Nous sommes en 1989. La guerre froide touche à sa fin mais reste un formidable sujet d'inspiration pour les auteurs : livres, films, personne n'y coupe. C'est dans ce contexte que débarque Strider, un jeu d'action et de plates-formes vous mettant dans la peau d'Hiryu, un ninja qui devra se faire une place dans un monde futuriste à mi-chemin entre ambiance cyberpunk et régime totalitaire aux forts relents communistes. 25 ans plus tard, Strider et son héros Hiryu sont de retour dans un épisode uniquement disponible en téléchargement et à petit prix.
Bienvenue à Kazakh ! Sous ce nom qui vous évoquera sans doute un lointain pays au drapeau bleu et or se cache en fait une ville contrôlée par un tyran, lieu où se déroule l'action de ce nouveau Strider. C'est d'une manière bien abrupte que vous débarquez aux abords de la cité avec pour seule consigne de vous infiltrer au nez et à la barbe des gardes déjà sur place. Vous l'aurez deviné, l'objectif final est de mettre un terme aux agissements du despote et il faudra pour cela se frayer un chemin au travers des niveaux proposés. Votre ninja dispose à cet effet d'une palette de mouvements tout à fait respectable. Outre attaquer ses ennemis, il peut s'accrocher à quasiment n'importe quel élément du décor, deux particularités qui confèrent au titre son statut de beat'em all avec une notion de plate-forme. Mais il ne s'agit pas de sa caractéristique principale : préparez-vous à souffrir, car Strider est avant tout un titre à la difficulté résolument old-school.
J'ai beau être matinal, j'ai mal
Pas de doute là-dessus, vous ferez souvent face à l'écran "partie terminée". Si la difficulté de Strider s'avère bien dosée dans les premiers niveaux, elle va rapidement monter en grade et vous obliger à élever votre niveau de jeu sous peine de devoir recommencer encore et encore les mêmes segments. Parmi les facteurs influant sur cette difficulté, on retrouve d'une part la nécessité d'esquiver et de vous placer à la perfection, mais également d'autres facteurs moins agréables directement liés aux imperfections de la jouabilité. Ainsi, l'impossibilité de pouvoir charger une attaque sans donner un coup au préalable s'avère bien pénible sur des plates-formes où se trouve également un soldat tenant un bouclier, tout comme le fait que votre personnage s'accroche automatiquement aux parois peut parfois vous faire pester lors d'affrontements avec de nombreux soldats dans des espaces resserrés. Une difficulté qui se retrouve également dans le repop très fréquent des ennemis ou encore la répartition des checkpoints, ces derniers ayant la fâcheuse tendance de se trouver juste après un passage délicat. Oui, après et pas avant.
Un gameplay souple mais imparfait
La jouabilité est tout de même bien plus agréable que pour les premiers épisodes de Strider, votre héros bénéficiant d'une palette de coups et d'équipements plutôt variée afin de se débarrasser de ses ennemis. De l'attaque simple au coup chargé en passant par les piqués et les roulades, on ne peut pas reprocher à Hiryu d'être rigide, bien qu'il faille tout même être bien prudent lorsqu'il s'agit de réaliser vos sauts. Le timing de ceux-ci est en effet essentiel à maîtriser et comme les développeurs sont des petits sadiques en puissance, ils ont fait en sorte que vous deviez casser votre rythme de saut lors de certaines séquences. Mais si le level design parvient à se renouveler entre chaque zone, il souffre tout de même d'une certaine répétitivité au sein d'un même niveau où vous devrez reproduire régulièrement les mêmes enchaînements en boucle pour franchir les obstacles qui vous seront proposés. Il n'en reste pas moins que les mouvements des personnages sont bien plus souples et adaptés à nos petites mains de joueurs modernes, malgré les quelques imperfections évoquées dans le paragraphe ci-dessus, et c'est déjà un bon point pour un titre qui a quelques qualités à mettre en avant.
Metroid-like en vue, mon capitaine
Le système de progression est ainsi relativement proche de celui d'un Metroid ou d'un Castlevania, avec la nécessité de débloquer des nouveaux pouvoirs et des équipements qui ne vous seront pas seulement utiles en combat mais également pour parvenir à des zones auparavant inaccessibles. Une roulade pour casser une grille au ras du sol, un double saut afin de franchir un obstacle insurmontable en temps normal ou l'utilisation de l'attaque piquée pour briser une passerelle sont autant d'outils que vous débloquerez en progressant dans les bas-fonds de l'inquiétante Kazakh. Une ville qui a bien d'autres atouts à faire valoir, puisque revenir régulièrement dans certaines zones nouvellement accessibles vous permettra de récupérer des bonus pour augmenter votre vie ou votre jauge de pouvoir. Un atout qu'il ne faudra surtout pas négliger si vous espérez souffrir un peu moins durant votre progression, car plus de vie, c'est aussi une petite chance supplémentaire de survivre.
Le futur vu du passé
Si la bande-son s'avère plutôt minimaliste, le design est déjà un poil plus réussi, tirant ses influences de plusieurs horizons : on retrouve ainsi une ambiance soviétique avec des éléments plus cyberpunk nous rappelant que nous sommes dans le futur. Enfin, le futur vu des années 80 comme le montre l'omniprésence de néons, couleurs fluo ou autres soldats cybernétiques chargés de vous plomber le derrière à coups de lasers bien placés. La vie est devenue bien compliquée pour les ninjas qui n'ont pas daigné passer à la technologie des armes à feu. Le côté old-school en référence aux années 80 se retrouve également dans le design des ennemis et les dialogues remplis de clichés manichéens : le mercenaire qui fait monter les enchères au dernier moment, l'intonation des voix et le grand vilain qui n'hésite pas à partager ses messages de propagande via des mégaphones dispersés dans toute la ville. L'ambiance est certes là, mais elle met en avant un côté cliché qui ne plaira sûrement pas à tout le monde. Dernier point à aborder, le contenu s'avère tout à fait correct pour un titre qui vous occupera au minimum une petite dizaine d'heures (en comptant les nombreuses morts auxquelles vous ferez face), voire plus si vous avez pour ambition d'explorer l'ensemble des zones de fond en comble. Afin, qui sait, de débloquer des informations et des images supplémentaires pour en apprendre davantage sur les occupants de Kazakh et ses environs ?
Points forts
- Une difficulté corsée...
- Bonne durée de vie
- Une réalisation correcte pour le tarif proposé
- Histoire et ambiance bien old-school
- Fidèle à l'esprit de Strider
Points faibles
- … parfois gonflée par un gameplay imparfait
- Peu d'originalité dans la jouabilité
- Un level design qui a tendance à se répéter dans une même zone
- Le côté kitsch qui ne plaira pas à tout le monde
Diablement difficile et correctement réalisé pour le tarif proposé, Strider n'en reste pas moins très classique et peu original. Les amateurs de challenges corsés apprécieront la difficulté relevée mais ne manqueront pas de pester sur quelques éléments de gameplay qui gonflent artificiellement cette dernière. Les aficionados de rétrogaming y verront un retour modernisé de Strider qui ne trahit cependant pas l'essence du premier titre. Quant aux autres, à moins d'accrocher à cet univers futuriste typique de ceux imaginés par les cinéastes des années 80, ils passeront sans doute leur chemin, préférant jeter leur dévolu sur des titres plus modernes au level design et au style plus soignés.