On le sait, désormais, la mode est aux free-to-play. Devant le succès colossal de titres tels que World of Tanks ou les impressionnants rebonds de certains MMO ayant finalement adopté ce modèle économique, on se doute que les développeurs envisagent de plus en plus facilement la possibilité de rendre leur bébé accessible gratuitement dès le début. C'est dans cette optique qu'est né Hawken, un jeu de méchas bien arcade dont on aurait pu craindre qu'il se heurte directement à un certain MechWarrior Online. Sauf que dans les faits, les deux titres ne jouent pas du tout dans la même catégorie.
Pourquoi ? Oui, pourquoi avons-nous décidé de vous parler d'un titre qui se trouve actuellement en phase de bêta ouverte dans le cadre bien formaté d'un test ? Eh bien tout simplement parce que les titres qui s'ouvrent au public par le biais de bêtas mais qui offrent néanmoins tout un tas d'options payantes parfaitement fonctionnelles et finalisées se multiplient de plus en plus. Et à partir du moment où un jeu vous propose d'investir vos précieux deniers dans un boost d'expérience ou dans une nouvelle arme, on se dit qu'il serait peut-être bon de voir de quoi il retourne et de vous en parler. Certes, le fait d'en passer par un article/test n'est peut-être pas très judicieux, mais en attendant de développer de meilleurs moyens de traiter de ce genre de titres sur jeuxvideo.com, nous devons tous nous en contenter, vous lecteurs comme nous rédacteurs. Ainsi donc, dans les lignes qui suivent, vous apprendrez tout ce qu'Hawken propose à l'heure actuelle ainsi que certaines de ses potentialités, mais vous devrez garder à l'esprit que le titre sera bien évidemment amené à évoluer. Ceci étant clair, hop, ne perdons pas plus de temps et plongeons dans la tourmente.
A l'heure actuelle, Hawken ne propose pas de background digne de ce nom. Tout juste vous faut-il savoir que deux factions de gentils bellicistes ont décidé de se mettre sur la tronche à coups de boîtes de conserve géantes dans un futur plus ou moins lointain. Partant de là, le soft adopte une approche tout à fait distincte de celle de MechWarrior Online. Car si les deux titres se jouent en vue à la première personne, Hawken fait le choix de proposer une expérience résolument arcade, plus nerveuse, et plus proche de certains FPS classiques que d'un MechWarrior dans lequel l'attentisme, l'approche et le positionnement sont prépondérants. En termes de gameplay, cela se traduit par le fait que le torse et les jambes des machines de Hawken sont solidaires. Impossible donc de contrôler les deux indépendamment. Par ailleurs, le deuxième élément à connaître, c'est que le jeu d'Adhesive ne tient pas compte de la localisation des dégâts. Voilà, c'est dit.
Gageons que ces choix feront vomir une partie des amateurs de jeux de méchas, mais ces derniers auraient sans doute tort de ne pas laisser sa chance à Hawken qui dispose de pas mal d'arguments. Le titre est en effet loin d'être basique et son gameplay s'avère bien plus subtil qu'il n'y paraît au premier abord. Cela tient tout d'abord à des contrôles intuitifs et un excellent feeling de pilotage. A chaque pas, on sent la lourdeur et la puissance de la machine. Cette inertie varie d'ailleurs d'un type de mécha à l'autre, de sorte qu'on n'aborde pas le pilotage d'un mech lourd comme celui d'un éclaireur. Par ailleurs, le joueur doit très rapidement apprendre à maîtriser les fusées dorsales, permettant de s'élever dans les airs pendant quelques secondes tout en gardant à l'esprit que lesdites fusées perdent en efficacité à mesure que l'on s'éloigne du sol. Cette précision sur la poussée peut paraître inutile, sauf que dans les faits, survoler une surface inclinée conférera plus de puissance et d'amplitude à la manœuvre. Vous voyez, Hawken se montre déjà un peu plus fin qu'il n'y paraît.
Dans le même ordre d'idées, on devra gérer intelligemment la possibilité de faire des dashs en avant ou latéraux, le tout reposant sur une jauge de fuel qui se remplit automatiquement dès lors qu'on ne la sollicite plus. Il faudra également prendre garde à la surchauffe éventuelle des armes, apprendre à gérer leur vélocité et leur fonctionnement spécifique (selon le cas, on sera doté de roquettes dont on pourra déclencher l'explosion quand on voudra ou de missiles vaguement traqueurs), connaître les équipements spéciaux tels que les mines ou les tourelles et enfin savoir quand se planquer dans un coin de la map pour sortir son drone de réparation. On se reposera également beaucoup sur le radar affiché dans le coin supérieur droit de l'écran pour la simple et bonne raison que les très jolis graphismes du soft sont volontairement encombrés, granuleux, parcourus de jets de vapeur, de fumée et poussière. Il faut l'avouer, de prime abord Hawken semble franchement manquer de lisibilité, mais le fait est que les décors post-apo offrent une sacrée ambiance et contribuent largement à l'immersion. Et quand en plus, on se rend compte que seuls les ennemis qui font feu ou sont repérés par des potes apparaissent sur le radar, on comprend l'utilité du radar et la nécessité de faire du repérage pour les copains lorsqu'on pilote un mech léger. Bref, Hawken s'avère bien plus intelligent qu'il n'y paraît et permet de donner corps à des bastons nerveuses et viscérales.
Cette richesse, on la doit également à la manière relativement correcte dont sont gérés les augmentations et le déblocage de nouvelles compétences et technologies. Comme dans tout free-to-play qui se respecte, il existe en effet deux méthodes pour débloquer de nouveaux mechs, de nouvelles armes et de nouveaux équipements comme les fameuses tourelles, les grenades et autres mines : soit vous mettez la main au portefeuille et achetez de la monnaie virtuelle, soit vous engrangez assez de points d'expérience en jouant pour débloquer ce qui vous intéresse. Quelle que soit votre optique, sachez que tous les éléments du jeu seront accessibles à un moment ou à un autre pour peu que vous ayez suffisamment de points d'expérience. Sachez en outre que la plupart des améliorations dépendent du niveau de votre mécha et que même si vous êtes riche, vous ne pourrez pas vous servir de la méga mitrailleuse qui tue à moins d'avoir atteint le niveau correspondant. Cette optique garantit ainsi un certain équilibre, et c'est tant mieux. En outre, gagner des niveaux vous permettra d'obtenir des points de compétence à investir dans trois arbres distincts, communs à tout le monde et que tout le monde débloquera à la loyale.
Par ailleurs et à titre d'information, sachez que les tarifs pratiqués par Adhesive ne sont pas exorbitants. Concrètement, débloquer les tourelles pouvant être déployées ou un autre accessoire du genre vous coûtera 3.845 points d'expérience (soit quelques heures de jeu pour un type pas doué comme moi) ou 432 crédits Meteor, alors que pour 10 euros, vous obtiendrez 1.872 de ces derniers. Ainsi, pour débloquer un nouveau modèle de mécha (par ailleurs répartis dans les classiques catégories Légers, Moyens et Lourds), ce sera 6.410 points d'expérience, ou 720 points Meteor, soit 3,84 euros environ. Mais de toute façon, si le jeu vous plaît, vous devriez pouvoir vous faire plaisir sans même débourser un sou.
Hélas, il faut évidemment des trucs moins cool pour contrebalancer notre enthousiasme. Cela dit, la plupart des reproches qui vont suivre sont probablement imputables au fait que le titre est encore en phase de bêta. En premier lieu, sachez qu'à l'heure actuelle, le jeu ne propose que très peu de contenu, avec seulement quatre cartes dont deux trop étriquées, et seulement quatre modes de jeu ultra classiques : Deathmatch, Team Deathmatch, Missile Assault et Siege, ces deux derniers étant en fait des variantes sympathiques du mode Domination si cher à tous les FPS de la terre. L'autre gros problème d'Hawken vient de son matchmaking pourri, qui aime à vous placer dans des parties totalement déséquilibrées, d'autant qu'au sein d'un match en équipe, il n'y a pour l'instant pas le moindre système d'assignation automatique. Rien qui ne puisse être rapidement corrigé cependant, ce qui nous fait dire qu'Hawken devrait très probablement connaître un avenir heureux. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
- Graphismes17/20
Hawken affiche déjà une fort jolie plastique, même s'il est possible que le grain de l'image et la surenchère d'effets de particules énervent les partisans de la lisibilité parfaite. Hawken choisit en effet d'offrir des champs de batailles cradingues nécessitant le recours permanent au radar. En outre, si le jeu est graphiquement très réussi, on lui reprochera le classicisime de ses modèles et l'absence totale d'interactions avec le décor. Oui, on aime bien ça chipoter nous.
- Jouabilité15/20
Shooter arcade par essence, Hawken ne cède pas à la sournoise tentation de la simplicité outrancière. Son gameplay se révèle en effet bien plus subtil qu'il n'y paraît au premier abord. Reposant sur un dosage millimétré des déplacements, la nécessité permanente d'anticiper les mouvements adverses et la gestion basique mais efficace des lignes de vue et du radar, Hawken devrait parvenir à convaincre les joueurs effrayés par la complexité d'un MechWarrior Online et lassés par le bourrinisme primaire de la plupart des FPS grand public. En revanche, si le gameplay est équilibré, on ne peut pas en dire autant du système de matchmaking à l'heure où nous écrivons ces lignes.
- Durée de vie12/20
Pour être totalement honnête avec vous, coller une note de durée de vie à une bêta revient à essayer de lire l'avenir dans les entrailles d'un bichon maltais unijambiste. C'est d'ailleurs tout aussi vain. Aussi nous contenterons-nous de dire que pour l'heure, le jeu se révèle plutôt chiche en matière de contenu, avec seulement quatre cartes, autant de modes et huit petits modèles de mechs de rien du tout.
- Bande son14/20
Hawken fait manifestement le choix d'une certaine sobriété sonore, ce qui n'est pas déplaisant. Avec une musique seulement liée aux menus et des bruitages tout à fait corrects, vaguement étouffés par l'épaisseur de votre blindage, le titre fait le travail et nous plonge sans trop de problème dans le trip.
- Scénario/
Un petit 14 d'encouragement qui témoigne de notre envie de voir ce chouette free-to-play de méchas trouver son public. A mi-chemin entre la complexité d'un MechWarrior Online et le bourrinisme primaire des nombreux FPS du marché, Hawken déploie un gameplay très rafraîchissant, plutôt nerveux et bien plus intelligent qu'il n'y paraît. Le soft, actuellement en bêta, affiche en outre un impressionnant degré de finition, une plastique très engageante et un système de micropaiements qui pour l'instant, ne nuit aucunement à l'équilibre des parties. Si le titre évite de se tirer dans le pied en proposant des boosts cheatés aux joueurs payants, étoffe son contenu et arrange son système de matchmaking, alors on pourrait bien se retrouver avec l'un des free-to-play les plus sympas du Net. A surveiller de près !