Si les locaux de La Marque Rose laissent une grande place aux studios d'enregistrement, c'est dans un petit bureau tout au fond d'un couloir que le processus de localisation commence réellement, dans le bureau de la traduction qu'occupent deux jeunes femmes Marjorie Nivard, Anne Lamy-Rouzé et leurs stagiaires. C'est par elles que tout débute, ce sont elles qui donnent en quelque sorte le coup d'envoi pour la localisation d'un jeu. Prenant des aspects très variés, n'allez surtout pas leur dire que leur job n'est "que" de la traduction (oh non, j'ai commis l'erreur ce qui m'a valu plusieurs regards glaciaux). Grâce aux documents qu'elles reçoivent des éditeurs avec qui La Marque Rose travaille (Sony, Microsoft, Electronic Arts, Ubi Soft, Vivendi Universal...), les traductrices prennent en charge toute la réécriture d'un jeu en s'occupant à la fois des éléments "on screen" (tout ce qu'on voit à l'écran : inventaire, panneaux, menus...) et des textes "in game" (principalement les dialogues des personnages ou les voix off).
Elles ont aussi à s'occuper de la traduction des communiqués de presse, des manuels de jeu, des dos de boîtes et parfois même d'un glossaire entier regroupant tout le vocabulaire relatif à un même jeu. Dans le cas de Buffy Contre Les Vampires : Chaos Bleeds, il aura ainsi fallu respecter l'univers de la série en reprenant à la lettre les noms de chaque personnage (bien entendu) mais aussi de chaque créature, de chaque objet ou de chaque lieu. Pour s'assurer la plus grande fidélité possible (conformément aux exigences de Vivendi Universal pour ce projet), l'équipe de La Marque Rose s'est adjointe les services de la traductrice officielle de la série qui a ainsi pu apporter encore plus de crédibilité à l'adaptation. Ainsi, et pour prendre un exemple concret, alors qu'un traducteur ne connaissant pas l'univers de Buffy aurait traduit mot à mot les répliques des personnages, on se serait trouvé avec un Spike vulgaire au possible, jurant à chaque ligne de dialogue et par conséquent à l'opposé de la version française qui propose un Spike bien plus classe et raffiné dans ses propos. Nul doute que les fans n'auraient pas apprécié. Si La Marque Rose a eu la chance de pouvoir travailler en collaboration avec les personnes déjà responsables de l'adaptation de la série, ce n'est pas toujours le cas, et il arrive bien souvent qu'il faille se contenter du strict minimum pour traduire un jeu d'où un risque plus grand de faire des erreurs. Pas facile en effet de traduire des dialogues sans indication quant aux situations que vivent les personnages...
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En plus des traductions, la petite équipe s'occupe également de l'adaptation de certains textes. Cette partie consiste aussi bien à traduire en respectant plusieurs règles purement techniques (comme la longueur du texte, par exemple, qui ne doit pas dépasser tant de caractères pour pouvoir entrer dans une case à l'écran) qu'à modifier certains détails qui ne passeraient pas forcément en français (essentiellement des traits d'humour pas spécialement drôles dans notre langue). Le bureau de la traduction se trouve donc en amont de chaque projet et il faut compter plusieurs semaines en moyenne pour chaque jeu. Après plusieurs allers-retours entre l'éditeur et les locaux de la Marque Rose les textes sont alors validés et la prochaine étape peut commencer, le doublage des voix.
Notez que l'étape de traduction est parfois assurée en interne par les éditeurs eux-mêmes. Les textes arrivent donc directement aux studios de doublage sans passer par le bureau d'Anne et de Marjorie.