Never Alone, petit OVNI indépendant qui a pour vocation de nous plonger dans une fable inuit vient de pointer le bout de son nez en cet hiver froid et rigoureux. Que vaut ce platformer jouable en coop ? C'est ce que nous allons essayer de voir ensemble.
Montré durant la gamescom de cette année 2014, Never Alone nous a tout de suite intrigués. Derrière ses faux airs de platformer coopératif somme toute assez classique se cache en effet une découverte de la culture du peuple Inuit qui nous est ici insufflée à travers une véritable fable vidéoludique. Préparez vos bottes en caribou et sortez les tambours, voici l'histoire de Kisima Inŋitchuŋa...
Brothers au congelo
Que nous propose donc ce Never Alone, développé par l'équipe en partie inuite du studio Upper One Games ? Concrètement, rien de renversant puisque les codes du gameplay sont vieux comme le monde. Course vers la droite, sauts, escalade, rares puzzles, tirs sur des éléments du décor pour libérer le passage : rien de bien méchant pour notre héroïne Nuna qui quitte la tempête stationnée au-dessus de son village pour chercher de l'aide. La seule originalité côté jouabilité vient du fait que l'on peut à tout moment alterner entre le contrôle de notre jeune Nuna et celui du renard arctique qui nous accompagne dans l'aventure. Ce dernier a évidemment quelques avantages puisqu'il peut se faufiler un peu partout et faire de la grimpette aux murs. L'intégralité du titre est jouable à deux joueurs ou seul en changeant de personnage principal. Un gameplay plutôt basique qui accompagne une ambiance pourtant savoureuse. Attention cela dit, le game design réserve quand même quelques petites surprises puisque notre renard peut converser et interagir avec les esprits, créant et utilisant ainsi des plates-formes pour progresser dans les niveaux.
Deux âmes face à la nature
L'univers de Never Alone ne vous laissera sûrement pas de marbre. Entre le cadre glacial qui varie à chaque chapitre (banquise, grottes, forêt...) et la superbe bande-son du titre, nul doute que vous serez conquis au moins par l'ambiance. Le titre profite également d'une dimension "cours d'histoire" façon documentaire culturel qui vous propose des mini-reportages sur les éléments que l'on rencontre dans le titre. Les images sont belles, authentiques, et nous offrent une minute culture qui apporte une véritable plus-value au soft. Outre cet aspect, on saluera également le doublage du narrateur, qui commente notre épopée directement dans le jeu ou lors de séquences animées plutôt réussies.
La mayonnaise pourrait prendre, même sous la neige
Sur le papier, tout semble très correct et attirant mais Never Alone souffre de pas mal de défauts de conception qui viendront indéniablement entamer l'entrain des joueurs. Le moteur utilisé, Unity, fait bien son travail et l'on apprécie tout particulièrement de voir certaines animations toutes mignonnes entre Nuna et son renard, mais la conception du jeu amène avec elle une flopée de bugs et d'erreurs de script qui trahit le manque de finition du titre. Notre renard arctique est très très très souvent sujet à des bugs de déplacement (il grimpe dans le vide, se bloque dans le décor...) et certaines séquences sont particulièrement capricieuses en termes de déclencheurs d'événements, d'IA, et on sent clairement le manque de bêta testing. Il est arrivé plusieurs fois durant le test que l'on doive recharger en boucle un puzzle ou une séquence parce que le jeu fait des siennes. Pour un titre qui se veut contemplatif et immersif, il reste difficile de tolérer autant d'éléments qui vous tirent hors de l'aventure. Avec une durée de vie de moins de 5 heures et une rejouabilité relativement faible (vous pouvez tout de même tenter de récupérer les 24 "notions culturelles"), Never Alone est au final un bon petit jeu, au côté "documentaire" très sympa, mais qui souffre au lancement de pas mal de soucis qui, on l'espère, seront vite corrigés.
Points forts
- L'aventure en coop
- Les "notions d'histoires" qui donnent au jeu un aspect documentaire
- Une superbe bande-son
- Une direction artistique simple et efficace
- Un titre abordable et tout public
- Une aventure spirituelle et culturelle
Points faibles
- Une nuée de soucis techniques au lancement du jeu
- Assez peu d'originalité dans le gameplay
- Aucune difficulté et des puzzles parfois mal conçus
- Fun quasi inexistant
Avec son concept de jeu-documentaire qui a malheureusement oublié d'être ce qu'un jeu vidéo est avant tout : c'est-à-dire être fun, Never Alone a le postérieur entre deux chaises. Tantôt contemplatif et franchement plaisant grâce notamment à une direction artistique propre et à une bande-son efficace, tantôt franchement frustrant à cause des erreurs de finition, des bugs, et de certains puzzles mal conçus, le titre s'avère difficile à noter. On espère que l'équipe corrigera vite les erreurs et les nombreux bugs qui peuplent l'aventure, pour rendre le soft agréable et culturellement riche, malgré le manque de fun et de challenge.