Le développement des jeux indépendants a cela d'intéressant qu'il permet à des petits titres d'exister face à des ténors proposant plus souvent des blockbusters ou des triples A. L'avantage de ces softs, d’origine très variée, est que l'on peut voir de tout, du bon comme du moins bon. Et à ce titre, Steel Storm : Burning Retribution souffle le chaud et le froid.
Le joueur en quête de titres indépendants un peu originaux aura sans doute l'oeil attiré par les promesses faites par Steel Storm. Dans ce jeu d'action / shoot'em up, vous contrôlez un hovercraft (une sorte de tank aéroglisseur) et devez résoudre des missions en tirant sur des ennemis et en évitant de vous faire toucher. Voilà. C'est tout. Censé vous proposer des missions variées dans différents environnements, Steel Storm consiste en général à vous planquer derrière une infrastructure et à tirer en espérant toucher des ennemis tout en priant pour ne pas se faire avoir.
Les premières missions servent avant tout de didacticiel. La prise en main très instinctive permet de passer sans trop de difficultés, faisant même assez bien profiter de la fluidité du jeu et de son gameplay. Bien que ce dernier ne soit pas original, il sait se montrer efficace et prenant. Clic gauche pour l'arme principale et clic droit pour l'arme secondaire, épaulé d'un ZQSD qui a fait ses preuves, le joueur aguerri peut aussi profiter d'une manette pour contrôler son hovercraft et il faut avouer qu'il se laisse manier tout à fait honorablement. Plusieurs campagnes sont disponibles, la première sert donc de tutoriel et les autres suivent un scénario sur lequel nous reviendrons plus tard. Au commencement de chaque première mission, vous débutez avec le strict minimum, une sorte de mitrailleuse permettant de zigouiller tranquillement les premiers tanks qui se mettront sur votre passage. Très rapidement, une seconde arme vient l'épauler permettant de faire plusieurs tirs différents avec une arme principale, ce qui devient vite jouissif visuellement. En parcourant les missions, vous aurez l'occasion de trouver des armes secondaires au rechargement plus long mais à l'effet dévastateur : roquettes, mortier, missiles à tête chercheuse, jusqu'au méga laser de la mort qui éradique tout sur son passage. Vous aurez donc dans votre inventaire un arsenal de mort tout aussi efficace que la qualité de ses animations. Encore une fois, celles-ci sont très agréables pour tout amateur d'explosions. La subtilité étant que si vous perdez une vie au cours de la mission en ayant équipé une arme que vous ne possédiez pas jusqu'alors, vous la perdrez pour toujours à moins de recommencer la mission ou d'en ramasser un autre exemplaire au cours d'une suivante. Le principe est intéressant mais dans les faits pas très convaincant puisque la première fois que vous ramassez une arme que vous ne connaissiez pas, une horde d'ennemis apparaît et vous avez en gros une chance sur deux de vous en sortir. Ceci poussera alors le joueur à ramasser ces objets une fois la mission presque achevée histoire d'être certain de pouvoir la conserver à la partie suivante. Dommage.
Vous progressez dans les missions en suivant des objectifs qui consistent généralement à anéantir des bâtiments stratégiques. Chaque mission consiste à trouver des cartes d'accès pour débloquer des portes qui mènent à des portails gardés par moult adversaires dont la destruction vous laisse le champ libre afin d'actionner un téléporteur ou un ascenseur permettant d'accéder à une nouvelle salle. Pas très inventif, le level design va en réalité consister à revenir sans cesse sur ses pas après avoir vidé la carte de ses nombreux obstacles. De fait, le joueur en quête d'action va souvent se retrouver perdu en faisant ces allers-retours incessants, la faute à une carte très peu lisible et à une visibilité à des années-lumière de ce qu'on est en droit d'attendre dans ce genre de shoot'em up. En effet, la vue aérienne n'offre aucune possibilité d'orienter légèrement la caméra sur l'axe horizontal. Résultat, on ne voit qu'au dernier moment les obstacles sur notre chemin à moins de jeter un coup d'oeil à la mini-carte qui a la bonne idée d'indiquer assez précisément où sont situés les ennemis. Au final, on ne sait pas où l'on va, où l'on tire, mais on sait qu'on touche des adversaires en dehors de l'écran. Logique imparable quand tu nous tiens. Mais ce problème de vue n'est pas encore trop handicapant dans les zones ouvertes. Les environnements clos et semi-urbains ont de nombreux plafonds, poutres, tuyaux qui obscurcissent la vue et le joueur devient aveugle dans ces endroits la moitié du temps. Encore une fois, la logique de la vue va totalement à contresens de ce qu'on est en droit d'attendre d'un shoot'em up : il suffit de jeter un oeil aux images du jeu de Jamestown (sorti la même année) pour comprendre le principe. Il faut pouvoir voir quelque chose pour ne pas se retrouver à appuyer bêtement sur les boutons de tir dans l'espoir de toucher quelqu'un en dehors de l'écran. De même, contrairement à son camarade sorti la même année, Steel Storm : Burning Retribution est d'un mou déconcertant. Les tanks ennemis essayent à peine d'éviter vos tirs et le level design en couloir ne vous permet pas tellement de les manquer. En fait, les véritables adversaires, ceux qui sont les plus retors (boss mis à part), sont les différentes tourelles postées à des coins plus ou moins stratégiques qui seront plus difficiles à toucher et faisant sans doute plus de dégâts. Un comble vraiment.
L'équipe de développement de Kot in Action Creative Artel a cru bon de proposer au sein du jeu une histoire typée science-fiction, vaguement série Z, servant de fil rouge entre les différents niveaux. Les phases successives du scénario sont expliquées lors du briefing de chaque mission mais leur intérêt est tellement vague qu'on se contente tout juste de lire les objectifs qui eux aussi sont sans intérêt. Tout ceci est véritablement révélateur du mal-être du jeu. En effet, si le côté technique-arcade est relativement intéressant, l'aspect artistique est faux et forcé. Dans ces conditions, on se demande pourquoi le système de scoring n'a pas été plus mis en avant et pourquoi le level design n'est pas plus ouvert. Malgré des qualités de gameplay indiscutables, Steel Storm : Burning Retribution n'arrive pas à convaincre qu'il peut être un bon jeu de shoot. Sur le papier, il est véritablement intéressant, proposant même un éditeur de niveaux pour ceux qui n'accrocheraient pas aux campagnes déjà présentes. Mais sa mollesse et tous ses éléments de design n'arrivent pas à convaincre. Le titre donne terriblement l'impression que tout a été pensé à l'envers.
Points forts
- Plutôt joli
- Assez fluide et maniable
- Bonne rejouabilité entre les campagnes et l'éditeur de niveaux
Points faibles
- Gameplay trop mou
- Cell shading abusif qui cache le manque de textures
- Scénario totalement abscons et objectifs peu clairs
Comme dit plus haut, Steel Storm : Burning Retribution souffle le chaud et le froid. Pensé comme un shoot’em up d’arcade orienté scoring, il a toutes les qualités nécessaires pour faire un bon jeu. Malheureusement, on a vite l’impression que tout est fait à l’envers : un gameplay mou, une visibilité douteuse et une difficulté mal gérée. Tous ces éléments contribuent à rendre ce titre vite lassant malgré de belles promesses.