S'il est à consommer avec modération, l'alcool n'est généralement pas si mauvais à boire. Par ailleurs, c’est un excellent désinfectant, apte à soigner les blessures et à empêcher les infections. Enfin, l'alcool possède aussi l'indéniable qualité de nous protéger contre la zombification. Impossible, pensez-vous sûrement… Mais c’est parce que vous n’avez pas encore touché à Zombeer, le meilleur passe-temps du mort-vivant ! Prêt pour une aventure hybride entre 28 jours plus tard et Very Bad Trip ?
C’est l’histoire d’un mort et d’une bière…
La bouche pâteuse, vous vous réveillez dans votre bar favori, en pleine soirée d’Halloween. Vous avez de toute évidence un peu forcé sur la dose, et vous découvrez que votre petite amie vous a laissé tout un tas de messages pendant que vous bulliez dans votre vomi. Mais ce n’est qu’une fois votre raison totalement retrouvée (et une haleine bien chargée en bouche) que vous remarquez la morsure sur votre bras. Ainsi que tout le reste : pendant votre petite cuite, le monde s’est retrouvé plongé en pleine apocalypse zombie (ils ont bien choisi leur nuit) et votre copine est à présent aux mains du terrible principal de lycée Colon Duty. Oui, oui, ça sonne comme un nom connu, et c’est le grand méchant. Mais il y a pire encore : vous êtes en train de vous transformer en zombie ! Coup de chance, la marque de bière locale, la Zombeer (très inspirée), peut vous aider à lutter contre l’infection tout en massacrant des hordes de monstres pour retrouver votre amour de toujours (ou du moins du moment, jusqu’à ce que la mort vous sépare… Ce qui est peut-être déjà le cas !). Autant dire que question scénario, le tout semble déjà être une grosse blague, et ce n’est pas fini…
L’humour est en effet omniprésent tout au long du titre, à travers des références ouvertes à bien des univers tant ciné (Jurassic Park, Alien, Star Wars, Indiana Jones…), que télé (le gardien s’appelle Willy et est écossais) ou bien sûr jeux vidéo (des personnages de Pac-Man se baladent dans les conduits). Ces références sont judicieusement placées tout au long de la progression mais pourront passer inaperçues pour peu que la progression du joueur se fasse à la vitesse grand V. Qu'à cela ne tienne, les occasions de sourire ne manquent pas, que ce soit en combattant des pom-pom girls zombies qui rendent les zombies mâles invincibles ou en éclatant des zombies gigolos qui vous entraînent dans une gigue endiablée capable de vous coûter la vie… Zombeer regorge aussi de nombreux commentaires sexuels ou gore lancés par votre avatar sous l’emprise de l’alcool !
Sabrez le champagne… et le zombie avec !
Tout au long de vos pérégrinations à travers les rues de la ville et les couloirs du lycée, vous aurez l’occasion d’expérimenter les effets de la Zombeer : quand votre taux d’alcoolémie est faible, vous risquez la zombification alors que quand il est trop fort, vous risquez un coma éthylique mortel. Il vous faudra donc juguler le taux de Zombeer dans votre sang pour ne pas mal finir, quel que soit le cas ! En plus de la boisson, vous aurez à vous méfier des zombies qui infestent chaque recoin du lycée, prêts à dévorer votre cerveau même si l’alcool vous a déjà ôté la plupart des neurones. Et pour vous défendre, quoi de mieux qu’une galerie d’armes aussi loufoques que mortelles ?
La première arme sur laquelle vous tomberez donnera le ton général du jeu. Dites-vous que c’est un objet allongé, rosâtre et capable d’émettre des vibrations, pour autant parfait pour matraquer les zombies ! Le reste de l’arsenal ne dépareille pas : clouteuse heavy metal, grenades au chili, octofusil (traduisez « pieuvre vivante collée sur un fusil à pompe »)… Autant d’outils délirants avec lesquels composer et décomposer vos adversaires ! En plus du simple côté FPS "tire sur tout ce qui te fonce dessus", Zombeer offre quelques passages QTE relativement dynamiques, qui sont souvent une bonne occasion de rire (parmi tant d’autres). Depuis vos premières secondes dans le jeu jusqu’à un affrontement final qui restera dans les annales (n’y voyez aucun sous-entendu…), Zombeer justifie son statut de blague ludique, hélas pas exempte de défauts…
Une mise en bière pas comme les autres…
Si les premières impressions sont à la fois jouissives et transpirent la bonne humeur, le désenchantement est rapide. Et ce pour plusieurs raisons. Graphiquement, le jeu oscille entre le correct et le laid, certaines textures ou animations s’avérant d’un autre âge (pour ne pas dire « aussi pourries que vos adversaires »). Les contrôles dépareillent également de la plupart des jeux de type FPS, si bien qu’en voulant recharger ou courir, il ne sera pas rare d’ingérer par erreur une bouteille de Zombeer ou de gâcher de précieuses munitions. Défaut plus gênant, la durée de vie. Ne comptez pas plus de 2h30 ou 3 heures pour terminer le jeu en facile, triste constat pour un prix tout de même assez élevé. Au final, alors que les crédits défilent à l’écran, on en vient à se demander si l’humour, principale qualité du jeu, n’était pas en fait une forme de cache-misère destiné à faire oublier le reste ou du moins à atténuer les défauts du titre. Et même si vous êtes invité à ramasser tout un tas de collectibles (dont les excellents journaux de développeurs, vous expliquant que "toutes les poitrines du jeu ont été animées à la main" ou que "mettre un dragon dans le jeu était essentiel parce qu’ils sont cools"), ces derniers ne rallongeront pas pour autant la durée de vie du jeu tant l'aventure s’avère linéaire. Dommage… On aurait aimé la gueule de bois plus conséquente…
Zombeer, vous l’aurez compris, oscille entre deux équilibres incompatibles. Si son univers déjanté et décalé est à l’image de la Zombeer, des plus rafraîchissants, le titre est aussi criblé d’un bon nombre de défauts sur lesquels il est impossible de faire l’impasse. Il s’agit donc d’un titre qu’on ne peut considérer qu’en termes "moyen" ou "passable", mélange mal dosé loin du cocktail détonnant que constitue pourtant la Zombeer, une zombibine pas comme les autres.
Points forts
- Un univers décalé et loufoque
- Un humour qui touche souvent juste…
- Des armes et des ennemis délirants
- Les références nombreuses et bien placées
- L’oscillation permanente entre ivresse et zombification
Points faibles
- Extrêmement court (moins de 3 heures)
- … mais qui ne s’adresse pas à tous les publics
- Graphiquement dépassé
- Des contrôles pas forcément intuitifs
- Le prix (15 € pour 3 heures de jeu)
Zombeer est l’exemple type du jeu débile mais fun qui fait passer un bon moment sans pour autant faire travailler la matière grise. Bénéficiant d’une bonne idée de départ et d’un humour salvateur, le titre surprend d’abord positivement, le temps que les qualités s’effacent pour laisser place aux nombreux défauts. Court, peu varié et faisant par moments sursauter de peur non pas face aux zombies mais face aux animations et autres textures baveuses, Zombeer laisse une fois fini un goût plus amer encore que celui de la viande avariée combinée à une gorgée d’absinthe. La bouteille n’est pas forcément à jeter, mais elle ne donnera pas envie de replonger immédiatement ou de devenir accro.