Les Japonais de chez Arc System Works nous font ce mois-ci l'honneur de sortir en Europe l'opus Chrono Phantasma de leur série Blazblue. Pas trop de surprise, le jeu reste solide et dispose d'atouts qui raviront les inconditionnels de la saga. Pour les autres, par contre, il y a certaines choses à savoir sur le titre...
Les jeux de combat 2D ont toujours attiré l’œil. Souvenez-vous de la grande période du début des années 2000, lorsque le monde entier découvrait SoulCalibur 2 ou encore Tekken 4 sur consoles de 6ème génération mais ne pouvait s’empêcher de baver en voyant les graphismes fins et détaillés d'un Guilty Gear (l'autre grande série d'Arc System Works), eh bien Chrono Phantasma est l'héritier de cette époque : graphiquement à part, complet, fouillé, mais relativement élitiste. Ce 3ème opus de Blazblue débarque donc en dématérialisé avec six mois de retard par rapport à la version japonaise, elle-même adaptée de la version Arcade de 2012.
Une histoire de dingues...
Nous sommes donc face à un jeu de combat 2D traditionnel dans le plus pur style des titres arcades. On y retrouve plusieurs sections : le mode Practice qui regroupe des tutoriels archi complets, des leçons à mettre en pratique et une flopée de challenges à réaliser pour dompter chaque perso. Il y a également le mode Histoire, assez particulier (sur lequel nous reviendrons plus loin), le mode Battle et ses variantes, sans oublier bien évidemment le online, la galerie et les options. A propos de ces dernières, il est bon de rappeler que le titre est en japonais ou anglais uniquement. Là, vous vous dites : pour un jeu de combat, les dialogues et l'histoire, ce n'est jamais très compliqué... Surprise !
Détrompez-vous donc puisque Blazblue dispose d'une histoire atrocement complexe et loufoque : un avantage qui donne un charme certain, sans doute, mais un handicap pour beaucoup à cause de la barrière de la langue qui pourra gêner la compréhension de toute la section Story, laquelle propose plusieurs heures d'artworks et de dialogues doublés, façon visual novel. Autant vous dire que si vous n'êtes pas prêt à vous creuser la tête pour la lecture et que si vous n'avez pas la patience nécessaire, c'est tout un pan entier du jeu dont vous vous priverez, surtout si vous ne connaissez pas la série. Pourtant, ce tsunami narratif aurait peut-être été plus digeste, il suffisait juste de le rendre plus clair dans son scénario et de soigner sa mise en scène, qui est on ne peut plus économe.
Youpi, du neuf, ah non...
Oublions donc ce mode Histoire qui ne ravira au final que les aficionados et parlons un peu des modes de jeu. On retrouve donc les classiques Arcade, VS et Online, qui vous permettront d'affronter un ami, l'IA, ou des joueurs à travers le monde (avec parfois un peu de lag). Côté originalité, il faudra chercher du côté du Abyss Mode, un genre de RPG avec améliorations de statistiques au fil des combats qui était déjà au rendez-vous sur Continuum Shift. Les modes Score Attack et Unlimited Mars étaient eux aussi de la partie sur l'opus précédent et se concentrent quant à eux sur du scoring pur, avec des niveaux de difficulté variables. Attaquons-nous donc aux combattants et au feeling du gameplay pour voir si ces quelques déceptions se font oublier sur le long terme...
"C'est qui tout ce beau monde ?"
Le panel de combattants est assez conséquent, d'autant plus que chacun se joue d'une manière bien particulière et autant vous dire qu'il sera difficile d'être bon sans travailler votre affinité avec les 24 personnages jouables du titre. Ces derniers sont tous accessibles dès le début, sauf un, Kagura, déblocable à la fin du mode Histoire (ou en payant 2 € sur le PSN). Tant que l'on parle des DLC, sachez que deux personnages supplémentaires sont disponibles en téléchargement, Terumi et Kokonoe, vendus... roulement de tambourin... 6 € pièce ! Ça fait un peu cher le personnage. Au niveau du chara design, rien à redire, les combattants ont tous leur propre style, parfois extrêmement atypique : on pense notamment à Rachel, vampirette très kawai accompagnée de son fidèle parapluie magique, ou à Arakune, sorte de sans-visage du Voyage de Chihiro aux attaques plutôt imprévisibles tant elles sont étranges. Les débutants s'y retrouveront facilement avec des gameplays plus abordables, incarnés par le trio Ragna-Noel-Jin, lequel permet d'apprivoiser ce gameplay très speed où l'art du combo est roi. Le tout se joue généralement à coup des classiques quarts de tours et tours complets suivis d'attaques (faibles, moyennes, fortes), de choppes et d'usage d'attaques Drive. On retrouve également les barres du bas servant à lancer des attaques spéciales, et un système complet de gardes.
Toujours à propos des personnages, les cinq nouveaux entrants se défendent plutôt bien et offrent eux aussi un gameplay assez atypique. On évoquera donc Izayoi et son arme à deux modes, changeant ainsi ses coups. Sa rapidité et sa force en font un personnage assez redoutable, tout comme Bullet, dont le drive la transforme en véritable plaie ultra rapide et très aérienne. Azrael quant à lui fait usage de force brute et n'hésite pas à lâcher ses coups chargés pour dominer les affrontements. Si ces trois sont relativement accessibles, on ne peut pas en dire autant d'Amane Nishiki, maître des rubans, qui bénéficie d'un gameplay très technique avec pas mal d'anticipation et de blocage aérien. Un conseil contre lui : ne restez pas à distance ! Enfin Kagura, seul personnage déblocable du jeu, ressemble à s'y méprendre à Ragna au niveau du style de combat.
Carton rouge sur la distribution et le contenu inédit...
On remarque au niveau des finitions que le titre a été retravaillé efficacement depuis Continuum Shift, notamment au niveau des musiques et des sprites. Si le gameplay a été rebalancé et reste une petite perle de jeu de combat technique, on ne peut s’empêcher de pester contre certains aspects franchement lourdingues du titre. Sans revenir sur le mode Histoire ou sur la faiblesse des ajouts en termes de contenu par rapport aux 35 € déboursés (ou 47 € si vous prenez les deux persos bonus), c'est avant tout le dématérialisé qui gêne. Outre le fait que vous ne puissiez pas prendre votre jeu et l'emmener chez un ami pour y jouer, il ne faudra pas oublier les 11 gros gigas que prend le titre sur votre PS3. Et ça, même avec l'un des meilleurs jeux de baston 2D de ces dernières années, c'est un souci.
Points forts
- Réalisation singulière et réussie (sprites 2D, visual novel, rock japonais)
- Gameplay profond et maîtrise de longue haleine
- Plusieurs persos abordables pour les débutants
- Des heures d'histoire façon visual novel pour les fans
Points faibles
- Le mode Histoire : soit on adore soit on déteste (visual novel très économe au scénario atrocement complexe)
- Peu de contenu inédit (5 persos... et 2 en DLC à 6 € pièce !)
- Localisation japonaise et anglaise uniquement
Blazblue : Chrono Phantasma sait séduire les amateurs comme les non-initiés, notamment grâce à son gameplay profond et à sa réalisation sans fioritures mais toujours agréable (musiques comme sprites). C'est au niveau du contenu que la pilule passera un peu moins, avec 5 nouveaux personnages et 2 personnages DLC à 6 € pièce, mais surtout avec un visual novel en guise de mode Histoire, dont la longueur interminable en rebutera sûrement beaucoup, surtout s'ils n'ont pas suivi les précédents épisodes. Cerise sur le gâteau, le titre est disponible uniquement en anglais ou japonais, en dématérialisé, et pèse la bagatelle de 11 gigas. Reste à savoir si votre amour pour le combotage 2D, loin des titres analogues mais peut-être moins subtils, saura suffire face à ces quelques défauts.