Emboîtant le pas au jeu original, Whistleblower nous projette une fois de plus dans l'enfer de l'asile de Mount Massive qui n'a jamais autant suinté la folie. Ainsi, si la structure du récit est toujours liée à une fuite en avant, nous aurons cette fois le plaisir d'incarner un informaticien travaillant sur le projet militaire sur lequel Miles Upshur avait fait la lumière quelque temps auparavant.
Alors qu'Outlast avait surpris son monde en proposant une aventure très maîtrisée bien que s'enlisant un peu trop rapidement dans des mécaniques de jeu prévisibles, Whistleblower ne cherche nullement à faire évoluer le débat puisqu'il copie-colle l'architecture narrative de son modèle en injectant davantage de séquences-chocs à l'intérieur d'une ambiance beaucoup plus malsaine et nauséabonde. On peut alors se demander si ce DLC a un véritable intérêt au-delà du ride qu'il nous propose. Sur ce point, difficile d'être catégorique même si en soi, inutile de nier qu'on y prend encore une fois beaucoup de plaisir.
Quand l'ambiance supplante le scénario
Si vous avez toujours rêvé d'incarner un ingénieur en logiciels, Whistleblower devrait vous aller comme un gant puisqu'il nous donne la possibilité d'enfiler la défroque du dénommé Waylon Park. Pour autant, celui-ci ne restera pas longtemps harnaché à son clavier d'ordinateur puisque passées quelques minutes, le pauvre Waylon se retrouvera dans une situation peu enviable née du chaos ambiant. S'extirpant de nos chaînes, la fuite peut alors commencer d'autant que par un truchement scénaristique, nous ne tardons pas à trouver une caméra qui va, tout comme dans le premier Outlast, nous servir à voir dans le noir le plus complet, pour peu que nous ayons des piles sous la main, indispensables pour utiliser la vision nocturne. De fait, si l'impression de déjà-vu prédomine dans Whistleblower, le DLC nous propose néanmoins de parcourir quelques environnements inédits tout en visitant de nouveau Mount Massive qui prend ici des allures de gigantesque maison hantée bâchée. Le hic est que les fantômes sont remplacés par des nuées de cobayes, agressifs ou non, mais aussi et surtout par deux boogeymen aussi dérangés l'un que l'autre. Dès lors, les parties de cache-cache se multiplient tout en amenant quantité de plans horrifiques, gore et malsains, renvoyant par moments aux scènes les plus emblématiques de L’Hôpital et ses Fantômes de Lars Von Trier. On touche d'ailleurs ici du doigt l'une des forces de ce contenu qui est aussi l'une de ses plus grosses faiblesses. En effet, si l'atmosphère poisseuse renforce l'immersion pendant que les courses-poursuites font faire du yo-yo à notre palpitant, elle supplante totalement l'histoire qui, elle, s'avère convenue et plutôt fade tout en amenant une fin ouverte, par certains côtés logique, mais avant tout dénuée de personnalité.
La peur au tournant ?
En somme, Outlast : Whistleblower est l'exact reflet d'Outlast aussi bien dans le fond que dans la forme. Aucune surprise du coup concernant l'aspect graphique qui se permet même d'être un peu plus varié dans le cas présent tout en se reposant sur quantité de passages « torture-porn ». On regrettera tout de même que l'IA des adversaires n'ait pas été peaufinée puisqu'en l'état, on remarque à nouveau que nos poursuivants n'ont jamais la présence d'esprit d'ouvrir l'armoire dans laquelle nous nous sommes cachés (et ce, même s'il n'y en a qu'une dans la pièce) à moins que nous n'y soyons rentrés en étant toujours dans leur champ de vision. Les parties de cache-cache perdent alors un peu de leur saveur dans le sens où elles s'enlisent dans une certaine routine, la mort inéluctable devenant une lointaine option dès lors qu'on sait ce qu'on attend de nous, ceci étant souvent synonyme de clé à trouver ou d'endroit à escalader pour se retrouver à l’abri. Pour autant, difficile de bouder son plaisir car s'il est permis de boucler le contenu en un temps record une fois qu'on connaît la route à prendre, vous en aurez pour 3 heures environ lors de votre première visite, voire un peu plus si vous voulez retrouver tous les documents disponibles. Finalement, Outlast : Whistleblower perd en originalité ce qu'il gagne en obscénité et autant dire que sur ce point, vous en garderez quelques savoureux souvenirs...
Points forts
- Une gigantesque partie de cache-cache, gore et malsaine
- Une autre vision de Mount Massive
- Quelques séquences qui marquent
Points faibles
- Du gore, du gore au détriment de la qualité d'écriture
- Une fin ouverte mais quelconque
- Durée de vie un peu courte (environ 3 heures)
Outlast : Whistleblower est loin d'être un mauvais bougre, mais on sera malgré tout déçu que ce contenu soit davantage occupé à nous balancer des scènes toutes plus glauques les unes que les autres qu'à enrichir le matériau scénaristique de base. On se frottera quand même les mains car on parviendra à s'y retrouver tout en regrettant que les développeurs se soient un peu trop penchés sur la forme au détriment du reste, tout en reprenant les mêmes ficelles que celles du jeu de base. Loin d'être un véritable problème en soi néanmoins d'autant qu'on se retrouve avec Whistleblower dans un véritable maelström horrifique d'où on émergera dans les dernières minutes via une fin porteuse d'un avenir radieux... pour les ténèbres.