En faisant preuve d'une grande culture cinématographique et d'un découpage frôlant la perfection, Kojima nous offre un jeu étonnant. En résulte naturellement une production magistrale qui doit autant au 7ème art qu'aux précédents Metal Gear Solid. Jouant avec nos sens, modelant les différents sentiments pour faire naître l'effroi, la passion ou la surprise chez le joueur, le réalisateur n'hésite pas à prendre son temps pour poser les bases de son histoire. Le synopsis de Metal Gear Solid 3 : Snake Eater se veut d'ailleurs l'essence même du jeu, celle qui coule dans ses veines, qui le nourrit et qui lui permet de mettre en scène quelques-uns des plus beaux personnages jamais créés. De la beauté hitchcokienne de The Boss au mysticisme de The Sorrow en passant par la prestance d'Eva ou le charisme de Snake, chaque intervenant est une pièce d'un puzzle complexe. Profitant d'un gameplay enrichi, d'une touche artistique évoluée, d'une bande-son sensationnelle et d'une plus grande place laissée au joueur, Snake Eater se montre tout à tour fragile, puissant, intriguant. Au final, Metal Gear Solid 3 est bien le chef-d'oeuvre de Kojima, l'épisode le plus abouti de la trilogie Solid et un magnifique instantané sur la vie de son enfant prodigue. Inoubliable, mémorable, prodigieux, homérique, surprenant, aucun adjectif ne saurait qualifier avec exactitude ce titre qui cherche avant tout à transmettre l'émotion au joueur, non pas uniquement par une technique toujours plus convaincante mais bel et bien par le biais d'une histoire, d'une mise en scène.