Paradox Interactive a depuis longtemps le clavier et la souris dans le monde des jeux de stratégie / gestion. Cela fait 12 ans maintenant que la série des Europa Universalis prospère aux côtés de la licence Crusader Kings dont le II était, jusqu’à aujourd’hui, le dernier bébé du studio. Ca en est donc fini de la gestion pure et dure des dynasties et revenons à celle de tout le pays pour voir ce que vaut ce nouvel opus de Europa Universalis IV.
Europa Universalis IV, ce jeu de stratégie / gestion en temps réel nous plonge dans le XVème siècle. Les pays ne sont pas encore comme on les connaît actuellement bien que certains se démarquent plus ou moins, c’est notamment le cas des grandes puissances telles que l’Angleterre, la France ou encore la Castille (qui deviendra plus tard l’Espagne). C’est un contexte historique extrêmement riche, complexe et précis que les développeurs ont réussi à reproduire à travers ce soft. Au départ d’une partie, il sera nécessaire de définir une date de commencement, influant sur les territoires de chacun mais aussi sur les conflits et autres relations en cours à la date donnée. C’est après cela qu’il faudra choisir son pays, et ce n’est pas une mince affaire puisque le monde entier est à sa disposition (si, si, c’est vrai). France, Maroc ou encore Cherokee, il y en a pour tous les goûts. Bien entendu, ce choix sera important pour plusieurs raisons autres que sa position géographique. Il faudra tenir compte des relations entretenues avec ses voisins mais aussi de sa puissance commerciale ou encore militaire. C’est pour cela que la France peut s’avérer compliquée à jouer (contrairement à ce qu’affirme le jeu) pour les simples raisons que 3 de ses frontières sont avec des voisins mais aussi qu'elle démarre en guerre avec l’Angleterre et que, pour couronner le tout, elle n’est pas totalement unifiée mais ressemble plutôt à un gruyère.
Complet mais complexe
Autant le dire tout de suite, le jeu n’est pas facile à prendre en main, même si on a joué aux divers titres du studio. De nombreux paramètres sont à prendre en compte et rendent le jeu plus qu’intéressant, mais aussi incroyablement riche et ce pour le grand plaisir des amateurs. Attention toutefois, le jeu n’est pas insurmontable et si l'on commence une partie en ayant bien choisi son pays alors on peut, peut-être, arriver à quelque chose mais dans tous les cas ce ne sera pas chose facile. Il va falloir apprendre à manier toutes les ressources principales : l’argent bien évidemment mais aussi la puissance administrative, la puissance diplomatique et la puissance militaire. Commençons par le commencement, on ne fait pas fonctionner un pays sans argent et on n’a pas d’argent sans impôts et sans commerce. Il est important de savoir gérer son argent car les Ducas serviront à payer les armées, les flottes, les conseillers (encore faut-il en avoir) et d’autres choses comme l’approvisionnement des colonies encore peu développées ou des coûts résultant de la diplomatie. S’il est impossible de régler le montant des impôts, il est en revanche envisageable de réduire ses coûts militaires bien que cela influe notamment sur la capacité de ravitaillement des armées. Les « puissances » sont elles aussi extrêmement importantes. Non seulement elles servent à réaliser diverses actions telles que rétablir la stabilité du pays, mener des tâches diplomatiques ou encore mater une révolte, mais aussi à réaliser des recherches dans les trois domaines : administration, diplomatie et armée, donnant chacun des bonus. Il est aussi possible de choisir des doctrines permettant, une fois encore, d’utiliser des points de puissance pour débloquer d’autres petits suppléments. Il y a d’autres ressources un peu plus annexes, la légitimité du monarque et le prestige influant notamment le regard que les autres nations peuvent avoir envers vous.
Point intéressant, les missions et décisions. Il est possible durant la partie de choisir entre 3 missions proposées avec des objectifs différents, allant de la fortification d’une province à la création d’une alliance avec un autre pays. Ces missions permettent de gagner des points de puissance mais aussi de donner quelques bonus. Les décisions, quant à elles, nécessitent quelques points de puissance et parfois de l’argent pour être appliquées. Celles-ci concernent votre pays et touchent des sujets tels que la religion, les taxes ou la culture de vos régions. Il faudra faire attention, car une décision trop vite prise peut mener à la guerre civile et ce n’est clairement pas ce dont un dirigeant a besoin. Comme vu ci-dessus, qui dit XVème siècle dit religion et comme il se doit, celle-ci prend une place importante dans le jeu. Pour les catholiques, il est possible de placer des cardinaux au siège de la papauté. Dans certains cas, notre glorieux pays pourra même se faire élire au Saint-Siège. La religion posera quelques problèmes notamment lors de l’annexion d’un territoire d’une autre religion. On a alors le droit à de nombreux troubles religieux sans compter ceux dus aux nationalistes voulant retrouver leur indépendance. Par moments, il sera nécessaire de passer plusieurs années à combattre les rebelles surgissant de toutes parts.
Guerre et paix, la frontière est parfois mince
Pour faire valoir ses intérêts, le seul moyen sera souvent la guerre. Pour cela, il faudra évidemment des armées qui coûteront assez cher donc il est impossible, ou du moins dangereux, de se lancer dans une guerre sans empocher assez de sonnants Ducas. Le système de bataille est assez spécial, il est lié à de nombreux paramètres, comme la taille des armées, les troupes et leur moral, les avantages et désavantages du terrain mais il compte aussi une part d’aléatoire. Les combats ne sont donc pas gagnés d’avance et ne se résolvent pas à celui qui a la plus grosse. Une fois débarrassé des gêneurs, il ne reste plus qu’à occuper les provinces, ici aussi on retrouve un système quelque peu similaire mais jouant uniquement avec le moral ennemi. Si celui-ci chute à zéro la province se rend. Cela peut donc mener à des sièges de plusieurs années à moins que l’on décide de se risquer à mener un assaut pouvant être meurtrier pour les deux camps et non concluant pour les attaquants. Après la guerre vient la paix et une paix, ça se gagne. Plus on pousse les ennemis à bout, plus on a de chances d’obtenir ce que l’on veut, pourquoi se contenter de gagner seulement son objectif de guerre quand on peut annexer tout un peuple ? C’est notamment durant la négociation de paix que le système diplomatique du jeu montre toute sa richesse et puissance tant les possibilités sont grandes. Demander un tribut financier, obliger l’arrêt de toute relation avec un pays, annexer des territoires ou encore en faire un vassal, beaucoup d’options sont disponibles mais ne seront pas exemptes de coûts pour autant. Premièrement plus le score de guerre sera élevé plus il sera possible de se permettre certains luxes ; deuxièmement, il faudra dépenser des points diplomatiques et encore une fois, plus les demandes sont élevées plus le nombre de points demandé le sera. Le reste du système diplomatique est lui aussi plutôt complet et permet de revendiquer des terres, jouer sur ses relations, lancer un embargo, créer des alliances et bien d’autres choses encore.
Une réalisation parfois bancale
Si le jeu s’offre des graphismes, des animations et une bande-son plus qu’excellents et agréables, il n’en est pas de même pour plusieurs points du jeu. En effet, comme à l’accoutumée chez Paradox Interactive, nous retrouvons des problèmes liés à ce nouveau soft. Certainement jusqu’au prochain patch, le jeu sera assez dur à prendre en main par les néophytes pour la simple raison que les didacticiels, plutôt complets, sont truffés de bugs. Pour la plupart ils sont impossibles à finir car les objectifs ne se mettent pas à jour ce qui ne permet pas de passer à la suite et donc de terminer l’apprentissage en question. On trouve également quelques problèmes concernant la localisation française. Les textes sortent parfois des cadres et deviennent impossibles à lire et il manque l’affichage des raccourcis clavier. Hormis ces problèmes, le reste du jeu fonctionne sans soucis, n’empêchant donc pas de passer du temps sur une partie. Pour finir, il est à noter que pour les possesseurs de Crusader Kings II, un DLC (payant) permet de convertir les sauvegardes afin qu’elles fonctionnent sous Europa mais je ne m’attarderais pas sur le sujet puisque cela ne rentre pas dans la note.
Points forts
- Riche
- Intéressant
- Grande rejouabilité
- Beaux graphismes
- Ambiance sonore agréable
Points faibles
- Des problèmes de localisation
- Des bugs
- Parfois (trop) complexe sur certains points
Europa Universalis IV est indéniablement très bon. On trouve de nombreux événements historiques, les possibilités et la rejouabilité sont immenses. On prend énormément de plaisir à réécrire l'histoire. Le soft est principalement destiné aux connaisseurs du genre ou des jeux du studio, même si les néophytes pourront y trouver leur compte bien que leur apprentissage sera ralenti par les nombreux bugs des didacticiels. C’est d’ailleurs ce point et celui des problèmes de localisations qui viennent ternir le tableau d’une réalisation pourtant exemplaire sur le reste. On espère donc que ces soucis seront rapidement corrigés bien qu’ils n’entachent que peu la jouabilité du soft, mais dans tous les cas, ils font tomber d’au moins un point la note finale.