Il y a déjà plus de vingt ans, Infogrames proposait une adaptation aussi surprenante qu'intéressante de la bande dessinée Les Tuniques Bleues de Lambil et Cauvin. Au lieu de concocter un jeu de plates-formes comme l'exigeait la mode de l'époque, voilà que l'éditeur décide de réaliser un jeu de stratégie proche du jeu de société Risk. Les règles sont simples et se retrouvent pratiquement conservées à l'identique dans la version iPhone qui nous arrive aujourd'hui. Les joueurs décident du camp qu'ils souhaitent représenter, l'Union au nord ou la Confédération au sud, avant de se livrer bataille à tour de rôle sur une carte des Etats-Unis. Pour cette version iPhone, il convient de remplacer le pluriel de la phrase précédente par le singulier puisque l'option deux joueurs a malheureusement sauté. La conquête de l'Amérique se fera donc en solo, face à une intelligence artificielle plutôt retorse suivant le niveau de difficulté choisi. A ce propos, il est toujours possible de modifier la date de début de partie (de 1861 à 1864), ce qui influe là aussi sur le degré de difficulté puisque les forces en présence seront déjà en possession de plus ou moins d'états selon le calendrier historique.

Dans les grandes lignes, Les Tuniques Bleues se joue comme Risk. L'un après l'autre, chaque camp tente de grignoter et de contrôler de nouveaux états sur la carte. A chaque tour, il est possible de déplacer ses unités armées vers un état voisin. Si le territoire est vide, il est automatiquement mis sous notre contrôle. Si au contraire, une unité adverse s'y trouve déjà, la bataille s'engage. Les affrontements prennent la forme d'un petit jeu d'action dans lequel on envoie ses bataillons tenter d'anéantir les troupes ennemies. Au début de la partie, chaque armée se compose de fantassins, de canonniers et de cavaliers mais au fur et à mesure des rixes, les unités disparaissent et il n'est pas rare de voir une unité ne compter plus que de deux ou trois pelés encore debout. Durant les batailles, tout se fait très simplement. Il suffit de toucher le bataillon voulu puis de lui indiquer sa cible pour qu'il aille au casse-pipe. Si cela n'a pas toujours une incidence folle sur le déroulement des affrontements, il est aussi possible de modifier la formation d'une troupe. Pratique pour passer en file indienne sur un pont si le cas se présente.

Sur la carte générale, quelques états se distinguent par la présence de forts. Il y en a cinq en tout, reliés par autant de lignes de chemins de fer. En possédant deux forts continus, la voie ferrée est également à nous, le train renfloue alors nos caisses au début de chaque tour. L'or engrangé permet d'acheter de nouvelles unités, d'augmenter le nombre de boulets de canon ou encore de se protéger contre divers types d'attaques durant un certain temps. Le contrôle des forts est donc primordial dans la course à la victoire et pour s'emparer d'un fort, il faut bien évidemment faire parler la poudre. Contrairement au jeu originel où la prise d'une place forte s'apparentait à une petite section de beat'em all en vue de profil, la nouvelle version du jeu propose un mini-jeu de tir. Que ce soit pour attaquer un fort (ou pour en défendre un d'ailleurs), vous verrez votre personnage planqué en bas de l'écran, qui devra dégommer de 10 à 15 gus pour sortir victorieux de la séquence. Les attaques de trains sont aussi possibles, et on se retrouve cette fois à cheval à galoper pour rattraper la locomotive tout en évitant de nombreux obstacles.

Si la stratégie est, et reste bien au cœur du gameplay, les phases d'action ne sont donc pas à négliger pour s'assurer la victoire de la guerre. Cela dit, pour les réfractaires du genre, il est possible de trafiquer les options pour régler le moindre conflit aux dés. De la bataille pour le contrôle d'un état, à l'attaque d'un fort ou la charge d'un train, tout peut être décidé par de simples lancers de dés. Dans les options, il est également possible d'activer ou non l'orage (qui paralyse une unité pendant un tour), la présence des Indiens et des Mexicains (qui peuvent aléatoirement décimer une unité) ou même l'arrivée de renforts maritimes pour qui possède le port en Caroline du Nord. Grâce à toutes ces options, chacun peut donc facilement configurer une partie sur mesure selon ses envies ou le temps qu'il a devant lui, ce qui fait des Tuniques Bleues – Nord vs Sud, un parfait compagnon pour tuer le temps sur son smartphone. Pour ne rien gâcher, la réalisation, propre et toujours pleine d'humour, donne un petit coup de jeune à cet illustre pionnier du jeu de stratégie.