Voilà déjà quelques années que les petits gars d'XSeed semblent s'être fixés comme objectif de permettre à tous les sans-grades peuplant le petit monde des jeux de rôle japonais de tourner, enfin, sur les machines occidentales. Accueillons donc comme il se doit Ys Origin, qui nous fait l'honneur de débarquer sur nos PC via la plate-forme Steam, plus de six ans tout de même après la sortie japonaise.
S'inscrivant un peu à part dans la chronologie de la tentaculaire série Ys, l'une des deux licences phares de Falcom, Ys Origin est donc un Action-RPG dans le plus pur style. L'île d'Ys, véritable jardin d'Eden baigné de magie, est un jour subitement plongée dans le chaos lorsqu'une horde de démons déferle sur le territoire. Se sachant acculées, Reah et Feena, les deux déesses protectrices d'Ys n'ont d'autres choix que d'utiliser les pouvoirs de leur artefact, la Perle Noire, pour déraciner leur dernier bastion et l'envoyer dans les airs, mettant les habitants hors de portée. Belle erreur que de se croire tranquille, car les démons se mettent alors à bâtir une tour monumentale pour intercepter et attaquer ce havre. Alors que la guerre fait rage entre les deux forces en présence, les déesses jumelles semblent s'être évaporées du Temple de Salomon. Persuadés qu'elles se sont rendues en territoire ennemi, les dirigeants d'Ys décident d'envoyer une escouade d'élite aux portes de la tour.
Comme son nom l'indique
Et là, vous me demanderez : mais où est Adol dans tout ça ? Depuis le tout premier épisode, Ys n'a été la série que d'un seul personnage, comment se fait-il donc que le héros emblématique ne fasse pas partie du casting ? Eh bien tout simplement parce que Ys Origin a pour fonction d'épaissir le background présent depuis le premier opus et se déroule donc sept siècles avant Ys premier du nom. Il est donc évident que le jeune homme aux cheveux rouges ne pouvait pas y participer. A la place, le choix est laissé en début de partie d'incarner soit Yunica Tovah, guerrière en devenir qui manie une grande hache, ou Hugo Fact, un magicien accompli. Un troisième larron aux griffes acérées vient de surcroît compléter le tableau une fois l'un des deux scénario terminé.
Le changement dans la continuité
Du coup, si le principe du jeu reste celui d'un Action-RPG dans la même veine que les précédents épisodes, le gameplay peut subir des ajustements selon le personnage contrôlé. Ainsi Yunica possède une palette de coups sensiblement identique à celle d'Adol, avec des coups moyennement rapides à courte et moyenne portée, alors que Hugo se spécialise plutôt dans le combat à distance grâce à ses sorts. Les caractéristiques du dernier personnage tendraient plutôt vers des attaques extrêmement rapides au corps-à-corps. Cela a le mérite d'offrir un peu de diversité à l'expérience, ce qui n'est pas plus mal comme on le verra plus tard. A côté de ça, on retrouve une alternance de phases de jeu bien distinctes, l'une tournée vers l'exploration sur le terrain, tantôt hack'n slash, tantôt plates-formes, l'autre étant dévolue aux combats de boss.
Deux pour le prix d'un
Dès lors qu'un personnage arpente les différents étages –tous centrés autour d'un thème précis– de la tour, l'unique lieu du jeu, il est sans relâche assailli par les nombreuses races de démons n'ayant pour seul but que de l'occire. Mieux vaut donc frapper en premier, et vous disposez pour cela, en plus de votre arme, d'un arsenal de techniques aux propriétés variées qui vous permettront aussi de vous mouvoir dans chaque partie des niveaux. Certaines techniques sont par exemple aussi bien capables de vous faire franchir des gouffres que de frapper simultanément un groupe d'ennemis. Les combats dans leur ensemble sont d'ailleurs assez bourrins, quoique jouissifs, il est assez facile de nettoyer un étage entier en peu de temps du moment que vous utilisez les techniques appropriées. Techniques qui doivent d'ailleurs être parfaitement assimilées si vous souhaitez passer sans encombres les boss gardant chaque étage de la tour.
Plus dure sera la chute
En effet, la facilité déconcertante avec laquelle on progresse ne doit pas inciter à traiter les boss par-dessus la jambe. Souvent imposants et disposant d'une force à leur mesure, il est nécessaire de les observer et de comprendre leurs différents mouvements pour trouver une ouverture avant de se lancer à leur assaut, sous peine de prendre un mauvais coup. Une erreur est bien souvent fatale, et c'est là qu'on apprécie la possibilité de recommencer directement le combat en cas de défaite. Les explorateurs peuvent également compter sur un certain nombre d'améliorations à trouver dans les niveaux ou à débloquer grâce aux SP laissés par les ennemis, même si de ce côté-là, on reste un peu sur notre faim : les énigmes sont vraiment basiques et il suffit généralement d'emprunter chacun des embranchements jusqu'au bout pour récupérer les objets facultatifs.
Des bases solides, mais...
Attaquons-nous à la réalisation du titre. Étant sorti voilà déjà 6 ans, les graphismes accusent un peu le poids du temps tout en restant corrects. Ce n'est pas là l'attrait du jeu de toute façon. La bande originale est par contre une réussite. Tantôt mélancolique lorsque le scénario le demande, la musique sait se faire très énergique lors des traversées des donjons et les combats de boss. Aucun doublage n'est par contre disponible pour les dialogues. A côté de ça, les scénarios des trois personnages valent vraiment le coup d'être faits. Chacun raconte des possibilités parallèles sur un même point de départ, et permet de dévoiler d'autres facettes des protagonistes. Ce n'est d'ailleurs qu'en finissant l'histoire avec le personnage supplémentaire que vous aurez la possibilité de connaître l'histoire «canonique», celle qui s'insère parfaitement dans la chronologie de la série.
Un jour sans fin
Malheureusement, pour vivre chaque histoire, il vous en coûtera de traverser trois fois les mêmes niveaux, combattre les mêmes ennemis, et malgré les différents styles de combat, le tout souffre vraiment d'un manque de variété. Seuls certains boss peuvent différer d'une partie à l'autre. Pour renouveler un peu la motivation, vous pouvez une fois le jeu fini opter pour l'un des modes de difficulté plus corsé, ou encore vous lancer à l'assaut du mode Time Attack qui vous mettra aux prises avec les boss du jeu pour tenter de les battre le plus rapidement possible. Puisque les personnages ne possèdent dans ce mode qu'un équipement basique, cela vous donne la possibilité de comparer votre seule maîtrise technique avec celle d'autres joueurs. Au final, comptez sur une huitaine d'heures pour votre premier scénario, un peu moins pour les suivants. Durée de vie correcte sans plus, mais vu le prix, on aurait tort de se priver.
Points forts
- Un bon défouloir
- Musiques dans le ton
- Du challenge
- Trois scénarios sympas à suivre
- Bonne rejouabilité...
Points faibles
- ... mais un peu trop répétitif
- Techniquement dépassé
Entendons-nous bien, Ys Origin est un bon jeu à tous les niveaux. On peut toutefois regretter un manque de possibilités dans l'évolution du gameplay au cours du jeu, et surtout la lassitude qui peut gagner le joueur dans les parties additionnelles. Il faut en fait prendre le jeu pour ce qu'il est, à savoir un action-RPG old-school dans sa construction, avec ce que cela comporte de bonnes et de moins bonnes choses. Si vous n'êtes pas un familier de la série, voilà l'occasion rêvée de vous y mettre.