Lorsqu'il a fallu trouver un nom, le studio Super Awesome Hyper Dimensional Mega Team ne s'est pas laissé étouffer par la modestie. Même chose lors de la création de son premier titre. Celui-ci aurait pu s'appeler Zombie Soccer, mais non, il a fini par s'intituler Pro Zombie Soccer. Pour son deuxième jeu, le studio reste fidèle à lui-même et au lieu de pondre un soft juste magique, il se fend d'un jeu super magique ! Le moins que l'on puisse dire est que Supermagical porte bien son nom.
Reprendre une vieille formule de gameplay déjà vue des milliards de fois et pourtant réussir à développer un jeu à la fois frais et accrocheur, voilà qui tient de la magie. Ou du talent. Le fait est que Supermagical n'a dans le fond pas grand-chose de novateur : il reprend de manière presque intacte les règles établies par la série Puzzle Bobble il y a déjà près de vingt ans. Réduit à sa base, le principe de jeu est celui d'un "match 3", autrement dit vous devrez réunir au moins trois éléments de la même couleur pour les faire disparaître de l'écran. Muni d'une catapulte, vous n'avez alors qu'à viser les monstres face à vous dans le but de les éliminer par grappes de trois ou plus jusqu'à vider le tableau entièrement pour passer au suivant. Ca, c'est la base. Mais le travail de Super Awesome Hyper Dimensional Mega Team est loin de s'arrêter là puisque le studio nous offre un vrai jeu doté de mécaniques de gameplay supplémentaires et d'une personnalité bien trempée qui fait mouche.
Faites la connaissance de Nina, benjamine de huit sœurs sorcières. Si les sept aînées sont toutes maléfiques, Nina est quant à elle inoffensive, ce qui lui a valu d'être recueillie par les six mages lorsque ses sœurs ont été emprisonnées dans l'Outremonde. Extrêmement maladroite, Nina libère ses sœurs par mégarde et une armée de Minix par la même occasion. Les sages décident de s'occuper de tout, mais c'est finalement Nina qui se chargera de rétablir la paix sur le royaume en libérant un à un les sages et en renvoyant ses sœurs vers l'Outremonde. A partir de ce scénario, plutôt bateau, les développeurs de Supermagical parviennent à incorporer de multiples petites idées dans le jeu, à commencer par la possibilité de modifier la couleur du sort à envoyer sur les Minix. Généralement, dans ce type de jeu, le joueur fait avec ce qu'il a, et il doit se contenter d'envoyer les bulles ou les gemmes de couleur qu'on lui donne, dans l'ordre qu'on lui donne. Pas dans Supermagical puisqu'à tout moment, Nina peut utiliser des bonbons de couleur pour modifier le sort, ce qui ouvre bien sûr pas mal de possibilités dans le gameplay. Encore faut-il posséder suffisamment de sucreries dans son inventaire : dans le cas contraire, les multiples boutiques permettent de se renflouer en bonbons et en tout un tas d'autres objets étranges également.
La majeure partie des marchandises sert directement à la confection de potions. En réunissant les ingrédients demandés, Nina peut ainsi concocter quelques sortilèges qui lui viendront en aide tels une barrière de protection qui crame les minix s'ils approchent de trop près, ou un sort qui double automatiquement le nombre de bonbons achetés en magasin. Parmi les items à acquérir, citons aussi les familiers qui ajoutent un bonus différent en fonction de l'animal, ou encore des objets de quêtes nécessaires à la progression, par exemple des clés. Ce que nous n'avons pas encore précisé, c'est que les objets s'échangent contre des pièces récupérées sur le champ de bataille à mesure que les minix sont éliminés.
Nina évolue sur une carte du monde à la manière d'un jeu de plateau et doit vaincre chaque niveau pour accéder au suivant. Bien que plusieurs chemins se présentent parfois, la liberté de mouvement n'est que relative et la sorcière en herbe passera sur chaque case si elle veut réussir à trouver et arrêter ses sœurs. Les batailles sont de plusieurs types : certains niveaux sont tout à fait normaux et vous opposent à un groupe de minix qui avance lentement mais sûrement vers vous, tandis que d'autres sont plus accès sur la composante puzzle. Armés d'un nombre de sorts défini à l'avance, Nina doit ici réussir à éliminer les ennemis présents à l'écran en visant juste pour ne pas gâcher le moindre coup. D'autres niveaux encore encouragent la sorcière à aller vite puisque les monstres avancent plus rapidement que d'habitude. Enfin, il y a les niveaux contre les sœurs. Ici, c'est encore une histoire différente puisque ces "combats" sont plutôt de l'ordre de joutes verbales. Chaque sorcière représente en fait un péché capital (gourmandise, orgueil, paresse, etc.) et Nina tente de jouer sur les faiblesses de ses aînées pour les renvoyer pacifiquement vers l'Outremonde. Le tout consiste à trouver les bonnes répliques pour convaincre la récalcitrante de coopérer.
A chaque fois qu'une sœur est renvoyée, un mage est libéré et il rejoint alors Nina dans sa quête. Il est ainsi possible de s'entourer de deux sages sur le terrain (à choisir parmi les sages disponibles) et, vous vous en doutez, chacun offre une aide particulière à notre héroïne. Un mage pourra faire reculer l'armée de minix tandis qu'une autre est capable d'éliminer une rangée entière. Pour ajouter encore une couche au gameplay, il est aussi possible d'acheter des améliorations pour chaque sage et ainsi accroître leur puissance. Cela dit, ces améliorations ont un prix, et si elles s'achètent avec les mêmes pièces que des objets normaux, les prix exigés sont astronomiques. Pour vous donner une idée, il est possible d'amasser entre 200 et 300 pièces au sortir d'une bonne bataille. En boutique, les bonbons coûtent en moyenne 100 ou 200 pièces l'unité, les familiers sont à environ 10.000 et les améliorations de mages se chiffrent à plus de 70.000 pouvant monter jusqu'à 100.000 pièces ! En clair, prévoyez quelques dizaines d'heures devant vous pour acheter les objets les plus puissants. Même si tout n'est pas indispensable pour progresser, un minimum de patience est toutefois nécessaire avant d'obtenir assez d'argent pour débloquer les derniers niveaux. Bien sûr, il existe toujours la solution de rapidité qui consiste à acheter des pièces avec de l'argent réel. A vous de voir si le prix en vaut la chandelle. Selon nous, Supermagical est suffisamment amusant pour se permettre de prendre son temps de collecter les pièces à son rythme sans céder aux sirènes des micro-transactions. D'autant que la réalisation est splendide, notamment au niveau des musiques qui nous accompagnent tout au long de la quête. Elles sont tout simplement magiques, voire même super magiques !
- Graphismes15/20
La direction artistique de Supermagical parvient à nous charmer grâce à une riche palette de couleurs, des personnages très mignons et des décors d'une grande finesse.
- Jouabilité17/20
Loin d'être un simple clone de Puzzle Bobble, Supermagical propose de multiples idées de gameplay qui font de lui un jeu à part. Nous pensons par exemple à la présence des mages pendant la partie qui ont chacun une attaque différente capable de nous sortir du pétrin.
- Durée de vie16/20
Avec plus de 70 niveaux au compteur, le jeu est plutôt long à terminer. L'obligation de recommencer plusieurs fois les mêmes tableaux afin de récolter suffisamment d'argent pourra peut-être en déranger certains.
- Bande son17/20
Les mélodies et le mixage sont remarquables. On se laisse facilement entraîner dans cet univers magique aux sonorités, elles aussi, très colorées.
- Scénario14/20
L'histoire n'est pas spécialement passionnante, mais elle permet de justifier les différents éléments de gameplay. Les dialogues sont aussi plutôt drôles. Etrangement, certaines textes soient coupés et ne rentrent pas dans les bulles prévues pour les accueillir. Dommage.
Il ne faut pas plus de quelques minutes de jeu pour se rendre compte que Supermagical dégage une vraie personnalité. Il ne s'agit pas d'un simple clone de Puzzle Bobble pensé à l'horizontal pour se démarquer du maître. Non, il s'agit bel et bien d'une production à part entière qui propose de bâtir sur son modèle en apportant de nouvelles idées à la fois dans la progression et l'utilisation de divers bonus.