S'il y a bien une console qui demeure encensée bien des années après sa prématurée disparition, c'est la Dreamcast de Sega. Restée dans l'imaginaire collectif des gamers comme une machine fournisseuse de jeux exceptionnels comme Shenmue ou Ikaruga, nous avons aussi légèrement tendance à oublier quelques épisodes moins glorieux. En effet, il est aujourd'hui grand temps de rétablir au grand jour une vérité oubliée de tous : la Dreamcast a aussi accueilli des jeux terriblement mauvais. Aqua GT est l'un d'entre eux.
Il faut bien reconnaître que nos chères consoles de salon ne brillent pas par la quantité de simulations aquatiques qu'elles mettent à notre disposition. Parmi ce bien maigre lot, seulement Wave Race 64, une simulation de Jet-Ski avait à l'époque réussi à tirer son épingle du jeu grâce à une très bonne jouabilité et une excellente bande-son. Si la Nintendo 64 a réussi à proposer une superbe expérience en 1997, la Dreamcast nous sort en 2001 l'extrême inverse dans un jeu à la maniabilité catastrophique et à la bande-son quasi inexistante.
Aqua GT propose trois modes de jeu : Arcade, Course et Multijoueur. Le mode Course propose plusieurs circuits en commençant par la ligue bronze et permet d'accéder aux ligues argent et or si vous arrivez à atteindre la première place d'une série de plusieurs courses. Le mode Arcade, quant à lui, permet de choisir directement une course préalablement débloquée en ajustant à votre guise le moment de la journée (nuit et jour) et la marée (basse ou haute). Enfin, le mode multijoueur permet d'affronter un unique ami en écran splitté. Très classique dans l'agencement de son contenu, le jeu pourrait même convaincre sur le papier tant ce qu'il propose est ni plus ni moins ce qu'on en attend. Néanmoins, dès lors que nous avons le pad en mains, on se rend immédiatement compte de l'étendu du désastre : aliasing permanent, clipping hallucinant, maniabilité horripilante, sensation de vitesse inexistante : tout est là pour dégoûter le joueur dès la première minute de jeu. Même en regardant uniquement les courses sans considération graphique aucune, Aqua GT n'arrive pas la moindre minute à procurer une once de plaisir. La faute à des cartes illogiques imposant des virages toutes les 15 secondes totalement impossibles à prévoir à cause du clipping permanent qui empêche de voir à plus de 2 mètres (et est-il utile de préciser que le jeu ne propose pas de mini-map ?).
Les cartes justement, parlons-en. Si le jeu propose une quarantaine de circuits, on réalise très vite l'entourloupe en voyant revenir avec dépit les mêmes courses à plusieurs reprises (parfois trois fois dans la même ligue !) avec un pauvre effet de nuit ou de marée basse (ou haute) pour faire passer l'illusion. Certes, Aqua GT nous fait voyager avec des courses au Royaume-Uni, au Japon, aux Etats-Unis, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Italie mais mettre un fond immobile proposant des images de Tour Eiffel ou de Statue de la Liberté aux proportions risibles par rapport à celles des bateaux n'a jamais convaincu personne. Néanmoins, les pauvres fous que nous sommes auraient peut-être pu s'amuser avec cet Aqua GT s'il était raisonnablement facile. Mais même pas. L'intelligence artificielle ne semble pas jouer au même jeu que nous et esquive tous les virages avec une aisance déconcertante alors qu'il est inconcevable pour le joueur de ne pas freiner de façon abrupte pour éviter de se prendre le premier mur venu. Et quand bien même tous nos efforts d'évitement auraient échoué et que ledit mur serait venu percuter notre bateau (ou l'inverse), le ralentissement imposé par un tel choc est tellement violent que quasiment tous les adversaires vous passeront devant l'air de rien, et ce même si vous avez passé la dernière minute à tenter de les distancer. Rageant !
Totalement biaisée à cause de sa difficulté, la durée de vie se trouve également décuplée par le fait qu'il est impossible de finir une ligue si le joueur n'arrive pas premier au classement (ce qui n'est franchement pas une sinécure avec une telle jouabilité). La bande-son n'aide en rien à faire passer la pilule. Quand elles n'oublient tout simplement pas de se lancer, les musiques, au nombre hallucinant de 2 (sans compter l'écran titre) consistent en des boucles de musiques électro insipides et indigestes. Les bruitages des engins quant à eux auraient sûrement été très bien adaptés pour une simulation de tondeuses à gazon mais font clairement tache dans cet Aqua GT qui, décidément, n'a pas grand-chose pour lui.
- Graphismes6/20
Horriblement laid et buggé jusqu'à la moelle, cet Aqua GT est indigne de tourner sur la Dreamcast qui a prouvé sa capacité à accueillir tellement mieux lors de sa courte existence.
- Jouabilité5/20
Petit quiz, que donnent des virages dans tous les coins additionnés à une maniabilité épouvantable saupoudrée d'une intelligence artificielle qui ne semble pas subir les mêmes contraintes que le joueur et qui vous dépassera au moindre ralentissement ? Oui, une horreur était le bon résultat.
- Durée de vie10/20
Quatre ligues et une quarantaine de courses se ressemblant quasiment toutes. Les plus indulgents y trouveront peut-être leur compte mais les non masochistes n'iront même pas jusqu'à finir le titre ou retenter les courses dans le mode Arcade tant cela n'a aucun intérêt.
- Bande son3/20
Le jeu ne propose que trois musiques électro insipides en plus d'être atrocement soporifiques. De plus, le bruitage des engins est absolument ridicule.
- Scénario/
La formulation peut paraître abrupte mais Aqua GT est une honte pour la Sega Dreamcast. Moche, injouable et à la bande-son pathétique, le jeu ne brille à aucun moment. Même les joueurs les plus acharnés ou les moins exigeants peineront à trouver dans ce titre un quelconque intérêt et préféreront retourner sur Wave Race 64 qui, bien que sorti 4 ans plus tôt, procure des sensations autrement plus amusantes. Alors un conseil, si vous possédez encore une Dreamcast, évitez ce jeu à tout prix.