Avec ses 34 Mo, Papers Please pourrait facilement être pris à la légère. Pourtant sous ses airs de jeu simpliste, cette simulation de poste-frontière révèle une profondeur de gameplay insoupçonnée tout en étant riche de sens. Explications.
Si Papers Please ne se déroule pas à une époque donnée ou dans un lieu donné, on comprend très vite qu'il s'agit de revivre les heures sombres des dictatures communistes. Vous vous retrouvez donc en Arstotzka, un pays fictif dans lequel vous avez gagné une grande loterie du travail, décrochant ainsi 5 $ et un poste à la douane. Dès lors vous devez vous rendre chaque jour à la frontière afin de contrôler inlassablement les papiers des dizaines d'immigrants souhaitant pénétrer sur le territoire.
Glory to Arstotzka
Les débuts sont simples puisqu'il suffit de vérifier que la photo du passeport correspond à la personne en face de vous, que la limite de validité n'est pas dépassée, que le genre renseigné est correct et que la ville de provenance existe réellement (en passant rapidement par le carnet d'aide fourni). Néanmoins, certains événements scriptés ou liés à vos erreurs ou choix (un attentat, etc.) changent rapidement la donne, renforçant le niveau de sécurité exigé. Dès lors, il convient de vérifier un ticket d'entrée avec ce que cela comprend de fraudes potentielles et de vérifications à faire sur la corrélation des noms, des numéros de passeport, de la durée du séjour... Par exemple, il peut arriver que deux noms différents soient indiqués sur les documents. Mais ce serait une erreur de refuser l'accès trop précipitamment. Ainsi, après quelques questions, on peut apprendre que la personne dispose de 2 noms usuels. Ni une ni deux, il convient de prendre les empreintes digitales et de les comparer aux fichiers à disposition. Et ce n'est qu'après ces nombreuses vérifications qu'on peut prendre la bonne décision. Et les choses peuvent encore se compliquer avec l'arrivée progressive de pass pour le travail, de scanners, etc. Bref, sous ses airs de jeu simpliste, Papers Please s'avère relativement riche.
Un gameplay plutôt riche
On pourrait alors se dire qu'il s'agit d'un titre extrêmement répétitif. En un sens, ce n'est pas complètement faux. On peut très facilement s'ennuyer et être tenté de faire l'impasse sur une petite vérification pour gagner du temps. C'est précisément là toute la perversité du jeu : il faut aller vite pour gagner un maximum d'argent (5 $ par cas traité), tout en évitant de commettre des erreurs désastreuses financièrement parlant et aux répercutions parfois malencontreuses. Parce qu'outre notre métier, il faut subvenir aux besoins de notre famille, la nourrir, la loger, la chauffer et la soigner. Toute perte d'argent peut signifier la mort de notre fils ou de notre femme, ce qui impose parfois des choix difficiles. Par exemple, un père de famille peut nous supplier de laisser passer son épouse en danger de mort ou à l'inverse, une jeune femme peut nous demander d'arrêter le proxénète qui cherche à la faire rentrer sur le territoire en toute légalité. Le nombre d'erreurs permises sans perte de salaire étant fixé à 2 par jour, il faut souvent faire des concessions, voire se comporter comme une ordure. Dans le même registre, il devient rapidement possible de renvoyer les personnes qui ne rentrent pas dans le moule chez elles ou bien de les expédier directement en prison. Cette dernière option peut rapporter quelques dollars supplémentaires et par conséquent offrir des avantages non négligeables à notre famille, à commencer par un nouvel appartement. Une grande liberté est donc offerte au joueur qui peut s'amuser à recommencer plusieurs parties afin de débloquer les 20 fins disponibles.
Bien plus qu'un Poste-frontière Simulator
Finalement, Papers Please fait réfléchir, grâce à un point de vue intéressant sur les régimes totalitaires d'après-guerre dans lesquels chacun devait lutter pour sa survie et celle des siens. Il ne s'agit donc pas d'un simple Poste-frontière Simulator comme on pourrait le croire de prime abord. Non seulement c'est un jeu intelligent et riche, comme on a pu le voir précédemment, mais c'est aussi un titre très drôle par moments. Cela peut se traduire par l'apparition récurrente d'un vieux monsieur cherchant à passer la frontière de manière grotesque. A sa première visite, il arrive sans aucun papier puis après votre refus, il reviendra avec un passeport dessiné à la va-vite par une main tremblotante. Chacune de ses apparitions est une bouffée d'air frais limitant un peu le stress qui caractérise le jeu et fait son charme. Evidemment, ce n'est pas un titre parfait. On manque parfois de place pour afficher les documents nécessaires, les graphismes sont sommaires et se limitent à un seul écran, il n'y a pas de version française et évidemment, la répétitivité peut agacer certains joueurs. Ceux-ci passeraient malheureusement à côté d'un titre fort sympathique qui, pour un peu moins de 9 euros, vaut vraiment le coup d'oeil.
Points forts
- Très original
- Un gameplay assez riche
- Plus compliqué qu'il n'y paraît de prime abord
- Des choix parfois difficiles
- 20 fins possibles
Points faibles
- Un peu répétitif
- Interface sommaire
- Uniquement en anglais
Ne vous méprenez pas, Papers Please est bien plus qu'un simple Douane Simulator. C'est avant tout un point de vue original sur les dictatures communistes servi par un gameplay à la fois riche, stressant et exigeant. Certains choix moraux s'avèrent particulièrement difficiles à prendre, favorisant ainsi l'immersion et inévitablement le plaisir de jeu. Bref, pour un peu moins de 9 euros il s'agit d'une bonne pioche, à condition toutefois d'être à l'aise avec l'anglais.