Dès les premiers trailers, A Game of Dwarves vendait un univers loufoque où les Nains (dans le sens heroïc fantasy du terme) tiennent le rôle de héros. Malheureusement, il s'agit de l'un de ses uniques points forts.
Dans A Game of Dwarves, vous incarnez tant bien que mal le Prince des Nains. Un titre ronflant pour un personnage qui n'a pourtant rien de classieux. Pour résumer, vous êtes un pleutre, un fainéant qui ne fait que roupiller à longueur de journée au grand dam de papa. Ce dernier en ayant marre de ramasser vos caleçons sales, il décide de vous envoyer à l'extérieur du château avec quelques ouvriers pour que vous puissiez étendre le Royaume, ce qui vous permettra de prouver votre valeur par la même occasion. Un cadre drolatique qui ne veut pas se prendre au sérieux, bref, un bon point.
Comme souvent dans les jeux de gestion, il va falloir gérer des ressources afin de faire évoluer votre base. Outre l'argent, avoir de quoi manger est forcément prioritaire et vous devez veiller à ce que vos travailleurs aient toujours de quoi cultiver. Car bien que toute l'action se passe sous terre, vous trouvez souvent des zones fertiles que vous pouvez exploiter via des pierres magiques. Mais une grande partie de votre activité consiste à creuser les murs pour en extraire certains matériaux, découvrir de nouvelles salles ou tout simplement faire de la place. C'est là que vos mineurs rentrent généralement en jeu. Trouver de la pierre, du fer, ou autre matériau de construction a son importance puisque certaines créations sont impossibles sans des ingrédients bien précis. Et voilà qu'entre en scène le premier gros défaut de A Game of Dwarves, rédhibitoire pour un jeu de gestion : Il vous est possible d'échanger n'importe quelle ressource contre de l'argent et vice versa. Vous ne voyez pas le problème ? C'est sans doute parce que vous ne savez pas encore que le bois peut être fabriqué à l'infini très facilement, en faisant pousser des petits arbustes sur les terres fertiles. Ainsi, il vous est tout à fait possible de cultiver du bois pour en faire de l'argent et ensuite acheter le matériau de votre choix. Certes, ça peut potentiellement être long, mais franchement, pourquoi se compliquer la tâche ?
Si le problème des finances est rapidement géré, il n'en sera pas de même concernant la tendance à la fainéantise des nains. C'est simple, ils ne savent que dormir et manger. Ainsi, il n'est pas rare de les voir s'arrêter en plein milieu d'une tâche pour aller piquer un roupillon. C'est déjà potentiellement rageant, mais ça l'est encore plus quand on voit à quelle vitesse ils se traînent. Même en essayant de placer des lits et tables à différents endroits, il n'est pas rare de perdre deux bonnes minutes juste pour voir un nain faire une simple tâche. Le concept aurait pourtant pu être sympa s'il avait été bien exploité, mais là, c'est juste contraignant, lourd et stupide. L'autre problème constant tient en l'impossibilité de déplacer nous-mêmes les unités, autre que via une téléportation dont chaque utilisation provoque un cooldown. A la limite, si les nains étaient malins, ça aurait pu fonctionner, mais ces derniers sont malheureusement bêtes comme des pieds. La preuve avec les guerriers, censés protéger les autres travailleurs inoffensifs des assauts de bestioles diverses mais qui laissent souvent passer des gobelins juste devant eux comme si de rien était. Dur de trouver du plaisir dans les combats avec ça...
Mais le pire dans tout ce binz, c'est qu'on n'a même pas évoqué le plus gros souci de A Game of Dwarves : son manque d'ergonomie. Tout d'abord, l'idée de creuser dans toutes les directions en 3D avait beau être alléchante, le résultat est complètement raté. On n'a aucune perception des profondeurs, on ne sait pas à quel niveau on est et on arrive à se perdre même dans sa propre base, et ceci malgré la possibilité de tourner la caméra. Histoire d'enfoncer le clou, l'interface est du même acabit, surtout lorsque l'on veut construire quelque chose, au point de ne plus pouvoir faire la différence entre menu et sous-menu. Que d'erreurs plus que dommageables, car le caractère évolutif de nos nains (notamment grâce aux chercheurs qui débloquent des compétences) et de la base ou encore l'univers original avaient de quoi aider à passer outre une réalisation digne d'un autre temps, notamment du côté des graphismes. Malheureusement, A Game of Dwarves possède beaucoup trop de défauts, auxquels il faut ajouter une campagne bien trop répétitive (il faut souvent trouver une salle au trésor) et un soi-disant mode libre totalement inintéressant.
- Graphismes7/20
Certains jeux ont beau être cubiques, ils parviennent à être jolis. A Game of Dwarves est à mille lieues de cela et semble tout droit sorti de la fin des années 90. C'est laid, plat et répétitif.
- Jouabilité7/20
Rares sont les jeux du genre à manquer autant de précision et d'ergonomie. On passe plus de temps à se battre avec la caméra et l'interface qu'à jouer à un jeu de gestion. De plus, un certain manque d'équilibre et des bugs fréquents (nain qui reste coincé dans le vide par exemple) viendront finir le travail. Dommage, car le concept semblait accrocheur.
- Durée de vie12/20
Non seulement la campagne n'est pas si longue que ça, mais le mode libre manque de... liberté. Pour le reste, la redondance en fatiguera plus d'un.
- Bande son10/20
Là aussi, c'est pauvre. Les quelques doublages se contentent de balbutier trois pauvres mots par-ci par-là, mais ça se répète de trop.
- Scénario9/20
L'humour étant plutôt inefficace, de nombreuses blagues tombent à plat. Du coup, on a finalement du mal à s'intéresser à l'univers.
A Game of Dwarves est l'exemple typique du jeu sympa sur le papier, mais pénible dans la pratique. Sa caméra, son ergonomie, son manque d'équilibre et ses nombreux bugs gâchent tout le plaisir et la redondance de son gameplay finit de nous achever.