La vie réserve toujours son lot de décisions quotidiennes. Des décisions parfois anodines, parfois plus importantes. Quelquefois, un choix pris la veille ne trouve des répercussions que des semaines après. Parfois aussi, il n'y a pas de conséquences visibles à ce que l'on décide de faire. Always Sometimes Monsters se propose d'explorer cet ensemble de choix qui constituent le parcours de notre vie.
L'histoire d'Always Sometimes Monsters est celle d'une tentative presque désespérée de retrouver l'amour de votre vie sur le point de se marier avec quelqu'un d'autre. Aux commandes d'un personnage que vous aurez préalablement créé en choisissant sexe, couleur de peau et orientation sexuelle, vous voilà parti dans la traversée des Etats-Unis d'est en ouest à l'écoute de vos sentiments. Au fil des rencontres et des situations, des choix apparaîtront plus ou moins subtilement à la face du joueur. Parfois un menu apparaît clairement pour nous laisser décider d'emprunter le chemin A ou le chemin B. D'autres fois, les décisions sont plus masquées.
Je décide, donc je suis
Pendant près de 30 minutes, j'ai pu essayé deux séquences de jeu et pris plusieurs décisions même si je n'en étais pas toujours au courant. Dès le départ, je pouvais par exemple choisir d'accompagner mon meilleur ami à un rendez-vous amoureux pour le soutenir, ou bien le convaincre qu'il n'avait pas besoin de moi. Je pouvais aussi décider de vider sa carte bancaire pour m'acheter des nachos ou me priver de snack et laisser l'argent sur la carte. Dans la seconde séquence de jeu, je me suis retrouvé embauché en tant que préparateur de commandes. Ma mission : transporter des cartons de la chaîne de production jusqu'au camion. Un job facile, mais ennuyeux. Vu que j'ai été payé à l'avance, il est possible de démissionner dès le départ, ou de persister jusqu'au bout. A condition qu'il y ait vraiment un bout. Pour ma part, j'ai tenu plus de 15 minutes à faire l'aller-retour pour transporter un total de 26 caisses d'un bout à l'autre du dock. 26 caisses, vous vous rendez compte ? Après ça, j'en ai eu marre et j'ai démissionné. A tous les coups, il est possible de prendre son mal en patience et d'accomplir le travail jusqu'au bout pour que le patron soit certainement très fier de nous.
Le drame de Mr Hankey
Dans mon cas, il était tout de même content et m'a proposé de boire un verre avec lui après le travail. Sur le parking, les choses ont toutefois pris une drôle d'allure. Perchés sur le toit du bâtiment, deux jeunes ont commencé à déféquer sur la voiture du patron. Le boss s'est mis à vomir de dégoût et je me suis retrouvé là comme un imbécile devant une voiture couverte de crottes et un pauvre type qui vient de rendre son déjeuner. Dans le coin, j'ai bien vu le tuyau d'arrosage qui me permettrait de nettoyer la voiture, mais à quoi bon ? Je ne suis pas responsable et je n'ai pas spécialement envie d'aider mon boss, un personnage que je viens de rencontrer seulement quelques minutes plus tôt. Ne sachant que faire, j'ai simplement quitté les lieux, terminant ainsi la démo.
On touche là à un point important de mon ressenti face à Always Sometimes Monsters. Le jeu est peut-être très bien, mais le fait de plonger tête baissée dans une démo sans connaître le contexte, les personnages, ni les enjeux ne permet pas vraiment de se rendre compte de sa profondeur. J'ai donc parcouru la démo sans réellement m'investir dans le destin de mon héros, que je n'ai d'ailleurs pas pu choisir. En clair, je n'ai pas pu verser la part de "personnel" qu'attendait certainement le titre pour révéler son potentiel. On le sait tous, il faut du temps pour apprendre à connaître et apprécier une personne pour ce qu'elle est, et non pas uniquement pour ce qu'elle représente. Si le concept de Always Sometimes Monsters me séduit, j'attends maintenant de le voir à l'œuvre. Ce sera certainement avec la version complète prévue pour le 21 mai sur Steam.
Jugez d'un titre comme Always Sometimes Monsters est impossible après une démo de seulement trente minutes puisque ce n'est que sur la durée que l'attachement au personnage et les implications de nos choix seront mis en lumière. Pour être honnête, je ne sais absolument pas quoi penser du jeu aujourd'hui. J'aime l'idée qui motive la conception même du titre, à savoir une expérience qui s'adapte continuellement à nos choix mais je trouve l'exécution assez pauvre et d'un point de vue ludique très limitée. Sur la demi-heure jouée, je n'ai finalement répondu qu'à deux ou trois questions, lu une tonne de dialogues et déplacer 26 caisses ! Il y avait peut-être d'autres choses à faire, mais je suis passé à côté. Tout ce que je sais, c'est que je ressors de la démo ni particulièrement déçu, ni emballé non plus, d'où mes impressions juste moyennes.