. Premièrement, le terrain de jeu se veut beaucoup plus vaste puisque d'un simple manoir, vous aurez cette fois la possibilité de traîner vos guêtres dans la ville de Raccoon City ainsi que dans le laboratoire secret d'Umbrella, la multinationale à l'origine du virus T. Le jeu tient maintenant sur deux CD, chacun étant dédié à l'aventure d'un des deux personnages jouables. Cette fois, nous avons la possibilité d'incarner Claire Redfield (la jeune sœur de Chris qui le cherche activement) ou Leon S. Kennedy, un flic de la police de Raccoon. Si l'histoire des deux protagonistes sera à 80% la même, vous aurez cependant droit à quelques passages spécifiques à l'un ou l'autre des héros qui se croiseront durant l'aventure. Le scénario, lui, suit son petit bonhomme de chemin avec la propagation du virus T dans la ville de Raccoon, infectant par là-même tous ses habitants. De plus, on note l'apparition du virus G complexifiant l'intrigue ou encore une mythologie plus approfondie, notamment grâce à quelques flash-back nous narrant les origines d'Umbrella. Le visuel gagne en détails, malgré des couleurs beaucoup plus froides et une ambiance un peu plus diluée que celle du premier Resident, et c'est un véritable enchantement que de visiter ces lieux tous plus sordides les uns que les autres. A contrario, le gameplay n'évolue pas vraiment et vous devrez toujours dégommer du monstre, résoudre quelques énigmes et affronter l'inénarrable Tyran de plus en plus increvable.
Note 1 : Comme dans Resident Evil, vous pourrez débloquer plusieurs bonus en finissant le jeu en un minimum de temps, en utilisant très peu d'objets de soin, etc. De plus, Resident Evil 2 nous fait cadeau de deux mini-jeux où vous devrez atteindre un endroit précis dans le temps imparti. Le premier jeu nous met aux commandes de Hunk, un mercenaire d'Umbrella qui doit rejoindre le toit d'un immeuble pour ramener le précieux virus G alors que le deuxième nous propose d'incarner un Tofu géant armé d'un simple couteau !
Note 2 : Resident Evil 2 entretient des liens étroits avec Resident Evil 4 puisque outre le fait de retrouver Leon S. Kennedy dans les deux opus, on y croise également la superbe Ada Wong qui de simple mot de passe dans Resident Evil prend ici une place beaucoup plus importante.
Note 3 : Une des plus belles cinématiques de Resident Evil 2 (nous montrant l'intervention de l'unité spéciale d'Umbrella) a été reprise pour ouvrir Resident Evil : Outbreak. Cependant, cette dernière a été entièrement refaite et traitée du point de vue des rats courant dans les égouts de Raccoon et assistant au dépeçage en règle des soldats de la société pharmaceutique. Un véritable régal, sublime en tout point, d'autant que la violence suggérée par des jeux d'ombres est magnifiée par une composition musicale tout en retenue.
Resident Evil 3
Mêlant des environnements plus chauds et une aventure plus variée, gardant les deux personnes jouables tout en rendant l'aventure plus existante et plus rythmée, Resident Evil 3 ne déçoit nullement. D'une part, le scénario est très intéressant dans son traitement puisqu'il se déroule avant et après les événements de Resident Evil 2, le synopsis reliant le diptyque ne s'étalant finalement que sur quelques heures. Ensuite on retrouve la belle Jill Valentine aidée par un certain Carlos Olivieira, membre de l'UCBS (Umbrella Biohazard Countermeasure Service). Le jeu commence en plein Raccoon City, en proie aux flammes et aux zombies déchaînés, et se poursuit dans une immense bâtisse à l'apparence gothique, très proche du manoir d'Arkley. Très bien construit, le jeu est d'autant plus agréable à parcourir que la tension est bel et bien présente grâce au Nemesis, créature nous poursuivant tout au long de l'aventure. Peu de nouveautés dans cet épisode si ce n'est la possibilité d'esquiver certaines attaques ou de fabriquer des munitions pour certaines armes. Resident Evil 3 introduit également la notion de "Décisions". Vous devrez ainsi choisir à certains moments entre deux options, ceci influençant le cours de l'histoire. Par exemple, vous pourrez opter pour le combat ou la fuite, celle-ci s'avérant souvent préférable.
Note 1 : Pour l'anecdote, vous pouvez retrouver le personnage de Carlos Olivieira (en cel shadé et super deformed) dans Under The Skin, un autre jeu de Capcom.
Note 2 : Resident Evil 3 est un épisode très important dans la série puisque la fin de l'aventure est ponctuée par la destruction de Raccoon City.
Resident Evil : Code Veronica X
Piochant dans des films cultes comme Psychose, The Thing ou Terminator 2, Resident Evil : Code Veronica X est sans doute l'épisode le plus cinématographique (et le plus abouti) de la saga. Avant toute chose, sachez que le X du titre est synonyme de petits ajouts pour la version PS2, le jeu étant tout d'abord sorti sur Dreamcast. Cependant, rien de bien croustillant à se mettre sous la dent hormis quelques nouvelles cinématiques. Débutant sur les chapeaux de roue, le jeu commence réellement sur une île appartenant à Umbrella. Nous y retrouvons Claire Redfield, encore et toujours à la recherche de Chris (qui sera jouable à la fin du jeu) qui ne tardera pas à rencontrer un certain Steve Burnside. Si le cheminement n'est pas différent de celui de ses aînés, il est indéniable que les choix scénaristiques de Code Veronica sont bien plus étudiés tout comme les personnages bien plus développés. En naviguant entre une île abandonnée et une station polaire perdue dans une tempête de neige, l'impression de solitude est presque palpable. Riche en révélations, le jeu est un peu plus avare en termes de gameplay. Tout juste retiendra-t-on la possibilité de tirer avec deux armes en même temps. Malgré tout, Veronica reste encore aujourd'hui une des pierres angulaires de la série.
Note 1 : Un des modes bonus accessibles après avoir fini l'aventure principale est un petit jeu en vue à la première personne. Ironiquement ce dernier se révèle bien plus réussi que Resident Evil Survivor 2, spin-off de la saga se déroulant à la manière d'un FPS et dont l'intrigue se passe dans l'univers de Code Veronica.
Note 2 : En guise de cadeau, Capcom avait eu la bonne idée d'insérer une démo jouable de Devil May Cry avec la version PS2 de Code Veronica. Inutile de dire que ce petit plus a grandement profité aux ventes du titre.
Note 3 : Il existe un comics de Resident Evil : Code Veronica (en 4 volumes, disponibles en import) qui reprend la trame du jeu en accentuant d'une bien belle façon le dynamisme de l'action. A lire sans modération.
Resident Evil Zero
Second épisode exclusif à la GameCube (après le Rebirth), Resident Evil Zero aura quelque peu déçu. En effet, cet épisode s'enlise dans un manque total d'originalité, allant même jusqu'à singer sans vergogne le premier épisode. Se déroulant quelques heures avant les événements du premier épisode, on y incarne Rebecca Chambers, un membre des S.T.A.R.S qu'on pouvait voir dans le premier Resident. Après quelques minutes de jeu, nous faisons la connaissance de Billy Coen, un fugitif accusé à tort et dont le train pénitencier a déraillé non loin de la forêt bordant Raccoon City. Alors qu'on devait en apprendre un peu plus sur les origines d'Umbrella, le scénario de Resident Evil Zero est bien moins convaincant que celui de Code Veronica. Toutefois, Capcom n'en a pas oublié d'inclure quelques nouveautés comme le Partner Zapping. Ce petit plus vous permet à tout moment de passer de Rebecca à Billy ou de diriger le personnage principal tout en donnant des ordres sommaires à votre compagnon. Si ce système est mis à profit pour résoudre quelques énigmes ou apporter un second souffle à l'aventure, le tout n'est guère probant. Ensuite, les coffres ont désormais disparu et il vous faudra maintenant laisser votre trop-plein d'objets à terre et effectuer d'incessants allers-retours pour les récupérer. Inutile de dire que cet aspect alourdit considérablement le tout.
Note 1 : Il assez drôle de constater que le schéma narratif de la série n'a quasiment pas bougé d'un iota depuis le premier épisode. On pourrait même résumer Resident Evil à la formule suivante: Allers-retours + combats + énigmes à base de clés + compte à rebours final + hélicoptère s'envolant dans le lointain lors d'une cinématique finale.
Note 2 : L'épisode Zero fait preuve d'un flagrant manque d'originalité en reprenant comme décor principal un manoir poussiéreux ou quelques énigmes entrevues dans le premier opus, à l'image de celle du piano par exemple.