Tremblez habitants de Midgard ! La fin du monde est presque là, Ragnarök approche à grands pas. Nidhögg s'est déjà réveillé, le terrible serpent qui se terrait entre les racines d'Yggdrasil se balade désormais tranquillement le long du tronc de l'arbre monde. Que nous reste-t-il à faire en attendant l'apocalypse ? Et si on en profitait pour se massacrer joyeusement et redécouvrir les joies saines et simples de l'escrime ?
Si vous suivez vaguement l'actualité des jeux indépendants, vous avez peut-être déjà aperçu ces vidéos dans lesquelles on voit deux participants s'éclater comme des petits fous sur ce qui semble bien être un remake survolté des combats de sabre du premier Prince of Persia. Nidhogg n'est pas tout à fait un inconnu puisqu'il a même reçu le Nuovo Award lors de l'édition 2011 de l'IGF. Depuis, on l'a entrevu régulièrement puisqu'il faisait sensation à chaque fois qu'il était présenté sur un salon. L'attente a été longue pour que le commun des mortels puisse enfin mettre la main sur ce titre atypique mais tient-on là vraiment le Graal en matière de multijoueur compétitif ?
You shall not pass !
Le principe de Nidhogg est simple comme bonjour : un design résolument rétro et épuré, et deux adversaires qui s'affrontent à l'épée. Il suffit de porter une touche pour tuer son ennemi, ce qui permet ensuite de gambader joyeusement vers l'autre côté de l'écran. Le but est bêtement d'atteindre l'un des bouts du niveau : l'un des participants essaiera toujours de courir vers la droite tandis que l'autre cherchera à porter le combat vers la gauche. On se retrouve un peu dans une déclinaison moderne du tir à la corde : chacun pousse le combat dans une direction opposée au gré de ses victoires. Le respawn est calibré pour faire en sorte qu'un participant ne puisse pas caracoler sans rencontrer de résistance, ni qu'au contraire il soit impossible d'avancer dans un sens comme dans l'autre. Attention, il n'est pas question de prendre ses jambes à son cou sans même assassiner son adversaire. Il faut que le sang ait coulé au moins une fois pour que le scrolling soit débloqué dans une direction ou dans l'autre. Mais ensuite, une fois que vous avez l'avantage, rien ne vous empêche d'esquiver le combat à l'aide d'une roulade de dernière minute ou d'un saut millimétré.
A la fin de l'envoi...
Les commandes sont d'une simplicité déconcertante : on se contente de déplacer son escrimeur, de sauter et d'attaquer. Vous vous rendrez toutefois vite compte qu'il y a de petites subtilités. Il existe pour commencer trois types de gardes, haute, moyenne ou basse et il est possible de désarmer son adversaire en passant de l'une à l'autre. Le coup de pied plongé est aussi une technique bien fourbe qui risque de surprendre les épéistes traditionnels. Les plus bourrins opteront même parfois pour le lancer d'épée mais n'en abusez pas, on se sent bien nu une fois que l'adversaire a paré le projectile d'un revers de main et qu'on n'a plus que sa vivacité pour se défendre. Le gameplay est toujours incroyablement vif, mais les joueurs désarmés auront en effet ce petit avantage d'être un peu plus rapides en se battant à mains nues. Rien ne vous empêche non plus de récupérer une épée au sol au dernier moment pour embrocher votre ennemi. Finalement, ce qui est merveilleux avec Nidhogg, c'est qu'il pousse le mind game à son paroxysme. On va toujours se demander ce que l'adversaire va faire, quel sera son prochain mouvement, s'il est en train d'esquiver une attaque ou s'il s'agit d'une feinte... C'est de cette tension toujours renouvelée que vient le plaisir de jeu.
Le prix de la victoire ?
Il existe bien un petit mode solo qui vous mettra face à 16 IA de plus en plus retorses mais franchement il ne s'agit là que d'un petit en-cas, à la rigueur d'un entraînement, avant de se lancer vers du multijoueur compétitif en local ou en ligne. On touche là un premier problème : si le multi offline tourne au poil et nous permet même d'organiser des tournois réunissant jusqu'à 8 joueurs ou de customiser les parties pour y apporter un peu de fantaisie, le online lui n'est pas exempt de défauts. C'est un peu la loi de la loterie, certaines parties se passeront très bien, tandis que d'autres seront vraiment injouables à cause d'un lag incroyable. Bref, mieux vaut avoir des amis sous la main pour profiter du titre. Et encore là, il est impossible de faire l'impasse sur une question bassement matérielle : vous risquez de trouver le contenu vraiment léger étant donné que le jeu est vendu environ 14 euros au prix fort. Certes, c'est toujours moins que la plupart des titres à leur lancement, mais on ne peut pas s'empêcher de penser que l'addition est drôlement salée étant donné qu'il n'y a que quatre arènes à se mettre sous la dent.
Points forts
- Un gameplay simple et efficace
- Une bande-son hypnotique
Points faibles
- Un rapport quantité / prix qui fait mal au porte-monnaie
- Un online pas toujours au point
Qu'on ne s'y trompe pas, Nidhogg est vraiment un jeu excellent. Il se prend en main en une fraction de seconde et il suffit d'alpaguer un pote pour enchaîner les parties mémorables et les fous rires. Mais alors, je vous vois venir, vous vous demandez pourquoi il ne récolte que la note de 15. C'est bien simple, les parties en ligne souffrent parfois d'un lag qui les rendent injouables, ce qui est plutôt gênant pour un titre axé sur le multijoueur compétitif... Ajoutez à cela un prix vraiment élevé (près de 14 €) vu la faiblesse du contenu et vous comprendrez qu'on peut avoir quelques réticences à vous conseiller son achat au prix fort. Pour l'instant, Nidhogg est une merveilleuse sucrerie qui se déguste entre nantis en attendant que des soldes ou un miraculeux bundle le mette à la portée de toutes les bourses.