Arrivé par surprise sur l'App Store le 18 Octobre 2012 seulement deux semaines après son annonce, Sonic Jump a été vite rangé dans la catégorie des Doodle Jump like par ceux qui ont oublié que les jeux mobile existaient avant l'arrivée de l'iPhone, le titre étant en effet le remake du Sonic Jump de 2005 sorti sur les téléphones japonais. Si le choix des développeurs de ne pas se tourner vers le populaire genre du « running game » a de quoi surprendre après l'adaptation réussie d'une autre grande star de la plate-forme 2D, Rayman, Sonic Jump dispose néanmoins d'ajouts non négligeables qui font du jeu un mélange assez osé entre tradition et modernité.
Ce qui frappe en premier quand on lance le jeu, c'est le soin apporté aux graphismes simples et colorés au premier plan avec du cel shading savamment dosé mais des arrière-plans bien plus travaillés qui confèrent à chacun des environnements une identité propre grâce à l'aide de musiques bien distinctes. Ainsi la fameuse Green Hill Zone qui est le premier décor de quasiment tous les Sonic vous semblera beaucoup plus accueillante que la terre enneigée ou la jungle pluvieuse qui suivront, dont les thèmes sont plus rythmés et agressifs que mélodieux. Les animations ont visiblement également reçu une attention toute particulière puisqu'elles sont détaillées et visuellement riches tout en gardant leur look simpliste pour coller à l'univers graphique du titre. Certes on est encore loin du rendu de Rayman Jungle Run qui est proche de ce que l'on voit sur consoles mais cela suffit pour que Sonic Jump se classe au-dessus de la majorité des titres aux univers cartoons de l'App Store. Signalons enfin que d'anecdotiques mais magnifiques planches de bande dessinée racontent la sempiternelle histoire de Sonic, cela fait de jolis artworks mais ils sont malheureusement beaucoup trop rares.
Voilà qui est bien beau mais qu'en est-il du gameplay du titre ? Sonic Jump s'articule autour de deux modes de jeu : histoire et arcade. Les deux se jouent de la même façon : le hérisson rebondit automatiquement de plates-formes en plates-formes dans des niveaux à scrolling vertical et le joueur penche son téléphone pour le diriger, le but étant simplement d'éviter de tomber en bas de l'écran ou de mourir. Contrairement à un Doodle Jump dans lequel le seul danger est la sortie d'écran, Sonic Jump n'oublie pas de faire honneur à son nom en récupérant bon nombre de mécaniques de la série. Par exemple, dans son ascension, Sonic peut collecter des anneaux mais il les perdra tous en touchant un ennemi ou des piques, le second contact étant alors synonyme de mort. A propos des adversaires justement, ceux-ci sont en grande majorité connus des amateurs de la licence puisque l'on retrouvera crabes et guêpes entre autres robots dans la Green Hill Zone pour ne citer qu'elle. Pour s'en défaire, Sonic doit les toucher par le dessous (en boule donc) mais cela n'est pas si aisé car rappelez-vous que vous ne maîtrisez pas les bonds de l'animal à l'exception du double saut en touchant l'écran ce qui devient rapidement indispensable pour progresser plus stratégiquement.
Revenons donc aux modes de jeux : le mode arcade est quasiment identique à un Doodle Jump dans lequel on monte à l'infini et c'est donc logiquement le mode histoire qui est le plus intéressant du titre. Il se découpe en 36 niveaux (« actes ») distincts répartis en 3 mondes et dans chacun on retrouve les désormais classiques plates-formes friables ou mouvantes, des ennemis par-ci, par-là, mais également des coffres-forts permettant de stocker vos anneaux récoltés ou encore quelques power-up basiques tels que le bouclier ou l'aimant. Si les niveaux de la première zone sont assez simples et vous feraient presque regretter votre achat, le jeu se révèle nettement plus intéressant au douzième niveau. En effet c'est dans celui-ci que vous rencontrerez pour la première fois l'infâme Docteur Robotnik et si l'on a du mal à se figurer comment affronter un boss dans un jeu à scrolling vertical quasi-permanent, cela est assez bien rendu dans Sonic Jump puisqu'il s'agit d'une course frénétique pour ne pas se faire toucher avant de porter au moment opportun un coup au méchant pour l'affaiblir. Suite à ce premier duel, le titre gagne nettement en intensité et complexité avec l'introduction de nouveaux éléments offrant de larges possibilités de level design. Ainsi ventilateurs, plates-formes disparaissant à intervalles réguliers et autres rochers qui tombent du ciel seront autant de dangers qui vous guetteront et donneront un peu de challenge au joueur.
Des challenges il y en a d'ailleurs un paquet pour les joueurs motivés pour terminer le jeu à 100% car en plus des notes dépendant de votre rapidité à finir un niveau, Sonic Jump pioche ses inspirations dans d'autres gros succès de l'App Store. Impossible par exemple de ne pas penser à Andry Birds quand on évoque trois étoiles rouges difficiles d'accès à récupérer dans chaque niveau. Jetpack Joyride semble aussi avoir été invité à la table du hérisson puisqu'on y retrouve un système de progression quasiment identique mais pas forcément très adapté : 3 missions sont proposées au joueur simultanément et la réussite de celle-ci octroiera au joueur des étoiles qui au bout d'un certain nombre vous permettront de passer au niveau suivant. Ce n'est d'ailleurs pas totalement vain puisque cela permet de débloquer de nouveaux personnages et objets à acheter dans la boutique fonctionnant avec vos anneaux et là encore Sonic Jump s'inspire des micro-achats devenus presque courants, vous pouvez ainsi vous acheter de la monnaie in-game en échange de vrais euros. Fort heureusement c'est assez dispensable et à moins de vouloir absolument jouer avec Tails ou Knuckles sans lever le petit doigt vous ne devriez pas mettre la main au porte-monnaie. En fait 1,79 € c'est juste ce qu'il faut pour vous payer le petit moment de nostalgie assaisonnée de modernité qu'offre Sonic Jump.
- Graphismes17/20
Dans l'esprit, c'est assez simple, mais force est de constater que Sonic Jump est coloré et chaleureux tout en restant très lisible pour les petits écrans d'un iPhone. Les environnements sont par ailleurs dotés de backgrounds travaillés et ont chacun leur identité, la simplicité est de mise mais on regrette surtout qu'ils ne soient qu'au nombre de trois pour le moment. Le constat s'applique également aux petites planches de bande dessinée qui sont un véritable régal visuel mais beaucoup trop rares.
- Jouabilité18/20
Sous ces faux airs de Doodle Jump à la sauce Sega, se cache en réalité un jeu se rapprochant bien plus de la plate-forme verticale. Quoi qu'il en soit les codes de Sonic sont respectés et le jeu introduit quelques éléments de gameplay intéressants accompagnés d'un level design maîtrisé tout en gardant une parfaite maniabilité. Un bémol cependant : le système de missions et de niveaux à la Jetpack Joyride qui semble un peu parachuté et qui n'a pas franchement l'effet escompté.
- Durée de vie17/20
Il vous faudra au bas mot 3 heures pour finir les 36 niveaux du mode histoire sans trop vous soucier des détails mais en ajoutant les défis de vitesse, les étoiles, les personnages à débloquer ou encore le mode arcade, Sonic Jump pourra vous occuper encore beaucoup plus de temps.
- Bande son16/20
Les thèmes musicaux sont fort rythmés et agréables à l'oreille mais ils manquent légèrement de charisme par rapport aux fameuses musiques des débuts de Sonic. Fort heureusement vous ne serez pas dépaysé par les bruitages qui sont quasiment identiques à ceux que vous connaissez depuis plus de 20 ans.
- Scénario/
C'est l'histoire d'un hérisson bleu avec des baskets rouges qui poursuit un vilain scientifique car le vilain scientifique transforme les gentils animaux en méchants robots. Vous avez dit « pas cohérent » ?
Malgré un choix de gameplay étrange et une aventure qui peine à démarrer, Sonic Jump est un titre addictif et amusant rendant hommage aux débuts de la saga tout en s'inspirant de ce qui se fait de mieux en matière de jeux smartphones. Avec une réalisation de très bonne facture et de bonnes idées exploitées dans un level design travaillé, le jeu pourrait séduire bon nombre de gamers déçus des derniers opus. Car non, malgré les apparences, Sonic est beaucoup plus un jeu de plates-formes frénétique qu'un bête jeu de vitesse et malgré le changement d'orientation, on retrouve presque nos sensations d'antan à mi-chemin entre rapidité et précision. A noter que Sega a promis de nouveaux niveaux et personnages donc vu son faible prix, vous auriez tort de passer à côté en cette fin d'année propice aux longs et ennuyeux trajets.