Moorhuhn est surtout connu pour être la mascotte de jeux de scoring à bas prix où le but est d'exterminer un maximum de poulets. Mais à ses heures perdues, il s'est également essayé au karting sur PC, un genre représenté au mieux par des clones sympathiques de Mario Kart, au pire par des médiocres productions bâclées et buggées. Proposé à sa sortie pour une poignée d'euros, Moorhuhn Kart 2 arrive-t-il à se démarquer suffisamment de ses congénères ?
Le contenu de Moorhuhn Kart 2 en dit long sur sa durée de vie, puisqu'il ne comporte que 8 circuits et 7 personnages. Il n'aurait d'ailleurs pu y en avoir qu'un seul, les performances de tous les protagonistes étant strictement identiques. De plus, seuls deux modes de jeu solo sont disponibles. Le mode Championnat pourrait difficilement être plus linéaire : finissez le premier set de quatre circuits en 50cc en tête pour débloquer le deuxième set, qui débloquera à son tour les quatre premiers circuits en 100cc, et ainsi de suite jusqu'aux 150cc. Quant au Contre-la-montre, il vous permet d'inscrire vos meilleurs temps face à des fantômes complètement à la ramasse, qui vont même jusqu'à se prendre les murs ou à tomber dans des précipices ! Un mode deux joueurs local est également de la partie, avec comme seule option la possibilité de jouer en présence ou non de l'ordinateur. Mais attention, dans Moorhuhn Kart 2, le multijoueur c'est en écran splitté et sur le même clavier. Et c'est là tout ce que le jeu a à offrir.
En se focalisant sur l'architecture des circuits, on sentira rapidement que certains sont trop grands, et qu'ils manquent tous d'interactions. Passer deux minutes à faire un seul tour est beaucoup trop long, et ce ne sont pas les décors inertes de Moorhuhn Kart 2 qui arrangeront les choses. Les tracés, constitués d'une succession aléatoire de virages parfois beaucoup trop serrés, abritent une intelligence artificielle à la fois stupide et dopée. Reléguée des kilomètres à l'arrière en 50cc, elle trichera honteusement en triplant sa vitesse pour vous rattraper dans les cylindrées supérieures. Si elle a le malheur de croiser une caisse sur sa route, elle balancera son item sans réfléchir. Sachant que les missiles autoguidés lancés par le personnage en tête se retournent contre lui, le suicide devient monnaie courante chez vos adversaires. Ne comptez donc ni sur les pistes parfois tordues au point de vous faire constamment raser les murs, ni sur les adversaires transparents et tricheurs pour vous tenir éveillé dans ce jeu.
En revanche, la maniabilité vous donnera beaucoup de fil à retordre. Ce qui saute aux yeux, c'est que Moorhuhn Kart 2 est incroyablement rapide. A titre d'exemple, le 50cc est aussi rapide que le 150cc d'un Mario Kart ! Et une vitesse élevée associée à des karts qui tournent dix fois trop vite se transforme rapidement en une expérience infernale. Vous ne devez que tapoter les touches de direction, puisque les maintenir appuyées plus d'une demi-seconde vous assurent de terminer dans un mur. Etant donné qu'on fait déjà des demi-tours sans le vouloir, il n'y a heureusement aucun système de dérapage : vous vous contentez d'avancer, de tourner, et de balancer vos items. A ces contrôles simplistes s'ajoute une dernière touche qui vous replace à la demande au milieu de la piste. Elle résulte d'un autre problème de Moorhuhn Kart 2 : ses collisions. Si vous resterez quelques fois empêtré dans un morceau de décor sans pouvoir en sortir, vous aurez par contre souvent le malheur de toucher un kart adverse, ce qui est une erreur fatale. Alors qu'il vous foncera dedans comme si vous n'étiez pas là, vous devrez attendre qu'il veuille bien vous lâcher comme un cadavre sur le bord de la route pour repartir.
Pour ce qui est de la réalisation graphique, elle est loin d'être brillante pour un jeu sorti en 2004. Le jeu souffre du syndrome constituant à trouver des textures fines aux côtés d'aplats de vomi qui s'étendent sur des kilomètres. Les circuits plutôt vides sont parsemés d'objets clonés, formant des environnements déjà vus mille fois, qui ont tout de même le mérite de rester cohérents. Il serait toutefois injuste de dire que le jeu est laid : certains modèles 3D sont réussis, les animations des personnages également. Les bruitages sont quant à eux assez impersonnels, et les mêmes cris se déclenchent indépendamment du personnage choisi lorsqu'un item est lancé. Les musiques, elles, sont sympathiques et assez dynamiques, mais restent tout aussi classiques que les environnements sans originalité qu'elles illustrent. Manquant de profondeur, doté d'une maniabilité douloureuse constituant presque un challenge en soi, mais surtout beaucoup trop générique ; Moorhuhn Kart 2 ne garde la tête hors de l'eau que grâce à sa réalisation passable alliée à son très petit prix de vente.
- Graphismes9/20
Le jeu est plombé par des environnements trop vides, des textures parfois immondes et des tracés quelconques, malgré quelques passages agréables à parcourir et des animations plutôt réussies.
- Jouabilité7/20
Les karts sont tellement ardus à prendre en main que leur maniabilité constitue le vrai challenge du jeu. Autrement, les contrôles sont pauvres, on ne peut ni sauter ni déraper, les items manquent d'originalité et l'IA n'est pas à la hauteur. Quelques bugs de collision sont également à déplorer.
- Durée de vie7/20
Trop peu de contenu et de circuits, ainsi que des personnages interchangeables : le jeu manque définitivement de profondeur et de rejouabilité. Cependant, à cause de la vitesse des karts et de l'IA qui triche allègrement, terminer les circuits en tête ne sera pas facile. Le multijoueur est trop peu consistant.
- Bande son12/20
Les bruitages se font oublier et les musiques, bien que très classiques, sont entraînantes et, au final, sympathiques à écouter.
- Scénario/
Moorhuhn Kart 2 n'est pas un naufrage total, mais reste beaucoup trop imparfait pour mériter la moyenne. On sent malgré tout, ici et là, quelques efforts imperceptibles de la part des développeurs pour rendre leur jeu potable. Son prix de vente, loin d'être scandaleux, le rend plus recommandable que beaucoup de jeux de kart bas de gamme, sans pour autant lui permettre une seule seconde d'entrer dans la cour de ses illustres modèles.