Remarqué à l'occasion de l'Independant Games Festival de l'année 2013, Anodyne est un jeu d'action aventure old-school qui s'inscrit dans la lignée d'un bon vieux Zelda. Pour autant, ne vous y trompez pas, ce titre développé par deux étudiants possède une aura bien à lui et affiche très vite sa personnalité.
Anodyne est un monde pas tout à fait comme les autres puisqu'il s'agit, en quelque sorte, du reflet virtuel du subconscient d'un adolescent nommé Young. En dépit de ses cheveux blancs et de ses lunettes qui lui confèrent un look de professeur Pokémon un peu étrange, Young est un jeune garçon courageux qui semble prêt à faire face à tous les dangers. Il faut dire que son arme rendrait perplexe n'importe quel aventurier digne de ce nom puisqu'il s'agit d'un vulgaire balai... Ne riez pas, car vous allez voir que cet outil peut se révéler bien plus indispensable qu'une épée, aussi légendaire soit-elle.
Un balai multifonction
Se battre avec un balai n'a franchement rien de ridicule, surtout quand l'objet en question dispose de quatre degrés d'améliorations qui feraient fuir n'importe quelle araignée un tant soit peu kamikaze. Si, de base, celui-ci se contente de remplir sa fonction de dague capable de repousser n'importe quelle créature un peu trop collante, il devient ensuite multifonction, à condition toutefois de mettre la main sur les améliorations en question. En mode Extend, l'arme gagne en portée d'action et permet d'atteindre des cibles plus éloignées. En mode Widen, le balai crache des nuages de poussière sur les côtés, ce qui s'avère bien pratique pour toucher les ennemis se trouvant tout autour de soi. Enfin, le quatrième stade du balai lui confère carrément la capacité d'intervertir deux cases entre elles, pour des utilisations un peu plus subtiles que celle consistant simplement à éradiquer toute menace alentour. Mais le truc à ne jamais oublier lorsqu'on a un balai entre les mains c'est qu'il est possible de déplacer la poussière d'un endroit à un autre pour s'en servir ensuite de bien d'autres façons...
Clins d'oeil et exploration
A moins de n'avoir jamais touché à un Zelda-like à l'ancienne, le joueur prend ses marques immédiatement et s'attend à parcourir une série de donjons truffés d'énigmes à base de mécanismes vicieux et de traditionnels blocs à pousser. C'est là qu'Anodyne nous surprend dans un premier temps puisqu'en dépit de sa réalisation typique des jeux d'action aventure 16 bits, le titre relègue ce genre de défis au second plan pour privilégier le côté exploration. On passe en effet l'essentiel de son temps à se balader dans des environnements labyrinthiques composés d'une multitude d'écrans juxtaposés, certains ayant davantage un but contemplatif que véritablement ludique. Les développeurs se sont d'ailleurs amusés à ponctuer les stages d'allusions et d'hommages à des grands noms du jeu vidéo. On s'amuse ainsi à découvrir ces références, parfois complètement par hasard, comme ce niveau caché inspiré de The Binding of Isaac, cette ville fantôme en noir et blanc, ou encore ce clone de Link qui s'acharne bêtement avec son épée sur un malheureux buisson, sans oublier ce niveau rétro aux graphismes 8 bits. D'une manière générale, les dialogues, bien que non traduits en français, sont particulièrement savoureux, et on regrette que l'aventure ne renferme pas davantage de rencontres avec des NPC pour en profiter encore plus.
Collectez-les toutes !
Toutes les zones que l'on découvre dans Anodyne sont reliées entre elles par une sorte de passerelle appelée le Nexus. De là, il est possible de franchir n'importe quel portail déjà activé pour atteindre directement le niveau souhaité, ce qui permet à la fois d'éviter les allers-retours et d'apporter une cohésion à cet univers ultra touffu où l'on s'égare très facilement. Le jeu étant clairement non linéaire, on peut véritablement se balader où l'on veut dans le monde d'Anodyne, mais des barrières de deux sortes se chargent de bloquer régulièrement notre progression. Il y a d'une part les serrures qui requièrent des clefs, obtenues généralement après une victoire contre un boss, et d'autre part les portes qui nécessitent de posséder un certain nombre de cartes.
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Au nombre de 49, dont une qu'on ne peut obtenir qu'en exploitant un bug, ces fameuses cartes constituent sans aucun doute l'un des éléments les plus intéressants du jeu, car elles nous obligent à fouiller le monde dans ses moindres recoins pour en découvrir tous les secrets. Tantôt cachées dans des coffres, tantôt données par des NPC en récompense à des quêtes, ces cartes ne s'obtiennent pas forcément dans un ordre précis et rendent ainsi chaque partie bien différente. Il faudra par exemple penser à déplacer la poussière avec le balai pour la poser sur la surface de l'eau dans le but de l'utiliser comme un nénuphar navigable, ou encore ne pas oublier à recourir à la fonction de saut pour s'élancer lestement par-dessus les pièges. Malgré tout, il faut bien admettre qu'Anodyne se révèle globalement trop facile, y compris dans ses énigmes qui sont davantage basées sur l'humour que sur la réflexion. Pour 9 $ (soit l'équivalent de 7 €), comptez minimum 5-6 heures pour le terminer.
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Points forts
- La non-linéarité de la progression
- Le renouvellement des stages
- Des références et des hommages en pagaille
- Les musiques plaisantes et variées
- La collecte des cartes
Points faibles
- Trop d'écrans plus ou moins vides
- Peu de boss
- Pas de traduction française
- Trop facile
Parmi la myriade de titres ayant la volonté d'offrir une expérience rétro assumée, Anodyne tire son épingle du jeu en proposant un aventure à la fois contemplative et bourrée de clins d'oeil à l'univers du jeu vidéo. Non linéaire et jamais rebutante, la progression recèle bon nombre de surprises et la collecte des cartes incite à fouiller tous les secrets du jeu pour ne rien laisser derrière soi. On lui reprochera juste sa trop grande facilité et sa durée de vie un peu faible.