La grenouille et le crocodile

Si vous avez eu l’occasion de tâter du bout des doigts les premiers épisodes de la franchise Frogger, vous êtes plus ou moins au courant de l’état de la situation de notre cher avatar amphibie. Le bougre doit toujours défendre son cher marécage contre son plus vieil ennemi : un crocodile ou peut-être un alligator (c’est caïman la même chose) nommé Swampy (tristement explicite). Seulement, cette fois l’immonde saurien n’en a plus après Frogger lui-même mais a concocté un plan diabolique pour faire tomber dans un piège son adversaire amateur de mouches. En bon fourbe, il a kidnappé les petits amis de Frogger et s’en est allé retrouver son antre, dans l’objectif d’y attendre son Némésis. Hélas pour Swampy, certains des petits ont réussi à s’échapper et se retrouvent dispersés sur le chemin du retour, dans des environnements bien hostiles. Il est donc du devoir de Frogger de voler à leur secours avant qu’il ne soit têtard… ou trop tard !

Comme c’est toujours le cas dans la série, le concept du voyage est plus que jamais d’actualité dans cet opus, vous faisant traverser des environnements exotiques. Du jardin de campagne au temple égyptien perdu, en passant par de sombres mines, une usine robotisée ou un manoir hanté, il y aura de quoi faire cavaler notre ami sauteur. L’ensemble se découpe sous la forme de différents niveaux, chacun s’avérant thématisé selon un lieu bien défini, et pourvu d'un bon nombre de pièges mortels et d’adversaires redoutables n’ayant qu’une hâte : vous dévorer. Vous l’aurez compris : pas besoin qu’il pleuve ou qu’il mouille pour que ce soit la fête à la grenouille…

De la plate-forme, et que ça saute !

Le parcours de Frogger dans cet épisode est donc semé d’embûches. Comptez bien croiser des tondeuses folles, des phacochères en panique, des abeilles ayant le bourdon ou encore des robots psychopathes, prêts à vous faire perdre vos précieuses vies à chaque faux pas. La progression n’est pas différente des autres jeux de la série, vous proposant donc de jouer la poule traversant une autoroute à l’heure de pointe et de rester en vie : loin d’être toujours facile ! Sans compter que le jeu vous surprendra par moments grâce à des passages bourrés de tension et d’adrénaline, comme cette phase de fuite face à un énorme bloc de roche vous prenant pour le jumeau d’Harrison Ford. Fun donc, mais exigeant. Parfois même un peu trop.

Le gameplay reste quant à lui simpliste au possible, avec pour unique mot d’ordre : sauter. En bon représentant de la classe des amphibiens, vos pattes et vous être mises à rude épreuve pour passer les obstacles, mais à vous de bien jauger le timing et la longueur de votre bond, sans quoi les conséquences pourraient être funestes ! Si vous avancez sur des cases le plus souvent invisibles, il est facile d’oublier que vos avancées sont géométriquement déterminées et de commettre des erreurs maladroites. Et dans ce cas, le jeu ne vous pardonnera rien : découpé en morceaux, écrasé, brûlé, noyé, électrocuté… Un bien beau panel de fins est à votre disposition tandis que vous cherchez à sauver vos congénères ou à ramasser de précieuses pièces. Et pour éviter une fin prématurée de votre folle escapade, n’oubliez pas de vous servir de votre langue pour gober des papillons qui vous octroieront des vies supplémentaires. Mais gare, car les bébêtes sont souvent proches de zones de mort imminente : attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, sous peine de finir comme votre amie s’étant prise pour un bœuf.

Il n’y a pas de grenouille qui ne trouve son crapaud

Une fois l’aventure terminée, c’est certes le temps des félicitations personnelles mais aussi celui du constat général. Et philosophes, commençons par les défauts. Graphiquement d’abord : si le tout est plutôt joli et coloré, non sans rappeler certains cartoons, quelques personnages et adversaires sont bien trop anguleux, même pour l’époque. Un premier point négatif auquel vient s’ajouter celui d’une durée de vie juste correcte, sans plus, que seule la course aux scores et médailles viendra gonfler. Les plus exigeants en termes de difficulté pourront également apporter leur grain de sel, puisque le titre s’avère légèrement moins corsé que son aîné. Pour autant, est-ce une raison de délaisser notre batracien fétiche ? La réponse est catégorique : non.

Dynamique et entraînant, Frogger 2 propose au joueur une galerie de niveaux dans la plus pure tradition de la série, à travers des mécaniques de gameplay aussi simples qu’intuitives. Si le scénario principal tient plus du duo coyote-roadrunner que du Shakespeare, il s’avère des plus distrayants tout en justifiant à sa façon vos pérégrinations sans queue ni tête. Bénéficiant d’une bonne rejouabilité ainsi que de plusieurs personnages à incarner notamment dans des modes multijoueurs, Frogger 2 est un titre qui privilégie avant tout le fun, et ça marche. Cet opus ne saurait donc tirer la licence vers le bas, bien au contraire, allant même peut-être jusqu’à faire de l’ombre à d’anciens épisodes. Une excellente surprise, pour une série qui au fil des jeux n’a rien perdu de son ressort !