En dépit d'un manque de moyens toujours aussi flagrant, l'équipe d'Acquire continue de faire vivre la série Way of the Samurai au Japon, mais aussi dans le reste du monde, grâce notamment à NIS America qui se charge de l'édition de ce quatrième volet en Europe. Prévu à la fois en version boîte, et quelques jours plus tard en téléchargement sur le PSN, Way of The Samurai 4 n'est toutefois pas traduit en français, mais les voix originales japonaises ont heureusement été conservées. L'histoire se déroule dans la ville portuaire de Amihama, quelques années après que les bateaux noirs du commodore Perry ne soient venus mettre fin à la politique d'isolement total mise en place par le shogunat.

La province de Amihama se retrouve ainsi partagée entre trois principales factions aux côtés desquelles le joueur pourra décider de se ranger tout au long du jeu. Au gré des aléas du scénario, l'occasion nous sera donnée à maintes reprises de nous rapprocher ou de nous éloigner des isolationnistes farouchement opposés à l'arrivée des Occidentaux, d'aider ou non le gouvernement shogunal à maintenir un semblant de paix sur l'Archipel, et de favoriser plus ou moins les échanges avec les étrangers. La neutralité reste bien entendu une option, tout comme la trahison, parfois involontaire ou non anticipée, chaque nouvelle décision pouvant mettre en péril les bonnes relations tissées précédemment. Voilà bien la force de Way of The Samurai 4 qui, certes, ne brille pas par ses qualités techniques, mais qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux en poussant le délire encore plus loin que dans les trois premiers volets. Si cette orientation n'est pas toujours du meilleur goût, nul doute que le cœur de cible sera touché par la profusion de situations absurdes dont regorge Way of The Samurai 4.

Après quatre épisodes successifs, la formule n'a quasiment pas changé, le déroulement de l'aventure étant toujours aussi propice à une totale liberté d'action et de choix. Chaque séquence illustrant un événement précis nous amène à prendre des décisions majeures qui influent directement sur la suite de l'histoire, ce qui n'empêche pas chacun de nos actes effectués en parallèle de dévier sensiblement la voie prise par notre personnage. La province de Amihama n'a beau comporter que 9 quartiers différents, on a pourtant rarement le temps de les explorer tous en une fois. Sachant que l'intrigue se développe en seulement cinq jours et qu'il se passe des choses différentes à chaque endroit selon le moment de la journée, il est clair qu'on ne peut pas être témoin de tout ce qui se passe en une seule partie. Le principe même du jeu reste bien évidemment d'en découvrir toujours un peu plus à chaque nouvelle session, une fin pouvant être obtenue en moins de deux heures lorsqu'on parcourt le jeu sans trop s'attarder sur les à-côtés.

Ce ne sont pourtant pas les missions secondaires qui manquent à l'appel, notre héros pouvant s'adonner à une multitude d'activités diverses en marge de l'aventure principale. Petits boulots, services rendus à des NPC, parties de pêche, ne sont qu'un échantillon de ce que nous propose le soft. On peut même tenter de développer notre propre dojo pour accroître notre réputation en enrôlant un maximum de disciples. La finalité reste néanmoins de réussir à débloquer tous les dénouements du jeu, chaque nouvel embranchement pris ayant le mérite de nous faire découvrir l'histoire d'un point de vue différent. N'oublions pas non plus qu'à chaque fin obtenue, notre statut de samouraï est évalué en fonction de nos agissements. Les points gagnés nous permettent de débloquer divers bonus visant à personnaliser de plus en plus notre expérience de jeu en modifiant par exemple l'apparence du héros. Tout ce qu'on a pu récupérer est gardé en mémoire, de manière à ce qu'on puisse en conserver une trace lors des parties suivantes. On peut ainsi retrouver tout notre équipement ainsi que nos armes, et les booster moyennant quelques passages chez le forgeron. Celui-ci n'est pas seulement capable de les réparer lorsque leur durabilité menace de les faire se briser, il peut aussi améliorer leur force et leur résistance, ou même carrément en concevoir de nouvelles à partir des pièces que vous lui aurez rapportées.

Si le déroulement du jeu, les choix narratifs et l'exploration des lieux n'ont pas foncièrement changé depuis le troisième volet, les combats en revanche ont gagné en technicité. Le héros pouvant adopter différents styles de combat selon qu'il se bat à mains nues, avec un sabre à lame inversée, ou avec une arme dans chaque main, les batailles peuvent se révéler assez tendues. Chaque style est susceptible d'évoluer à mesure que vous y avez recours, mais la base reste toujours d'anticiper la gestuelle de l'adversaire pour le repousser, briser sa garde ou lui faire perdre l'équilibre dans le but de contre-attaquer. Lorsque la jauge de «spring harvest» le permet, on peut entrer en transe pour gagner en puissance et en rapidité le temps de quelques secondes, au risque de se retrouver vulnérable une fois les effets dissipés. Autre nouveauté propre à cet opus, il est désormais possible de s'infiltrer discrètement chez une dame la nuit venue pour se glisser dans son lit après lui avoir déclaré sa flamme. Concrètement, vous devez d'abord trouver les mots qui vont bien, puis pénétrer furtivement chez elle en neutralisant les résidents indésirables avant d'arracher violemment la couette sous laquelle se cache la demoiselle. Un délire totalement assumé de la part des développeurs qui ont osé aller encore plus loin en proposant carrément des séances de torture sous forme de mini-jeux lorsqu'on a le malheur de tomber entre les mains des sœurs Kinugawa.

L'intérêt du soft résidant clairement dans sa rejouabilité, il faut savoir que certaines actions accomplies dans une partie sont susceptibles d'altérer considérablement le déroulement des parties suivantes. Par exemple, si vous menez à bien la construction d'une école linguistique avant d'obtenir un dénouement, vous pourrez ensuite dépasser la barrière de la langue et communiquer avec les étrangers, ce qui n'est pas possible autrement. Cela touche également d'autres types de structures, mais il faut garder à l'esprit que les conséquences ne sont jamais que positives. Enfin, le titre propose une option online qui consiste à charger les données de votre personnage pour qu'il vienne défier les autres joueurs dans leurs propres histoires. En cas de victoire, on peut s'emparer de toutes les armes possédées par l'envahisseur, ou plutôt d'une copie de ses armes puisque celui-ci les conserve heureusement en cas de défaite de son personnage. Pour peu qu'on accroche au concept de Way of the Samurai 4 et à son gameplay si particulier, l'expérience de jeu reste franchement appréciable.