Cinq mois après s'être offert une première extension avec The Western Front Armies, Company of Heroes 2 revient avec un second stand-alone centré cette fois-ci sur le solo. Ardennes Assault, puisque c'est de lui qu'il s'agit, propose de revivre du côté des Américains 18 scénarios inédits inspirés par la célèbre bataille. Est-ce assez pour justifier ses 40 € ?
Alors que Company of Heroes 2 nous plongeait au cœur de l'Opération Barbarossa, The Western Front Armies nous avait ramenés sur le front de l'Ouest afin de vivre des affrontements multijoueurs aux commandes de 2 nouvelles factions : l'Allemagne et les forces américaines. C'est précisément ces deux-là que l'on retrouve dans Ardennes Assault au sein d'une toute nouvelle campagne, et uniquement dans ce cadre. Ne comptez donc pas sur des unités, compétences, modes de jeu ou maps inédites, la nouveauté réside ici uniquement dans les scénarios. Tout ceci laisse tout de même penser que WFA et AA étaient à la base un seul et unique DLC qui a été divisé en 2 pour être vendu 2 fois à plein tarif. Les 39,99 € paraissent donc d'emblée un poil exagérés d'autant qu'aucun tarif préférentiel n'a été pensé pour ceux qui disposeraient déjà du premier stand-alone. La bonne nouvelle, c'est que pour ce prix, n'importe qui peut accéder à la campagne complète, sans avoir à acheter le jeu de base ou sa première extension.
Un stand-alone qui ne se destine qu'à ceux qui connaissent CoH
Pourtant, c'est bien aux fans de la série ayant déjà joué à The Western Front Armies que se destine ce Ardennes Assault. En effet, le tutoriel est des plus minimalistes et se contente de nous apprendre à nous servir des capacités des différents commandants. Les bases du jeu ne sont même pas évoquées, que ce soit la façon dont sont débloquées les unités, l'intérêt des ressources et la façon dont elles sont obtenues, etc. Même les spécificités des factions ne sont pas détaillées. Les débutants devront donc apprendre sur le tas ce que sont les camions de commandement allemands et le fonctionnement des camps américains. Cela est d'autant plus problématique que ce Ardennes Assault ne laisse que peu de place à l'expérimentation dans la mesure où il est impossible de recommencer une bataille ou même de sauvegarder en cours de partie pour repartir d'un point antérieur en cas de souci. Cela est d'ailleurs valable durant toute la campagne, puisque la sauvegarde est automatique uniquement et qu'un seul slot a été prévu. Entendons-nous bien, c'est un élément très intéressant qui oblige à vivre avec les conséquences de ses échecs, mais il est tout de même dommage de ne pas avoir laissé de choix aux débutants qui risquent de rapidement se décourager tant la difficulté est importante. C'est d'autant plus dommage que le choix du format stand-alone n'est intéressant que pour les débutants...
Une campagne non linéaire mais pas spécialement stratégique
Mais alors, qu'a donc à offrir cette nouvelle campagne ? Eh bien, on peut tout d'abord mettre à son crédit son aspect complètement non linéaire. On dispose ainsi de trois compagnies historiques complètes (plus une quatrième à acheter pour 3,99 €) spécialisées dans le soutien, l'infanterie mécanisée et les paras. Après une mission définissant la situation de chacune d'entre elles, on se retrouve face à une carte stratégique typée wargame à partir de laquelle on peut planifier ses prochaines missions. Point de tours à passer ici, on est en réalité le seul à pouvoir bouger ses troupes, puisque les Allemands se contentent de nous attendre campés sur leurs positions et de se replier après une défaite. La seule stratégie réside donc dans le fait de couper les lignes en essayant de conquérir des régions autour des zones les mieux défendues pour bloquer la retraite des plus grosses armées. Sur ces différentes régions, certaines comprennent des objectifs définis, qui seront les mêmes à chaque partie, mais d'autres sont des missions aléatoires proposant par exemple de tenir des points clés jusqu'à réduire à zéro le compteur de points de l'ennemi, de sécuriser une route, etc. Divers objectifs dynamiques nous demandent quant à eux de prendre une région donnée en un certain nombre de tours afin d’obtenir un petit cadeau qui peut être aussi bien une unité que des bonus de combat. La difficulté des combats dépend quant à elle des forces présentes sur place (matérialisées par des croix de fer). A chaque croix supplémentaire, l'armée ennemie obtient un bonus qui peut être une unité plus puissante ou plus expérimentée, voire carrément un soutien d'artillerie, des bunkers, etc. C'est précisément pour cela qu'il faut couper toute retraite, puisque sinon, même après une victoire, une armée ne perd pas ses croix et va tout simplement aller s'additionner aux forces les plus proches.
Un jeu hardcore
En début de partie, chaque compagnie dispose d'une force donnée qui va diminuer à chaque combat. Même en cas de victoire écrasante, il est rare de perdre moins de 20 unités de force, en sachant qu'en prime, chaque déplacement en territoire ennemi fait perdre 5 unités supplémentaires. En parallèle, on gagne aussi des points de réquisition qui peuvent permettre de renforcer un peu les rangs, mais il faut compter 10 points pour récupérer 5 unités de force. En sachant qu'on ne gagne que rarement plus de 40 unités par partie, il est quasiment impossible de combler les pertes. Le pire, c'est que ces points servent aussi à gagner des talents et à améliorer les compétences des capitaines (équiper les paras d'une mitrailleuse, diminuer le coût d'une unité, etc.). Autant vous dire qu'ils sont extrêmement importants, et tendent à le devenir de plus en plus étant donné que les troupes adverses gagnent en force à chaque retraite. Même en gagnant chaque partie, ce système multiple donc la difficulté de façon exponentielle jusqu'à ce que les compagnies soient carrément inutilisables et qu'il devienne obligatoire de recommencer la partie depuis le début. Un côté die & retry très marqué apparaît alors, ce qui n'est en soi pas une mauvaise chose, notamment parce que les objectifs de missions sont aléatoires, mais il faut avouer que les escarmouches initiales propres à chaque compagnie deviennent vite lassantes. La difficulté peut également être frustrante, surtout qu'il est extrêmement compliqué de monter le niveau de ses troupes. Sans rentrer trop dans le détail pour éviter la marée de chiffres, sachez simplement que des points de vétéran sont engrangés à chaque partie et qu'il faut environ 10 très bonnes parties avec une même compagnie pour qu'elle atteigne le troisième et dernier rang. Mais attention, ce calcul n'est vrai que si vous ne renforcez pas les rangs avec des nouvelles recrues qui font baisser énormément le niveau. Et une seule défaite peut tout vous faire perdre. Autrement dit, il est très très très difficile d'atteindre les sommets.
Vous l'aurez donc compris, la gestion de la difficulté pose tout de même un peu problème dans ce Ardennes Assault. La dimension stratégique de la map de campagne n'est pas non plus des plus poussées, mais tout n'est pas noir pour autant. Le plaisir de jeu reste malgré tout très intéressant, surtout si vous n'avez jamais touché The Western Front Armies et les troupes américaines qui ne serait-ce que par leurs parachutistes se montrent très plaisantes à jouer. Dommage dans ces conditions de ne pas pouvoir incarner les Allemands sur certaines missions afin de bénéficier un minimum de leur gameplay si particulier. En conclusion, on peut donc dire que si vous êtes un fan hardcore cherchant un défi bien relevé, vous pouvez vous laisser tenter, sinon ce stand-alone n'est malheureusement pas un indispensable.
Points forts
- Ceux qui aiment le challenge seront servis
- La carte stratégique ne tient pas toutes ses promesses, mais a au moins le mérite de rompre la linéarité
- Pas besoin d'avoir le jeu de base pour jouer
- Bonne rejouabilité grâce aux missions aléatoires
- Mécanismes de jeu toujours aussi bons
- Séquences de briefing sympathiques
Points faibles
- Impossible de zapper les missions introduisant chaque compagnie
- Pourquoi ne pas avoir laissé la possibilité de sauvegarder librement ?
- On ne peut jouer que du côté américain
- Tutoriel minimaliste
- Un peu cher pour une simple campagne sans faction inédite
Vendre plein tarif une simple campagne ne comprenant pas la moindre faction, ni même unité inédite est sans doute un poil exagéré, d'autant que la gestion de la difficulté est en prime assez frustrante. Ardennes Assault n'en reste pas moins une addition sympathique pour les fans recherchant une vraie difficulté au sein d'une campagne entièrement scénarisée et pourtant non linéaire. Il faudra simplement nous expliquer pourquoi vendre sous forme de stand-alone une extension qui ne se destine clairement qu'aux personnes disposant déjà du jeu de base...