Z, une lettre qui pourrait évoquer beaucoup de choses. La dernière lettre de l'alphabet, la profondeur dans un repère en 3D ou bien encore un sujet qui fait pouffer les garçons dans la cour de récréation. En l'occurrence, cette fameuse lettre est ici le nom d'un jeu de stratégie imaginé par le mythique studio anglais Bitmap Brothers.
Pour rappel à la culture vidéoludique, les Bitmap Brothers avaient créé leur renommée grâce à deux premiers jeux sortis en 1988 : Xenon, un shoot'em up sous adrénaline, et Speedball, un jeu de sport futuriste et violent où il est aussi important de faire rentrer la balle dans l'en-but opposé que dans la tête de l'adversaire. Les succès s'enchaînent au fil des années avec des titres aussi réussis et originaux les uns que les autres. En 1996, le studio s'attaque à la stratégie en temps réel avec un nouveau titre sobrement appelé Z.
Guerre et binouze
Dans Z, le joueur se retrouve à la tête d'une armée de robots rouges qui doit dézinguer des robots bleus. L'histoire importe peu, vu qu'elle s'en retrouve extrêmement simplifiée : s'ils ne sont pas de la même couleur, on les explose. Point important, vos soldats sont des manches. Ils passent leur temps à boire des bières et fumer des cigarettes, écoutent de la musique forte et ne ratent jamais une occasion pour en faire le moins possible. Si vous leur donnez un ordre qui ne leur plaît pas, ils s'exécuteront sans oublier de vous insulter au passage. Quand vous êtes en mauvaise posture, votre I.A conseillère ne se gênera pas non plus de vous rappeler à quel point vous êtes nul. Et en français intégral, s'il vous plaît !
Vous l'aurez compris, l'une des forces de Z est son humour. Chaque mission se retrouve séparée par une cinématique où l'on suit le périple de Brad et Allan, deux ravitailleurs de votre armée de bras cassés, pures représentations de la « glande » incarnée. Chaque victoire ou défaite est accompagnée d'une petite cinématique étayant un peu le propos. Soit on arrose la victoire à la bière et au hard-rock, soit vous vous faites engueuler par votre supérieur. Ces séquences deviennent vite répétitives mais elles sont tellement drôles que ça ne dérange presque pas.
Z comme Zlatan
Le gameplay n'est pas en reste : très simple à prendre en main et pourtant très complet. La vue est en 2D, de dessus, plutôt jolie avec des détails sympathiques, comme des petits animaux que vos soldats canardent quand ils s'ennuient par exemple. Chaque map est quadrillée en territoires avec un drapeau au milieu. Il suffit d'ordonner à l'une de vos unités de s'en emparer pour revendiquer le territoire. Chaque joueur dispose d'un fort à protéger et il existe trois façons de gagner : faire entrer une unité dans le fort adverse, le détruire à coups de canon (plus long) ou détruire toutes les unités adverses. La construction des robots et des véhicules se fait par les usines de construction réparties sur la carte. Si vous contrôlez le territoire où repose une usine, celle-ci vous appartient. Les usines limitent leur production soit aux robots, soit aux véhicules mais toutes peuvent construire des canons défensifs dans le territoire associé. Votre fort peut également construire tout type d'unités.
Ici, point de ressources à dépenser pour construire. Les usines possèdent chacune une horloge qui compte à rebours la fin de la prochaine production. Subtilité : plus vous contrôlez de territoires, plus vous construisez vite. Si vous vous faites submerger par l'adversaire, il est alors très difficile de renverser la balance car vos constructions se retrouvent systématiquement retardées à chaque fois que vous perdez un nouveau territoire. Autre vacherie, si votre tank méga lourd qui vous a demandé cinq bonnes minutes est sur le point de sortir, et que vous perdez le territoire entre-temps, le bénéfice de la construction revient directement à l'adversaire qui n'hésitera pas à le retourner contre vous avec un rire malsain.
On fait tout péter et eux avec !
Sur les cinq planètes à conquérir, divisées chacune en quatre niveaux (un total de 20 missions donc), on pourra capturer des usines de niveau technologique de plus en plus élevé pour accéder à des unités spécialisées ou plus puissantes. Tout y est : escouade lance-roquettes, snipers, jeeps, tank léger / moyen / lourd ou même... camion-grue qui répare à peu près tout. Car oui, le terrain est bien souvent destructible. Vous pourrez détruire des ponts pour couper des accès, exploser des rochers qui vous bloquent le passage, et pouvez même détruire une usine pour la rendre inutilisable. Il vous faudra bien évidemment des obus ou de l'explosif, mais vos soldats ne manqueront jamais de se précipiter sur les caisses de grenades réparties sur la map. Il sera d'ailleurs souvent possible d'avoir la chance de dézinguer un pilote de char pour qu'un de vos robots se dévoue à le détourner ! Et beaucoup de petites subtilités de gameplay sont ainsi disséminées.
Dur comme mes pec's de métal
Ce qui régit Z également, c'est sa difficulté exponentielle. Si les premiers niveaux se déroulent sans trop de douleur, la suite se corse aisément. L'I.A. réagit plutôt bien à vos actions et ne perd jamais une minute avec des unités oisives. De plus, le terrain aura tendance à lui donner l'avantage avec plus d'usines à sa proximité ou de meilleures unités au début de jeu. Ce qui était un challenge de taille devient vite un enfer car on se retrouve à recommencer une mission une bonne dizaine, voire vingtaine, de fois avant de trouver la bonne tactique. Remplir une mission finit par donner une grande satisfaction et on ne demande qu'à péter la tronche des robots de la mission suivante. Si vous en avez marre de vous faire retourner par l'I.A, vous pourrez toujours vous venger sur vos potes qui auront le malheur de connecter leur PC en LAN jusqu'à quatre joueurs.
Points forts
- La difficulté croissante...
- Les cinématiques tordantes et nombreuses...
- Le système de territoires
- Le terrain destructible
- VF convaincante pour l'époque
Points faibles
- ...qui en devient impossible
- ...parfois répétitives
- Le pathfinding souvent bizarre
- Impossible de revoir les cutscenes à volonté
Avec son humour omniprésent et son gameplay aussi original que fonctionnel, on se retrouve avec un jeu de stratégie jouissif qui finira, après seulement quelques dizaines de minutes, à en être exigeant. Ses graphismes en 2D et sa bande-son convaincante composent un soft plus que solide pour les amateurs de STR à l'humour débile. Désormais proposé en abandonware, trouvable sur le Net et porté sur smartphones depuis, il serait dommage de pas en profiter.