A l'ère d'une next-gen qui cherche à proposer des graphismes toujours plus détaillés, toujours plus beaux, il est également possible de trouver des titres avec des idées simples, un visuel sans fioritures et un gameplay efficace. Risk of rain est de ceux-là et s'illustre en introduisant des éléments de Rogue-like et un soupçon de plates-formes dans un titre d'apparence accessible mais en définitive particulièrement exigeant.
Financé par l'intermédiaire de Kickstater, Risk of Rain est né de la créativité de deux hommes, développeurs chez Hopoo Games, qui ont fait le pari de surfer sur la vague très populaire des jeux vous proposant de tenter de survivre dans un monde ingrat aux items placés aléatoirement et où la mort est permanente. Si l'on peut citer pèle-mêle dans ce registre Spelunky ou Binding of Isaac, Risk of Rain s'en inspire sans les recopier et propose un challenge particulièrement relevé, punitif mais terriblement addictif.
L'apprentissage par l'échec
Vous n'accédez au jeu qu'une fois une brève cinématique passée, qui permet davantage de poser l'atmosphère de Risk of Rain que son scénario qui tient sur un timbre-poste. Mais qu'importe, l'intérêt du jeu ne se trouve pas dans son histoire mais dans son gameplay, qui sélectionnera implacablement les joueurs les plus persévérants, laissant sur le bord de la route les autres. Le choix d'opter pour un visuel entièrement constitué de pixel art fera le premier tri. Les moins sensibles à cette esthétique particulière auront sans doute du mal à persévérer dans un monde tant pixellisé, les autres succomberont immédiatement à cet univers enivrant et finalement plutôt bien fichu, accompagné par une bande-son électro / atmosphérique d'excellente facture. Ce monde est une lointaine planète sur laquelle votre capsule spatiale s'est échouée, et vous aurez rapidement conscience que votre équipage est persona non grata sur ces terres affreusement hostiles.
Le principe de Risk of Rain est simple : explorer un niveau en 2D pour y trouver un téléporteur afin d'accéder au niveau suivant, en vous frayant un chemin à travers des hordes d'aliens qui apparaissent aléatoirement. Vous n'entamez l'aventure qu'avec une seule classe, le commando, parmi les 10 disponibles, chacune étant déblocable grâce à certains accomplissements en jeu. Chaque classe dispose de 4 attaques différentes, dont 3 sont soumises à un temps de rechargement histoire de corser un peu les choses et croyez-le sur paroles, ces compétences ne seront pas de trop. Tout le sel de Risk of Rain se trouve dans un paramètre simple mais déterminant. En haut à droite de votre écran se trouve un chronomètre et l'affichage d'un niveau de difficulté. Vous entamez votre exploration en mode très facile qui implique l'apparition sporadique d’ennemis relativement faibles. Plus les minutes passent plus le niveau de difficulté augmente au même titre que le nombre d'ennemis. Très facile, facile, moyen, difficile jusqu'au bien nommé cap de difficulté « Hahaha », le plus sévère de vos adversaires sera le temps et ce pour plusieurs raisons.
Le temps : Votre principal adversaire
Lorsque vous parvenez au téléporteur, il vous faut l'activer, ce qui a pour conséquence de déclencher un compte à rebours et un objectif simple : survivre pendant 90 secondes. Les ennemis arrivent en nombre et sont assistés par l'un des 3 boss aléatoires du jeu. Une fois le décompte achevé et si vous êtes toujours en vie, il faudra se charger des aliens encore vivants avant de se téléporter vers le deuxième des 5 mondes du jeu. Mais pour venir à bout de vos ennemis en surnombre, vous n'êtes pas totalement démuni. Outre les 4 compétences d'attaque ou de défense à votre disposition, une centaine d'items différents sont aléatoirement répartis à travers la carte. Pour en faire l'acquisition, il faut accumuler une certaine quantité de pièces d'or que vous ramasserez parfois dans des capsules échouées, le plus souvent sur le cadavres des aliens. Chaque item apporte un bonus à votre personnage : augmentation de la régénération de votre santé, bonus de dégâts, drones d'attaque ou de soin, les possibilités sont variées et surtout cumulables : une fois une augmentation acquise, elle le reste jusqu'à ce que vous passiez l'arme à gauche. C'est de là que naît le choix crucial pour votre progression dans Risk of Rain. Si vous optez pour un parcours en ligne droite dans le but de trouver et d'activer au plus vite le téléporteur, vous bénéficierez certes d'une progression avec un nombre réduit d'ennemis, mais vous prenez le risque de ne pas être suffisamment équipé pour perdurer dans ce monde qui ne vous veut que du mal. En revanche, opter pour une exploration minutieuse de la carte dans le but de tuer des aliens et de récolter un maximum d'améliorations augmentera certes votre résistance et votre puissance de feu, mais vous exposera à une difficulté nettement supérieure, à davantage d'ennemis tant et si bien qu'il vous sera tout aussi difficile de résister à la férocité des multiples aliens. Quoi que vous fassiez, Risk of Rain sera corsé et l'expérience punitive, mais sa maîtrise gratifiante.
Facile à prendre en main, difficile à maîtriser
Si la prise en main est simple et immédiate à la manette comme au clavier, la maîtrise de Risk of Rain ne se fera qu'au prix de morts définitives (comprenez que vous perdrez toutes vos améliorations à chaque mort) extrêmement fréquentes et bien souvent frustrantes. Le jeu est par ailleurs spécialement avare en informations quant au contenu à débloquer et surtout sur la manière de le débloquer. Ainsi, il vous appartiendra de découvrir la manière d'accéder aux nouvelles classes même si un menu vous montre votre progression dans le jeu. Principe charmant pour les plus persévérants, frustrant pour les autres, Risk of Rain aurait tout de même gagné à être un peu plus généreux en indications, sans pour autant basculer dans l'assistanat qui serait contraire au principe même d'un jeu qui offre un challenge dont seuls les plus obstinés / masochistes (rayez la mention inutile) viendront à bout. La titre d'Hopoo Games garantit une excellente durée de vie si vous désirez débloquer toutes les classes, tout collecter, tout voir, même si vous ne reviendrez pas nécessairement sur le titre une fois tous ses secrets percés à jour.
Par ailleurs, pour toujours plus de diversité, Risk of Rain propose un mode coopération en local ou en ligne pouvant réunir jusqu'à 4 joueurs, ce qui ajoute un attrait supplémentaire à un jeu qui a décidément beaucoup à offrir. En effet, en unissant vos efforts et en combinant les spécificités de chaque classe, le jeu devient encore plus palpitant sans jamais céder à la facilité. Malgré tout, et quel que soit le mode de jeu pour lequel vous optez, il faudra accepter de vous en remettre à la chance qui vous permettra de faire de votre personnage un héros parfaitement équipé capable de survivre plutôt qu'un avatar qui a eu la malchance de ne pas trouver les bons items au bon moment et ainsi condamné à mourir lamentablement dès les premières minutes de jeu.
Points forts
- Prise en main immédiate
- Exigeant pour être maîtrisé
- Difficulté exponentielle
- La variété de gameplay selon la classe incarnée
- La multitude d'items à collecter
- Bande originale réussie
Points faibles
- Des lacunes d'informations sur le contenu déblocable
- Manque parfois de lisibilité
- Un facteur chance souvent frustrant
Avec sa prise en main immédiate, son univers pixellisé et sa musique douceâtre, Risk of Rain pourrait tromper le joueur négligent qui pense se trouver là face à un jeu accessible. Il comprendra très rapidement qu'il faudra se battre bec et ongles, se résigner à des morts multiples et définitives pour parvenir à maîtriser le jeu. Punitif et exigeant, original et diversifié, Risk of Rain introduit, avec son chronomètre qui conditionne la difficulté du parcours, un sentiment d'urgence palpitant offrant au joueur un défi de tous les instants, dont la réussite dépendra certes un peu de la chance, mais essentiellement de vos compétences. Dommage qu'il soit parfois brouillon et un peu chiche en informations quant à son contenu et à la manière de le débloquer.