Après avoir réalisé quelques jeux d'objets cachés, le studio Infernal Brothers se lance dans le jeu d'énigmes à la Professeur Layton. L'exercice n'est pas aussi simple qu'on peut le croire comme nous allons le voir avec 9 Elefants.
9 Elefants nous accueille dans le Paris des années 20. L'héroïne Laura Weismann est à la recherche de son père, célèbre inventeur ayant mystérieusement disparu. Elle fait la connaissance d'Eustache, un chat qui parle, prêt à lui filer un coup de patte dans la mission. Rapidement, une piste se découvre, celle-ci impliquerait un groupe d'hommes masqués qui aurait kidnappé le professeur Weismann pour l'obliger à accomplir un projet secret. Durant les neuf chapitres de l'aventure, Laura remontera petit à petit cette piste en interrogeant un par un les étranges membres du clan des 9 Elefants.
9 chapitres identiques
Chaque chapitre est construit de la même manière. Un personnage accepte d'aider Laura à condition que celle-ci l'aide en premier. Sans grande originalité, il s'agit simplement de retrouver un certain nombre d'objets pour cette personne : des pièces mécaniques pour un inventeur, des pages de recettes pour un boulanger, des os pour un chien (oui, oui…), etc. Concrètement, nous voilà enfermés dans une grosse routine nous obligeant à visiter et revisiter sans cesse chaque lieu déjà débloqué afin de parler à tous les personnages déjà croisés, répondre à leur énigmes et gagner les fameux objets en récompenses. Lorsque le stock est plein, Laura retourne voir le commanditaire qui lui divulgue alors l'emplacement d'un Elefant. Ce dernier lui pose de nouvelles énigmes et s'enfuit systématiquement une fois que la jeune femme parvient à les résoudre. Fin du chapitre, on enchaîne avec le suivant calqué exactement sur le même modèle.
Recyclage d'énigmes
Des jeux répétitifs, on en a déjà vu des tas, mais 9 Elefants semble jouer dans une catégorie encore rarement atteinte en ne cherchant même pas à varier le type d'énigmes à résoudre. De mémoire, il doit y avoir 5 ou 6 sortes d'énigmes différentes déclinées jusqu'à l'écœurement sur un total de 235 énigmes en tout ! On trouve ici des fils à dénouer, une déclinaison de Memory, une déclinaison de Mastermind, des taquins, des devinettes, des problèmes de maths et des questions de culture générale. Non seulement la variété n'y est pas, mais aucune des énigmes proposées n'est même amusante à résoudre. Les problèmes de maths nécessitent généralement de prendre une feuille à côté de soi pour griffonner des équations, les devinettes sont celles que l'on pose à un enfant de 8 ans, quant aux questions de culture générale, soit on connaît la réponse, soit on ne la connaît pas. Et dans ce cas, il faut quitter le jeu et aller chercher la réponse sur Internet. On a vu plus drôle…
Système d'aide raté
Si on se trompe ou que l'on souhaite passer une énigme, 9 Elefants propose un système de joker représenté par des pellicules à récupérer dans les décors. Contrairement à un Layton où il faut fouiller chaque lieu pour découvrir des jetons d'aide, les pellicules de 9 Elefants apparaissent aléatoirement dans un environnement. Le jeu nous signale qu'une pellicule va surgir et il ne tient qu'à nous de l'attraper au vol pendant la petite seconde où elle est visible. Complètement débile, ce système montre très vite ses limites lorsqu'on se retrouve sans pellicules à simplement atteindre que l'une d'elles daigne apparaître quelque part. Et si on la loupe, nous voilà repartis à attendre en n'ayant absolument rien d'autre à faire que d'insulter les développeurs pour avoir imaginé une telle aberration ! Si vous pensiez que l'on ne pouvait pas faire pire que cela, détrompez-vous. Le système "d'aide" de 9 Elefants est encore plus vicelard. Ainsi, imaginez-vous face à un jeu de mémoire. Neuf cartes sont face à vous, vous devez mémoriser leurs emplacements respectifs. Une fois retournées, le jeu vous demande alors de lui indiquer où se trouvait la carte représentant la libellule. Malheureusement, vous vous trompez de carte. Vous voilà obligé de "payer" en pellicules pour tenter de nouveau l'énigme. Cependant, au lieu de réinitialiser l'énigme, de vous remontrer les cartes et de vous demander de repérer une autre carte, le jeu garde les cartes retournées et vous demande encore une fois où se trouve la libellule. En gros, vous devez recommencer à l'aveugle, et donc totalement au pif, jusqu'à ce que vous trouviez la maudite carte. Si par malheur vous n'avez pas de jokers pour proposer de nouvelles réponses, vous voilà obligé de patienter pour accumuler suffisamment de pellicules (les énigmes en demandent toujours plusieurs…) tout en essayant de retenir les cartes déjà tentées, qui ne sont pas indiquées. A titre personnel, je me suis vu piégé à chasser les pellicules pendant plus de dix minutes, en indiquant absolument toutes les cartes jusqu'à finalement trouver la libellule, évidemment cachée derrière la dernière carte que je pensais avoir déjà retournée à ma première tentative ! Quelle erreur de game design, franchement…
Finalement, la plus grande qualité de 9 Elefants est de nous faire nous rendre compte à quel point la série Professeur Layton est soignée. Même après six épisodes, chaque nouvelle colle posée par le professeur semble avoir fait preuve de la plus grande attention alors que les scénarios ne cessent de surprendre. Rien de tout cela n'est présent dans 9 Elefants. Les énigmes sont paresseuses, se répètent jusqu'à la nausée tandis que le système de jokers est probablement la pire idée vue dans un jeu vidéo. En se forçant, quelques joueurs tiendront jusqu'au bout pour connaître le fin mot de l'histoire et les réelles motivations de ces éléphants. On leur souhaite bien du courage. Qu'ils partagent alors leurs découvertes dans les forums, cela fera gagner du temps à tous les malheureux qui auront acheté le titre, probablement attirés par la direction artistique, pour le coup réussie.
Points forts
- L'ambiance années 20 agréable
Points faibles
- Des énigmes sans saveur et recyclées à l'infini
- Le système d'aide n'aide pas du tout et pénalise plus qu'autre chose
- La progression enfermée dans un train-train sans surprises
- Jouabilité pénalisée par des boutons trop petits sur mobiles
L'intérêt de 9 Elefants descend en flèche lorsque l'on se rend compte que le jeu recycle les énigmes sans honte, que les chapitres sont tous calqués sur le même modèle et que le système d'aide n'apporte rien d'autre que de la frustration. La direction artistique et les musiques dans un style jazz manouche n'arrivent malheureusement pas à sauver le titre du naufrage.