Eté 2009, Dux, le shoot’em up du studio Hucast, sort sur Dreamcast. Printemps 2013, Dux 1.5, version revue et corrigée du titre d’origine, paraît à son tour sur la dame blanche de Sega. Hiver 2014, c’est Redux : Dark Matters, l’objet de ce test, qui débarque enfin, après plus d’un an de retard. Fruit d’une campagne Kickstarter qui a atteint son objectif de financement en seulement quelques jours, ce nouveau titre est la preuve de l’enthousiasme qui entoure encore aujourd’hui la dernière machine de Sega. Mais le studio Hucast parviendra-t-il à combler les attentes de ces fans incorruptibles ? Voyons cela de plus près.
Tout d’abord, un rapide récapitulatif s’impose. Dux premier du nom assumait son rôle de R-Type-like à la perfection : perte d’une vie pénalisée par un retour au checkpoint précédent et affaiblissement de son armement ; nécessité de mémoriser des pans entiers de niveaux ; inscription à des cours de yoga pour garder son calme face à une difficulté outrageuse. Son petit frère, Dux 1.5, proposait quant à lui des niveaux quasi identiques, mais se traversant avec aisance grâce à un système de respawn bien moins punitif et à un armement plus puissant. Et Redux alors ? Eh bien il nous fait décoller à nouveau vers les mêmes niveaux et les mêmes ennemis, mais cette fois-ci avec d’importantes modifications de gameplay.
A vaincre sans péril on triomphe sans gloire
Selon ses développeurs, Redux est un « nouveau » shoot’em up. Si le design épuré des précédents volets a bien disparu de la jaquette du jeu ainsi que de son écran titre, il suffit de lancer une partie quelques secondes pour s’apercevoir de la supercherie. Le premier niveau est directement issu de Dux et il en est de même pour les cinq suivants, seul le vaisseau du joueur ayant changé. Equipé d’un armement plus puissant que jamais, ce nouvel engin traverse aisément un level design initialement prévu pour un zinc plus mollasson. Les tirs fusent dans tous les sens et les vagues d’ennemis sont abattues avant même de s’afficher à l’écran. Si l’on peut se réjouir dans un premier temps de cette fougue nouvelle, la joie fait place à l’ennui lorsque l’on comprend qu’il n’y a que peu de fierté à tirer d’un massacre à ce point déraisonnable.
L’armement est proche de ce qui existait dans les précédents volets, mais survitaminé : tir principal en ligne droite chargeable à travers la touche « beam », tirs secondaires sous la forme de missiles et de lasers ricochant sur les murs. Lesdits missiles peuvent être, au choix, tirés vers l’avant ou sur les flancs du vaisseau et sont dorénavant cumulables avec l’emploi des lasers. Il est également possible de s’équiper d’un module : un bouclier venant se poser à l’avant du vaisseau. Ce dernier est inamovible là où l'on était habitué à pouvoir le projeter sur ses adversaires ou à le déplacer pour protéger ses arrières. Un bouton permet toujours d’annuler les tirs ennemis en les aspirant pendant une durée limitée. Lors de cette opération, toute troupe adverse suffisamment proche de votre engin sera automatiquement verrouillée de sorte qu’une simple pression sur une touche dédiée provoque la mise à feu de missiles autoguidés les réduisant au néant. Au bout du compte, on a l’impression de diriger un engin de mort paré à toute éventualité.
Bis repetita ?
Finalement, il semble légitime de se demander quel est l’intérêt de Redux : Dark Matters quand on sait que Dux 1.5 constitue d’ores et déjà une version simplifiée du titre d’origine. Etre mis aux commandes d’un nouvel appareil semble en effet un peu léger. Heureusement, les petits gars de chez Hucast ont tenté de relancer l’intérêt du titre de deux façons. Premièrement, un septième niveau, Dark Planet, a fait son apparition. Loin d’être bâclé, ce dernier contient plusieurs ennemis entièrement inédits avec des modes d’attaque surprenants. Deuxièmement, un second vaisseau est mis à disposition du joueur. Celui-ci est en fait synonyme d’un mode de difficulté supérieur pour la partie. En effet, ce vaisseau dispose d’un tir principal dévastateur (digne d’un manic shooter), mais est dépourvu de tout moyen de défense : pas de module, ni autre protection. Il ne fait aucun doute qu’une fois dépourvu de son fidèle bouclier, parcourir ce monde hostile devient diablement difficile et demande de réapprendre comment traverser les passages les plus retors.
On ne change pas une équipe qui gagne
D’un point de vue technique, Redux dispose d’un ensemble de qualités tout à fait louables, souvent héritées des précédents opus. Tout d’abord, l’action se fait toujours claire à l’écran. Les ennemis et leurs tirs sont très justement colorés et des signaux sonores aident même le joueur dans son travail d’esquive et d’attaque. Le vaisseau se dirige de façon très agréable et précise, même si certains pourront le trouver un poil trop lent. Enfin, les joueurs sont gratifiés d’une bande-son entièrement inédite, dont les thèmes sont adaptés au rythme du jeu. Sans être formidables, ces compositions remplissent leur office et remplacent très efficacement les mélodies zen des précédents opus. Finalement, les différents niveaux nous font voyager sans lassitude dans des décors joliment conçus, parfois mécaniques, d’autres fois organiques.
La Dreamcast délaissée ?
Ceci dit, la version Dreamcast du titre souffre d’un étrange défaut : la résolution de l’affichage. Si on ne peut certes pas lui en vouloir de ne pas afficher les graphismes HD de la version iOS, PSN et Xbox Live Arcade à sortir prochainement, on peut légitimement se demander pourquoi l’unique résolution proposée est inférieure à celle de Dux premier du nom, pourtant sorti sur la même machine. Cette curiosité n’est pas suffisante pour miner l’expérience de jeu, mais il reste surprenant de voir le titre régresser sur le plan graphique. Gageons que les prochaines versions HD remonteront le niveau en proposant des graphismes HD qui nous en mettront plein les yeux.
Les images de ce test sont issues de la version HD du jeu.
Points forts
- Le design coloré et élégant
- La clarté de l'action même lorsque l'écran est surchargé d'explosions
- Un second vaisseau pour un pseudo second mode de difficulté...
- Un septième niveau original
Points faibles
- L'impression de jouer à Dux 1.5.5 plutôt qu'à un véritable nouveau jeu
- Promenade de santé en mode normal
- ...mais un véritable second mode de difficulté n'aurait pas été trop demandé
- Sur Dreamcast, une résolution inférieure à celle des précédents opus
Redux : Dark Matters n’est pas le nouveau shoot’em up que nous avait promis le studio Hucast. Il s’agit d’une réinterprétation simplifiée du premier Dux, pour le meilleur et pour le pire. Néanmoins, avec son système de jeu plus abordable et son armement dévastateur, il ne fait aucun doute que jouer à Redux procure des sensations de jeu nouvelles. A l’instar de Dux 1.5, le titre en devient trop facile, cependant il se distingue de son aîné en assumant davantage son virage vers l’action débridée et en proposant un niveau supplémentaire ainsi qu’un pseudo mode de difficulté supérieur à travers un second vaisseau jouable.