Bien qu'ils aient connu leur heure de gloire il y a quelques années sur consoles, les jeux de type Metroidvania (ou Castleroid) sont désormais un genre en voie de disparition. Mais réjouissons-nous car la Wii U vient d'hériter d'UnEpic, un soft qui rend justement hommage à ce style de jeux, tout en y ajoutant un zeste de hack'n slash qui rend le tout franchement délectable.
Disponible pour 9,99 euros sur le catalogue de titres à télécharger via l'eShop Wii U, UnEpic vient combler un vide dans une catégorie tristement délaissée par les développeurs. Depuis que la saga Castlevania a amorcé le virage Lords of Shadow et que les Metroid à l'ancienne ne sont plus d'actualité, les amateurs du genre n'ont que leurs yeux pour pleurer... à moins qu'un développeur indépendant tel que Francisco Téllez de Meneses ne vienne leur rendre hommage à travers un titre truffé de références geek.
L'envers du jeu de rôle
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Le héros d'UnEpic est d'ailleurs un passionné de jeux de rôle papier, également adepte de jeux vidéo et grand fan de films de science-fiction, qui mène une vie normale dans un monde tout à fait semblable au nôtre. Mais alors qu'une envie pressante l'oblige à faire une pause durant une partie de Donjons & Dragons avec ses potes, le voilà qui bascule mystérieusement dans l'envers du décor, devenant malgré lui le héros d'un soft d'action-exploration dans la veine de n'importe quel Metroidvania. Lâché dans un sinistre château d'époque médiévale, armé tout d'abord d'une épée et rapidement confronté au bestiaire typique de l'heroïc fantasy, Daniel est en réalité possédé par un esprit malin qui souhaite l'utiliser à des fins démoniaques. Un sort peu enviable donc, surtout quand on sait qu'un destin funeste guette notre pauvre héros à chaque recoin du donjon.
Si le soft est jouable en mode Facile, les parties en Normal ne sont déjà pas une sinécure et il faut accepter de voir la mort en face de nombreuses fois si l'on veut progresser tant bien que mal dans les couloirs du château. Terrassé par un monstre lourdement armé, transpercé par des pics quasi mortels ou dévoré par des dégâts de brûlure ou de poison qui drainent nos points de vie à une vitesse vertigineuse, on apprend vite à garder un œil rivé sur nos HP pour se téléporter d'urgence au point de sauvegarde lorsque tout part en vrille. Quand on sait que le développeur a poussé le vice jusqu'à glisser des sangsues dans notre inventaire lorsque l'on traverse un marais, nous obligeant à aller les supprimer manuellement pour ne pas mourir à petit feu, on peut s'attendre à tout ! Mais c'est sans compter sur les boss, qui pour la plupart constituent des défis susceptibles de faire criser n'importe quel joueur aguerri. D'où l'intérêt de prendre le temps d'arpenter en profondeur les environnements du jeu pour booster son personnage et améliorer son équipement et ses capacités à la manière de n'importe quel RPG.
De l'utilité d'un GamePad
Ce qui surprend le plus lorsqu'on démarre une partie d'UnEpic, ce n'est pourtant pas sa difficulté. Le jeu est même plutôt abordable dans ses premiers niveaux, bien qu'on ne puisse pas vraiment parler de niveaux puisque toutes les salles du château sont reliées entre elles. Non, ce qui interloque le plus c'est cette vue très éloignée avec laquelle il nous est imposé de jouer. Notre personnage apparaît en tout petit à l'écran et les salles du donjon se traversent véritablement pas à pas, chacune d'entre elles étant plongée dans la pénombre tant que vous n'avez pas allumé toutes les torches qui jalonnent les couloirs qui les composent. Heureusement, à l'aide du GamePad, on peut à tout moment zoomer sur l'action pour profiter d'une vue rapprochée qui se prête bien mieux aux affrontements et qui permet d'éviter les pièges plus facilement. On alterne donc régulièrement entre ces deux vues, la perspective éloignée étant toujours utile pour deviner où se situe la sortie et quels dangers nous attendent un peu plus loin.
De Castlevania à Diablo
L'interface, elle, est typique de n'importe quel hack'n slash, UnEpic devant probablement autant à Diablo qu'à Castlevania. Le nombre d'armes, d'objets, de potions et autres parchemins qui s'ajoutent régulièrement à votre inventaire est assez colossal, l'arsenal comptant à lui seul plus de cent déclinaisons d'armes différentes, certaines étant dotées d'effets bonus qui requièrent bien souvent un niveau de maîtrise bien précis dans tel ou tel type d'armes. Le maniement de la hache, de l'épée, de l'arc, constituent autant de critères qu'il faudra booster progressivement à chaque montée de niveau, à l'instar des stats du personnage et de sa connaissance de la magie. Le fait de pouvoir assigner des raccourcis aux armes et aux sortilèges est d'ailleurs d'autant plus utile qu'il est souvent nécessaire d'en changer très rapidement dans le feu de l'action pour tirer parti de leurs forces et faiblesses. Par exemple, les épées seront très efficaces contre les êtres faits de chair et de sang, mais beaucoup moins convaincantes face aux squelettes qui s'avèrent bien plus vulnérables aux coups de massues. De la même façon, les différentes magies doivent être chacune développées indépendamment à l'aide des précieux points de stats acquis à chaque montée de niveau. Dommage que l'on ne puisse pas répartir ses points totalement librement quel que soit son niveau, car cela bride un peu la spécialisation de son personnage.
Au fil de l'aventure, le héros a même accès à des familiers qui le suivent à la trace pour le soutenir d'une manière qui leur est propre. Mais gare à ne pas les exposer inutilement au danger car leur résurrection n'est pas gratuite et l'or se monnaye âprement dans UnEpic. Les NPC que l'on croise au détour d'un couloir obscur ont chacun une quête à nous confier, mais il arrive que l'on soit confronté à de véritables dilemmes : rendrez-vous au vieillard le livre de sagesse obtenu au péril de votre vie contre de l'argent ou bien le lirez-vous avant lui pour bénéficier de ses effets magiques ? Le jeu autorise aussi une liberté appréciable dans l'exploration des lieux puisque le donjon est véritablement ouvert et que l'on peut mener de front plusieurs quêtes géographiquement éloignées dans le château. Ajoutez à cela une traduction française qui, si elle n'est pas exempte de quelques fautes d'orthographe, restitue parfaitement l'esprit décalé qui pimente les dialogues du jeu, et vous obtenez un titre que nous vous conseillons si vous êtes en quête d'une expérience à la Symphony of the Night.
Mise à jour : Une mise à jour autorise désormais le zoom sur l'écran de la TV, entre autres améliorations.
Points forts
- Le mix entre Metroidvania et hack'n slash
- Challenge paramétrable mais globalement corsé
- L'esprit décalé et les références
- Des armes ayant chacune leurs forces et faiblesses
- La salle des portes qui nous épargne bien des allers-retours
- Bande-son immersive à souhait
- Durée de vie très convenable (une bonne vingtaine d'heures)
- La version Wii U est traduite en français
Points faibles
- Réalisation un peu faible et décors pas assez différenciés
- La vue rapprochée accessible uniquement sur l'écran du GamePad
- Des checkpoints répartis bizarrement
- Pas assez de quêtes
- Pas de multijoueur sur Wii U
A la croisée des chemins entre un Castlevania époque Symphony of the Night et un hack'n slash à la Diablo, UnEpic nous offre une balade old-school aussi prenante qu'impitoyable que l'on conseillera aux nostalgiques qui n'ont pas froid aux yeux. Le fond reste néanmoins plus convaincant que la forme, même si l'aventure peine un peu à se renouveler.