Qu’est-ce qui définit un héros du bien ? Un être qui voue sa vie à braver le danger et les forces obscures ? Est-ce le destin ? La carrure ? Le sourire d’une blancheur inégalée quelques secondes avant le générique ? Pour certains, sûrement. Mais pas tous. La preuve, Nun Attack nous propose un nouveau genre d’idéal luttant pour le salut du monde. Des guerriers sans peur ni pitié pour les horreurs qui menacent notre univers, et à qui il ne manque qu’une seule chose : des pectoraux et du poil au menton. En effet, ces héros sont des héroïnes, et qui plus est des nonnes ! Autant vous dire que l’aventure dans laquelle vous plongera ce titre pour le moins original est assurée de bousculer les Saintes Ecritures !
L’évangile selon Arnold
L’histoire générale vous est rapidement résumée via la seule séquence cinématique du titre : dans une petite communauté de nonnes, chaque jour était une oasis de bonheur. Toutes vivaient d’amour puritain et d’eau bénite fraîche quand soudainement, l’une des nonnes nommée Mortana a eu une sombre révélation (sûrement après avoir rencontré son paternel). Passée du côté obscur, elle utilisa ses pouvoirs pour déchaîner les puissances maléfiques et ouvrir une porte sur les enfers, rien que ça. Libérés des nimbes infernaux, des monstres en tous genres se sont mis à proliférer sur Terre et seul un groupe de combattantes en robes noire et coiffées d’un voile saurait mettre fin à ce carnage d’ampleur biblique. Même si pour ce faire, nos chères nonnes devront faire des choses pas très catholiques.
Avec pareil scénario pas piqué des hannetons, on peut se douter que l’aventure ne sera pas de tout repos. Divisée en quatre grandes zones de dix niveaux chacune, il s’agira de faire progresser nos nonnes sur un chemin linéaire jusqu’à atteindre des zones de confrontations bien délimitées. En route, il faudra prendre garde aux projectiles tirés par des portails maléfiques, à renvoyer grâce à l’écran tactile. En combat, le joueur devra faire appel à ses talents de stratège pour utiliser au mieux ses nonnes (rien qu’à écrire, c’est tordant) contre les hordes démoniaques et espérer ne pas rejoindre le Seigneur trop tôt. Un comble pour celles qui, au fond, ont voué leur vie à son culte !
La team du feu de Dieu
Squelettes armés de tronçonneuses, vampires, démons et loups-garous. Voilà quels seront vos adversaires. Peuplant différents environnements tels que le cimetière, la casse, le manoir ou la crypte (que des lieux sympathiques), ces créatures vous tomberont dessus à la moindre occasion. Selon leur type, les monstres infligent tantôt dégâts continus, gel des attaques, ralentissement, confusion et bien d’autres effets indésirables qui ne manqueront pas de désarçonner vos saintes guerrières. Ces dernières doivent être contrôlées depuis l’écran tactile, visant les différentes cibles de votre choix jusqu’à ce que vos adversaires ne soient plus que cendres. Bien entendu, tous les dix niveaux, un boss viendra remettre le joueur à sa place : Squelette bicéphale, loup-garou enragé ou comte vampire pour qui Coppola pourrait demander des droits d’auteur, autant de créatures à même de mettre votre auréole au court-bouillon.
Pour autant, même s’il vous faut faire face à pareilles atrocités, vos bonnes sœurs ne sont pas en reste. Au nombre de quatre, elles se distinguent par un look et des aptitudes uniques. Première du lot, Eva passe pour la nonne "classique", mis à part que c’est une experte du maniement des doubles pistolets et dispose de la capacité de se dédoubler en combat. Rosy, elle, est une adepte du fusil automatique et son allure générale peut insinuer le doute quant à ses antécédents peut-être pas si virginaux que ça. En plus de faire parler les douilles, elle peut également se rendre invisible pour tromper ses adversaires et les prendre à revers. Pour ce qui est d’assurer ses arrières, il faudra compter sur Olga pour envoyer du lourd. Si l’on est en droit de se demander ce qui se cache réellement sous sa robe, elle apporte sa dose de testostérone à l’équipe à travers son maniement du fusil à pompe et son bonus de défense provocateur. Mindy, pour finir, compense son nanisme par une aura de soin aussi puissante que ses tirs de magnum. Autant dire que face à pareille équipe, les monstres n’ont qu’à bien se tenir !
R.I.P. : Rest In Pieces
Les monstres ne sont pas seulement moches, ils sont aussi très riches. Aussi ne vous étonnez pas qu’un squelette fraîchement réduit en poussière abandonne un petit paquet de pièces d’or ! Le précieux magot que vous accumulerez au cours de votre purge du purgatoire ne vous sera pas inutile puisqu’il vous permettra d’améliorer les armes récoltées en chemin. Ces engins de mort destinés à répandre l’amour du prochain se débloquent petit à petit, à mesure que vous progressez dans le jeu et que vos nonnes elles-mêmes évoluent en termes de puissance de feu, de résistance et de santé.
Au cours de vos errances nocturnes, vous découvrirez également d’étranges arches d’alliance (gardez ça hors de portée d’Harrison Ford) renfermant du butin mais également des "miracles". Ces capacités disponibles en nombre limité vous permettront de faire tantôt pleuvoir des flammes, geler vos ennemis, soigner vos nonnes des statuts négatifs ou encore de faire revenir à la vie les malheureuses trop pressées d’entrer au paradis. Leur usage est lié à l’écran tactile, vous demandant d’effectuer divers symboles en un temps limité, pratique qui n’est pas sans rappeler Castlevania Dawn of Sorrow. Inutile de dire que ces merveilleux pouvoirs sont à conserver précieusement, tant certains passages peuvent s’avérer d’une difficulté infernale (c’est le cas de le dire).
Le messie attendra
A défaut de jugement dernier, il est grand temps de conclure cette épopée bibliquement inexacte. Et sans blasphémer, Dieu qu’il y a à dire… Surtout en mal. En effet, s’il y a un défaut majeur à pointer concernant Nun Attack, c’est indubitablement la répétitivité extrême du jeu. Avec ses combats fixés dans l’espace contre des ennemis se limitant au nombre de quatre, le titre finit par agacer passé les dix premiers niveaux, les suivants demandant parfois jusqu’à un quart d’heure de complétion. Quitte à ajouter à l’énervement, le contrôle tactile des nonnes est obligatoire pour que vos avatars se décident à attaquer un ennemi qui se trouve à moins de vingt centimètres d’elles. Et étant donné que le regroupement est à favoriser pour éviter d’être massacré en deux temps trois hurlements, il n’est pas rare de sélectionner la mauvaise nonne et donc de commettre une erreur parfois fatale. Pour finir de vos arracher les cheveux, attendez également d’atteindre un boss final d’une difficulté sans pareille qui contraste avec le reste du jeu et qui pourra faire abandonner définitivement l’aventure au joueur déjà lassé.
Chacun l’aura compris : Nun Attack n’est pas un bon jeu. S’il bénéficie d’un contexte plutôt original, le titre manque cruellement de développement (n’escomptez même pas une cinématique post boss final), sa répétitivité extrême empêchera tout joueur d’y trouver son compte en dehors de quelques sessions très espacées dans le temps. Oubliez donc vos vœux de silence et de chasteté et passez votre chemin, à moins de vouloir souffrir un supplice inutile.
Points forts
- Contexte original
- La ménagerie infernale iconique est présente
- Les boss relèvent le niveau
- Utilisation des miracles via écran tactile
- Petit prix
Points faibles
- Répétitif à l’extrême
- Aucune variété passé les vingt premiers niveaux
- Contrôle tactile des nonnes foireux
- Cheminement aussi austère qu’une cellule de moine
- Boss final à faire rentrer dans les ordres
Nun Attack aurait pu réussir son coup, fort d’un univers décalé plutôt intéressant au premier abord. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Gameplay chaotique, répétitivité à rendre fou un saint et réalisation banale sont autant de péchés capitaux dont le titre s’est affligé. S’il retiendra l’attention le temps de quelques courtes sessions de jeu, il ne faut pas compter sur Nun Attack pour récompenser le joueur d’une quelconque manière après plusieurs heures de jeu, bien au contraire. Voilà, la messe est dite.