En 1992, soit plusieurs années avant que Resident Evil ne vienne s'imposer comme le maître du survival-horror, les Français d'Infogrames posent déjà les bases du genre avec Alone in the Dark. Atmosphère tendue, grosses crises de panique, petites frayeurs, la recette réussit sans mal à convaincre les joueurs de l'époque qui gardent probablement encore de grands souvenirs de leurs explorations du manoir Derceto. C'est un portage presque trait pour trait que propose aujourd'hui Atari sur mobiles.
La mode des portages réserve parfois de bonnes surprises. Pas ce coup-ci. Désolé de tuer tout suspense, mais le retour d'Alone in the Dark sur mobiles, plus de vingt ans après sa sortie initiale sur PC, se présente comme l'un des pires portages de l'histoire. Les raisons sont multiples mais tiennent principalement à la jouabilité ratée et à un manque de soin général.
Le portage de la honte
On ne s'arrêtera pas sur les graphismes ni sur les sons du jeu qui reprennent presque à l'identique la réalisation de 1992. On note simplement un lissage des modèles 3D qui, tout en faisant propres, dégagent une impression de travail pas terminé. Peut-être aurait-il fallu ne rien toucher du tout, on aurait alors au moins conservé un aspect rétro… Mais passons. Passons aussi sur les quelques bugs qui font par exemple qu'une chaise ou un tabouret reste collé au mollet du héros lorsque celui-ci passe à côté. Cela casse l'ambiance, c'est vrai, mais ce n'est au final pas si gênant. En tout cas, pas autant que les textes tronqués, dénués de lettres accentuées, ou qui n'apparaissent simplement pas. Evidemment, ces bugs sont le signe d'un portage fait à la va-vite, sans qu'aucune vérification ne soit faite. En clair, ils traduisent un laisser-aller résonnant comme un énorme manque de respect envers les joueurs.
Même son de cloche en ce qui concerne la jouabilité archaïque qui renoue avec la lourdeur des commandes du jeu original de 1992. Nous n'allons pas rentrer dans les détails ici, ce n'est pas le but. Sachez simplement que ce qui pouvait convenir il y a vingt ans sur un clavier, ne passe pas sur mobiles. Le studio Kung Fu Factory, responsable du portage, aurait dû mettre un point d'honneur à proposer une jouabilité alternative. Cela aurait même dû être une priorité afin de permettre à tous de découvrir le jeu sans buter face à des contrôles d'un autre temps. En l'état, il faut se coltiner un personnage que l'on "pilote" comme un semi-remorque et systématiquement entrer dans le menu pour modifier ses actions "combattre / chercher / pousser". Même après une première mise à jour (nous avons testé la version 1.1), Alone in the Dark reste très certainement le jeu le plus pénible à utiliser sur mobiles.
Alone in the Dark, c'était bien jadis...
Le constat est donc sans appel pour Alone in the Dark. Le jeu culte des années 90 subit un traitement absolument honteux sur mobiles. C'est avec grand regret qu'il faut reconnaître que ses lacunes pèsent bien trop lourd dans la balance pour permettre d'apprécier l'aventure et toutes les bonnes choses qu'elle réserve pourtant. Alone in the Dark, c'est effectivement une ambiance forte inspirée des écrits de Lovecraft, un savant mélange entre exploration et action, et l'impression constante d'être mis en danger par des situations et des ennemis parfois imprévisibles. Tout cela est malheureusement relégué au second plan, derrière la barrière de la jouabilité catastrophique.
Points forts
- (Re)découvrir les bases du survival-horror
- Un bon mix entre action et exploration
Points faibles
- La jouabilité n'est pas adaptée au tactile
- Des bugs
- Le manque de soin général
- Un portage qui résonne comme une insulte aux joueurs
Si les optimistes verront le portage d'Alone in the Dark comme un signe fort qu'Atari n'a pas oublié la licence, mère du genre survival-horror, il faut tout de même se rendre à l'évidence : la marque ne signifie plus rien pour l'éditeur. Comment expliquer sinon qu'il puisse oser sortir un portage aussi mauvais, voire nocif à l'avenir de la série ? Au lieu d'ouvrir Alone in the Dark à un public, cette version tue tout espoir de fidéliser de nouveaux joueurs et d'obtenir un jour une suite. Quant aux vieux joueurs qui avaient connu le jeu dans les années 90, qu'ils gardent leurs souvenirs aussi purs que possible en évitant soigneusement cette insulte à un titre mythique.